
Ainsi s’est publiquement exprimé, le week-end écoulé, le président du Front uni de l’opposition pour l’alternance, Jean de Dieu Moukagni Iwangou, au lendemain de sa nomination au poste de Ministre d’Etat, Ministre de l’Agriculture et de l’Entrepreneuriat agricole, chargé de la mise en œuvre du programme Graine. Propos livrés dans la salle de conférence du siège de l’Union du peuple gabonais, UPG, sis au quartier Glass, à Libreville. Un siège social qui a affiché « full » à l’occasion : « Mon refus doit être votre refus de ce régime qui nous avilit et qui doit être destitué. Mon refus est un appel à une réelle mobilisation. Mon refus doit sonner la charge de la libération du peuple. Mon refus doit être un appel à l’unité du peuple gabonais, impatient de voir se réaliser le changement que nous attendons tous depuis 47 ans de règne sans partage du système Bongo-PDG ».

Cette attitude, soulignait le président du Front de l’opposition, s’inscrit en totale cohérence avec ses convictions personnelles, et avec celles du regroupement politique dont il est membre. Allusion au front uni de l’opposition pour l’alternance, qui symbolise aux yeux de l’opinion, l’alternance crédible au pouvoir.
En patriote convaincu, Moukagni Iwangou a réitéré son attachement aux valeurs démocratiques et à l’éthique du pouvoir, tout en rangeant son invitation au gouvernement, dans le contexte de déni de démocratie en cours au Gabon, dans le registre de l’insulte aux valeurs. Prise de position notamment motivée par le refus catégorique du pouvoir d’accéder aux préoccupations de dialogue national sans exclusif exprimées par l’opposition, des partisans du pouvoir et des acteurs de la société civile. Des discussions qui visent à exorciser les maux qui font obstacle à l’expression démocratique dans le pays. Dans le cadre de ses propositions à ce tour de table, le Front uni de l’opposition pour l’alternance met à disposition un agenda-cadre qui prend en compte la réforme du cadre institutionnel. Agenda-cadre qui vise, en somme, à parvenir à la transparence électorale, carence à l’origine de hold-up électoraux qui sont légion et favorisent le maintien au pouvoir du clan Bongo contre la volonté du peuple, depuis un demi-siècle. Ebauche qui disqualifie au passage le Conseil national de la démocratie, CND, comme cadre propice au dialogue, du fait notamment d’exclure au débat la société civile, acteur incontournable aux discussions. Mieux, de ne point prendre en compte des personnalités impliquées, à l’instar d’Ali Bongo Ondimba, qui n’est pas un Parti politique, mais qui fait pourtant partie du mal national de par sa position de président sans papier.

Reconnaissant à l’endroit du peuple qui s’est spontanément mobilisé en soutien à la démarche, Jean de Dieu Moukagni Iwangou a exprimé sa gratitude : « J’ai parfaitement compris le message du peuple. Pour cela, votre message, exprimé de la manière la plus manifeste, m’a donné encore, plus qu’avant, des raisons de me battre pour un combat : celui de la bonne gouvernance qui consiste en la transparence dans les procédures »
Pour Jean de Dieu Moukagni Iwangou, ces moments doivent constituer le ciment d’une nouvelle espérance qui scelle définitivement le mariage de raison entre le peuple et ses leaders, en vue de libérer le pays du joug Bongo-PDG.
Paul Davy
Article publié le 14 septembre 2015