

Par : Jonas MOULENDA
Monsieur le Président,
Je viens, à travers cette philippique, aborder la question du nouveau gouvernement rendu public vendredi dernier par le Premier ministre, le Pr Daniel Ona Ondo. Ne m’en voulez pas de m’y appesantir un tant soit peu. « Le jour où meurt l’éléphant, on ne parle que de l’éléphant », disait mon grand-père.
Comme bon nombre de citoyens qui ne sont pas aveuglés par vos friandises, je constate, avec regret, que votre Premier ministre et vous n’êtes que des blancs-becs. Comment pouvez-vous nommer au gouvernement des personnalités qui n’ont pas au préalable donné leur quitus ? C’est un acte digne d’amateurs politiques. Vous avez de nouveau donné du grain à moudre à vos contradicteurs. Mon aïeul disait : « Qui rame à contre-courant fait rire les caïmans. »
Dans des pays sérieux, dirigés par des gens sérieux, la nomination d’un citoyen au gouvernement fait d’abord l’objet d’une consultation. Elle ne se fait pas sans son blanc-seing. Vous avez ipso facto démontré que vous avez du mépris pour les autres cadres et que vous les prenez tous pour de petits lapins affamés à la recherche de la carotte. Pourtant, tel n’est pas le cas. « Le mouton qui bêle n’a pas soif », disait mon papy.
Si messieurs Jean de Dieu Moukagni Iwangou et Robert Endamane nourrissaient des appétits pécuniaires boulimiques, comme vous, ils auraient accepté les postes que vous leur avez proposés au sein du gouvernement digne d’un orchestre de campagne pour l’élection présidentielle de 2016. Mais en hommes intègres et madrés, ils ont décliné vos offres aux allures de cadeaux empoisonnés. Mon grand-père disait: « On ne prend pas un pagne plié. »
Vous auriez feint de vitupérer le Premier ministre, après ce couac, le sommant de vous présenter, dans les meilleurs délais, un gouvernement complet, après le refus de nos deux chers compatriotes d’y entrer. Vous êtes un véritable comédien de qualité médiocre ! Vous êtes l’artisan de ce micmac et vous voulez faire porter la responsabilité à votre collaborateur. Finalement, je donne raison à mon aïeul qui disait que « quand le vieux pète, il accuse le petit ».
Quoiqu’il en soit, vous portez seul la responsabilité de ce nouvel échec et de la raillerie qui en résulte. A travers votre acte sordide, vous avez non seulement voulu diviser l’opposition, mais aussi prouver à l’opinion internationale que vous avez formé un gouvernement d’ouverture, afin d’échapper au dialogue social tant réclamé. C’est parce que vous avez la guigne que votre plan n’a pas marché. Mon papy me faisait comprendre que « le malchanceux trouve l’os dans un plat de tripes ».
Vous devez vous remettre en cause pour voir ce qui ne va pas chez vous. Il y a vraiment lieu de faire une introspection. Depuis que vous avez pris le pouvoir par la force, rien ne marche. Le comble est que vous n’écoutez pas les conseils des personnes avisées. Vous préférez vous référer à la bande de pignoufs qui vous entourent. Mais c’est en partie à cause d’eux que votre gouvernance est si décriée. « Le chat qui porte les moufles n’attrape pas les souris », m’expliquait encore mon grand-père.
Des profito-situationnistes vous ont fait croire qu’ils « maîtrisaient »Jean de Dieu Mouakgni Iwangou et Robert Endamane et qu’ils auraient réussi à les convaincre de devenir vos nouveaux serviteurs serviles. Vous avez aussitôt affiché une joie béate, allant jusqu’à publier sur vos pages Facebook et Twitter un message d’autosatisfaction. C’est vous qui devenez ridicule aux yeux de vos concitoyens. C’est l’illustration de votre méconnaissance de l’appareil étatique. Mon aïeul disait: « Seul un étranger va boire de l’eau dans un étang où est mort un chien. »
Au-delà de cette nouvelle erreur de casting, il se pose un problème de pléthore de ministres au sein de votre fameux gouvernement. Quarante personnes, c’est trop ! Notre pays a des difficultés de trésorerie et il n’est pas opportun d’augmenter les charges de l’Etat. Même si vous prétendez que les membres du gouvernement ne perçoivent plus grand-chose, le peuple ne vous croira pas. « Pour la fourmi, la rosée est une inondation », disait mon papy à la sagesse avérée.
Monsieur le Président, il n’y a que dans une république bananière, comme celle que vous vous employez à instaurer au Gabon, qu’on voit une telle folie dispendieuse. Si vous étiez mû par la volonté de soulager les caisses de l’Etat, vous n’auriez pas formé un gouvernement pléthorique. Votre volonté de réduire le train de vie de l’Etat s’apparente à un véritable mythe de Sysiphe. A force de berner le peuple, personne ne vous croira. » C’est au village des aveugles que le lépreux vend les beignets », aimait à dire mon grand-père, grand sage de son époque.
Article publié le 15 septembre 2015