
S’achemine-t-on vers un dénouement de l’affaire Onaîda Maîsha Bongo ? Cette dernière avait demandé devant la justice française l’acte de naissance de son demi-frère et président Ali Bongo dans le cadre de la succession de leur père décédé en 2009. Un document d’état civil qui fait l’objet d’une controverse sur les origines du demi-frère d’Onaîda Maîsha Bongo. Le 22 octobre dernier, nous apprenons que le ministère public a jugé la demande de l’héritière « juridiquement recevable mais mal fondée » et a demandé son rejet. Le délibéré est prévu le 12 novembre prochain.
Me Dumont-Beghi, l’avocate d’Ali Bongo, juge la demande de la jeune héritière de 25 ans irrecevable. « Tout d’abord la jeune fille se trompe de juridiction parce qu’elle tente en saisissant le juge de l’état civil d’obtenir un document qu’elle ne peut pas avoir. Nous avons des lois en France très claires. Elle n’est pas habilitée à faire une telle demande », explique-t-elle avant de poursuive. « La deuxième chose, c’est qu’elle tente par cette demande de faire polémique sur la naissance d’Ali Bongo Ondimba, fils de son père Omar Bongo Ondimba. Si elle considère qu’aujourd’hui, elle peut contester au bout de six ans d’ouverture de cette succession, qu’elle le fasse devant la juridiction de Libreville, ce qu’elle ne fait pas ».
De son côté, l’avocat de l’héritière indique avoir réclamé à plusieurs reprises, à l’administrateur de la succession, au Gabon, la photocopie intégrale de l’acte de naissance, en vain. La procédure devant la justice française est tout à fait régulière précise Me Eric Moutet, qui récuse toute visée politique. « Le décret de 1962 prévoit que les autres personnes, sous contrôle du procureur de la République, peuvent si elles justifient d’un motif légitime avoir accès à l’intégralité de l’acte. Donc la légitimité du motif, pour nous, réside dans la qualité d’héritier de ma cliente, [et] du fait qu’il y a quand même des éléments troublants dans cette succession », explique-t-il.
L’avocat d’Onaîda Maîsha Bongo précise encore que « ce n’est pas seulement l’acte d’Ali Bongo que nous poursuivons dans cette succession, c’est la communication de tous les documents, de l’intégralité des éléments de cette succession que nous n’avons pas. Et on bataille pour les obtenir. Donc cet acte de naissance n’est qu’un élément parmi tant d’autres que nous cherchons à obtenir pour avoir une connaissance normale d’héritier dans le cadre d’une succession qui est extrêmement complexe».
La juridiction de Libreville est-elle capable de gérer cette demande, quand on connaît la collusion qui existe entre la politique et la justice au Gabon ? En fin septembre, Maitre Lydie Relongoué faisait savoir qu’Ali Bongo avait remis son acte de naissance sans nous dire de quel acte de naissance est-il question, car il nous en a servi plusieurs. D’abord, en 2009, il a présenté celui signé par Akassaga, à l’époque maire du troisième arrondissement de Libreville. C’est celui-là qui a été introduit dans son dossier de candidature à l’élection présidentielle d’août de la même année. Ali Bongo avait reconnu lui-même, lors d’un entretien avec Alain Foka, que l’acte de naissance sujet à caution était un faux. Ensuite, en 2013, un acte de naissance établi à Brazzaville, sur du papier buvard mal trafiqué, fut présenté. Enfin, en 2015 à Nantes, c’est un « extrait délivré selon procédé informatisé » qui est présenté à la face du monde.
Par ailleurs, des indiscrétions font savoir que maitre Relongoué a été traduit en justice par Ali Bongo qui l’accuse d’avoir divulgué à la presse des informations relatives à la succession.
Au Gabon, la justice, incarnée par des magistrats, est tenue au collet par l’exécutif. Les institutions sont au service exclusif du président de la République. Toute chose qui démontre que la justice de notre pays est aux ordres.
Imony Kombile Giowou
Article publié le 28 octobre 2015