

Par : Paul Davy
Depuis son arrivée à la tête du département de la communication, Alain Claude Bilié Bi Nze se complait à jouer à faire peur, dans une posture de père fouettard, au point de nourrir le projet ‘’journalisticide’’ d’encaserner les professionnels, quitte à marcher sur la loi.
Droit dans des rangers de chef de guerre, l’homme se comporte en véritable général dont la volonté a caractère de loi. Sa première offensive payante a été une expédition punitive sur l’émission véhiculant la pluralité d’opinions, Débat de presse, animée sur les antennes de Gabon Télévision par Sylvain Abessole. Des tirs d’obus nourris, à l’actif des sbires du général de service, ont permis de neutraliser les ‘’Kamikazes’’ et autres habitués des maquis de la politique, parfois invités sur le plateau de télévision, et dont la liberté de ton dérange vraisemblablement. Il fallait donc pour Alain Claude Bilié Bi Nze, allez vite, très vite, dans une opération de musèlement des empêcheurs de tourner en rond, qui pourraient prendre pied sur cette tribune à grande audience pour charger en temps utile le candidat du Mouvement gabonais des amis d’Ali Bongo Ondimba, Mogabo. Un interventionnisme qui n’est pas fortuit, quand on sait que l’on s’approche, à pas de géant, de la présidentielle de l’année prochaine. Et c’est le cas de parler de mission accomplie.
Galvanisé par ce succès qui tord le cou à la libre circulation des intelligences sur les médias publics, AC, pour les intimes, se sent plus que jamais poussé les ailes, au point de croire désormais pouvoir personnifier la loi, voire le code de la communication adopté par le parlement. Signe des temps, son acte de masturbation intellectuelle visant à redéfinir, sur le conseil de son imagination fertile, les nouveaux critères encadrant l’exercice de la profession de journaliste. Emporté par une « inspiration émergente », l’homme pond un communiqué, diffusé en boucle sur les ondes de radio Gabon, dans lequel il conditionne l’exercice du métier à la détention de la carte nationale de presse. Sacrilège !
Voici un ministre de la communication à l’intelligence débordante, qui décide de s’asseoir sur le code de la communication scellé du quitus du législateur, pour imposer sa volonté. Evangile selon Saint Alain Claude de Makokou, toute personne non détentrice de la carte nationale de presse perd, de fait, le statut de journaliste en république gabonaise. Emergence, quand tu nous tiens !
AC gagnerait à ranger ses biceps pour les vrais chantiers, notamment celui de la viabilisation de l’environnement de travail dans les médias publics en priorité, plutôt que de tenter de vouloir mener des journalistes libres à la baguette.
Dans le projet de dépoussiérage du code de la communication encore en vigueur, la dépénalisation du délit de presse est cyniquement accompagnée par d’amendes financières étranglantes, dans le but de précipiter les maisons de presse à la faillite. Le nègre de service, AC, se jette à cœur joie dans cette bataille visant à infantiliser la presse libre et indépendante.
Article publié le 21 octobre 2015