
Par : Désiré Ename
Nous assistons, depuis 2009, à des démissions en série d’anciens barons du système-Bongo. Cette tendance s’est amplifiée en 2014, avec la sortie de Jean Ping, au début du mois de février. A enchaîné Jacques Adiahénot, le 6 mars, appelant à la formation d’un front de l’opposition. D’autres, qui avaient tissé une alliance circonstancielle avec ce système, comme Pierre Amoughe Mba, en mai, et Didjob Divungi Di Ndinge, en décembre, suivront. Certains autres, dans le silence des initiés, s’en sont démarqués. Puis en 2015, la sortie retentissante de René Ndemezo’o Obiang et la toute récente et certainement la plus emblématique, celle de Jean François Ntoutoume Emane, homme de conviction.
A « Echos du Nord », nous n’avons jamais eu de cesse de souligner que chacune de ces sorties était une réponse aux aspirations du peuple gabonais, avide de changement et non pas de recomposition ou de restauration. Mais surtout avide de rompre avec le système-Bongo. La volonté des Gabonais, c’est cette rupture avec les symboles de ce système que sont l’argent ; la manipulation des consciences ; la malveillance ; le panurgisme ; l’infantilisation; la corruption ; le chantage, etc.
Que chacun d’entre nous ferme les yeux et cherche dans le tréfonds de sa mémoire à revisiter le jeu du marionnettiste Omar Bongo Ondimba. Actionnant à sa guise ministres et autres collaborateurs. Ceux dont il apprenait quelque bouderie ou sur qui se tissait un dossier de détournements des deniers de l’Etat affectés, par exemple, à la construction d’un hôpital dans leur province, ce n’est pas la justice qui l’attendait. Mais la possibilité d’en commettre plus. Pas étonnant que les tiroirs de la Commission contre l’enrichissement illicite explosent de dossiers. Ce système assis sur l’impunité doit finir.
L’argent a été le dénominateur essentiel de ce système, non pas pour servir le développement, mais pour perpétuer l’Etat-malveillant. La méfiance était développée entre différents collaborateurs, pendant qu’OBO se satisfaisait de petites intrigues qui les dressaient les uns contre les autres. Hissant au sommet tel roitelet dans sa province, rabaissant tel autre et attisant la jalousie d’un autre. Ou encore, alignant des promesses de postes à venir. Nous ne nous attarderons pas sur le mode de production de cet Etat, essentiellement axé sur la cueillette et la redistribution de quelques prébendes entre quelques affidés. C’est ce mode de gestion des hommes où la valeur est reconnue au plus médisant qui impose la rupture.
« Echos du Nord » dénonce les travers de ce système. L’argent avec son corollaire d’achat des consciences ne peut plus être un facteur central dans le jeu politique. La valeur cardinale est l’homme, maître de ses choix et de son destin. C’est son épanouissement qui est à rechercher et à promouvoir à travers l’éducation et la formation de l’esprit principalement. Mais le débat est faussé lorsqu’on pense le manipuler et l’orienter parce que certains veulent asseoir l’ordre qui leur convient et certainement faire oublier ce qui a été arraché aux Gabonais et qui, légitimement, devait leur revenir : les immenses richesses de ce pays, devant permettre d’asseoir des performances et l’équité. Afin d’aboutir à une société plus juste et dans laquelle le respect mutuel est la norme. Ce n’est pas une simple utopie, c’est ce modèle de société qu’ont bâti les pères fondateurs de la République gabonaise.
La rupture avec le système-Bongo, dans ce qu’il a de plus mesquin, impose le retour aux valeurs essentielles qui consolident la marche des hommes qui, à leur tour, définissent des objectifs communs et un destin commun. Elle impose de renouer avec ces valeurs que sont la vérité, la sincérité, la loyauté, et la confiance. Là-dessus, nous n’aurons de cesse de louer la bravoure de jeunes étudiants gabonais qui sont restés fidèle à la vérité de leur combat depuis 2012. Ces jeunes, Nicolas, Blancpain, Ballack, Firmin et leurs amis, offrent aux Gabonais et notamment à nos hommes politiques une leçon : à savoir que dans nos batailles l’éthique est possible. Et que la vérité, la sincérité, la loyauté, et la confiance doivent en être au fondement. Ils sont restés constants et unis dans leur revendication soutenus par ces valeurs. Ce sont ces valeurs pour lesquelles on se battra toujours à « Echos du Nord ». Nous vous le prouvons depuis dix ans à travers une ligne éditoriale constante. Nous n’empêcherons pas des contradicteurs d’en dire autrement, à condition qu’ils nous fassent la démonstration sur des sujets sensibles qu’on aurait esquivés ou mis sous l’éteignoir.
Nous parlons des valeurs. Pour citer un modèle : André Mba Obame. Pour dire que c’est pour la sincérité de son acte de contrition devant le peuple gabonais que nous l’avons soutenu. Et c’est parce qu’il a prouvé à tous qu’il renouait, à travers cet acte de contrition, avec ces valeurs que jusqu’à la dernière goutte de son encre, « Echos du Nord » solidifiera sa mémoire et la rendra toujours vive. N’en déplaise aux pourfendeurs, sur qui nous pouvons avoir tant à écrire. AMO a eu de gros moyens pour asseoir sa politique, mais on ne lui connaît pas d’anecdote dans l’opposition où il a mis en avant ses moyens pour exiger la première place. Sa capacité à convaincre de sa vision était l’unique moyen par lequel il rassemblait et ratissait large. Et c’est parce qu’il avait une vision pour ce pays qu’il a été porté par tous. Le peuple n’est pas dupe. L’argent n’était pas en jeu.
Qu’importent les insultes que nous avons essuyées toute la semaine dernière. Parfois débordant le cadre objectif et la mesure que tout être sensé doit avoir en s’adressant à l’autre. A cela, nous répondons que notre engagement à « Echos du Nord » est une quête permanente d’une liberté d’expression totale. Nous y avons consacré nos vies. Parfois au point de les mettre en péril. C’est donc pour cette liberté de ton, même si elle est injurieuse, que nous nous battons. Insultez, insultez, et insultez encore ! Là n’est pas notre problème. Bien au contraire, nous nous réjouissons de voir fleurir tant de liberté d’expression, tant sur les réseaux sociaux que dans les chaumières. Que même si des confrères entrent tête baissée dans cette foire, nous garderons toujours cette ligne traditionnelle des défenseurs des libertés, et notamment de la liberté d’expression. C’est notre devoir et c’est notre engagement pour le Gabon.
Mais ce sur quoi nous ne transigerons pas, c’est la conviction qu’ont certains qu’ils peuvent redéployer le jeu des intrigues, la malveillance, les coups bas, la médisance, en somme l’Etat-OBO et son système, dans l’opposition. Ceux-là seront traités avec la même énergie que l’on déploiera contre ceux qui veulent mettre la liberté des Gabonais en cage. Là-dessus, ils pourront compter sur notre capacité de nuisance. Nelson Mandela disait : « Tout ce qui se fait pour nous, sans nous, est fait contre nous. » La route est longue. Très longue. C’est à bon entendeur !