Revenu en kiosque, il y a pratiquement cinq mois, après une longue agonie, l’avenir du quotidien d’information d’utilité publique, Gabon Matin, reste toujours incertain, à la lumière des récurrents problèmes de trésorerie auxquels fait face son éditeur l’Agence Gabonaise de Presse (AGP).
Gabon Matin doit-il finalement disparaitre du paysage médiatique national ? Les pronostics vont bon train dans la mesure où ce journal relooké (nouvelle maquette, nouvelle ligne éditoriale, valorisation de la province avec des suppléments dans l’environnement, l’économie numérique…) fait ombrage à son concurrent privé l’Union(Sonapresse), imprimé par Multipress et distribué par Sogapresse. Le droit d’exister du premier quotidien national n’a de commune mesure avec aucun autre média de presse écrite.
Pour de nombreux analystes chevronnés de la presse nationale, la rivalité ou la concurrence déloyale entre Gabon Matin et l’Union ne devrait pas se poser à ce jour. Puisque, non seulement le pluralisme mais aussi la compétition devraient être des sources d’émulation, en termes de qualité et de contenu pour les deux quotidiens qui existent aujourd’hui sur un marché concurrentiel d’environ 120 titres locaux.
Bien plus, la mort vraisemblablement programmée de Gabon Matin est soupçonnée d’être savamment entretenue par une certaine élite, censée promouvoir la saine émulation et cultiver l’esprit de compétition, de qualité du travail, de probité, etc.
Avec une ardoise de près de 800 millions de francs Cfa depuis 2010, on ne peut s’interdire de s’interroger sur la réelle productivité que l’on peut attendre de cet organe de presse publique. A quand l’ouverture d’une information judiciaire pour en savoir plus, sur les auteurs présumés de détournements tapis dans l’ombre ?
La question des effectifs pléthoriques, avec notamment une masse salariale estimée à près de 34 millions de francs Cfa qui grève lourdement le budget de fonctionnement de l’Agence gabonaise de presse, budget officiellement fixé à 400 millions de FCFA, met en exergue l’irresponsabilité de certains dirigeants qui se sont livrés à des recrutements hasardeux, ne tenant compte d’aucun plan de gestion des ressources humaines par objectif. Des tensions de trésorerie, de sources concordantes, sont également imputables à des recrutements sur fond de népotisme.
Les mêmes causes produisant les mêmes effets, les promoteurs de ce qui s’apparente à la mort programmée de Gabon Matin au profit du quotidien d’information, l’Union, ont toutes les raisons de se réjouir, dans la mesure où Gabon Matin ne paraît plus, faute pour l’AGP de ne pouvoir apurer sa dette de 128 millions de francs Cfa auprès de l’imprimeur Multipress. Ce dernier réaffirme sa volonté d’entrer dans ses fonds, avant d’envisager quoi que se soit.
La nomination de Jacques Sima à la tête de cette maison de presse, à en croire certaines indiscrétions, serait en réalité un cadeau empoisonné. L’objectif inavoué serait d’obtenir, par tous les moyens, l’éviction de Lin Joël Ndembet de la présidence du conseil d’administration de l’Agence Gabonaise de Presse.
Henri Gauthier
Article publié le 27 octobre 2015