Ali Bongo n’a rien compris à la République

ALI DORT
C’est constamment endormi que Bongo II se retrouve par effraction aux commandes du pays

Début novembre en cours, un communiqué paru dans le quotidien d’information «L’Union», invitant les personnalités de l’Estuaire à une réunion en vue d’une réception en l’honneur des ministres de la province, et des manifestations allant dans le même sens, à travers le pays (Akanda, Okondja, Tchibanga, etc.), a révélé que le chef de l’exécutif continuait à enfermer les ministres dans des carcans géopolitiques, qui fragilisent l’élan de construction nationale, disons, qui mettent à mal le sens la République.

S’il en était autrement, Ali Bongo n’encouragerait pas cela. Une preuve de plus qu’il a failli à la mission constitutionnelle de travailler pour l’unité nationale. Même si les gabonais ne l’avaient pas élu en 2009, ils s’attendaient au moins qu’il inaugure une gouvernance qui colle aux aspirations de l’Etat-nation et qui tranche avec les balkanisations. Résultat des courses, six ans plus tard, il n’est pas parvenu à instaurer la méritocratie.

Malheureusement, un membre du gouvernement est toujours ministre de sa province. Sinon de son ethnie, de sa ville d’origine, de son département, voire de son clan, pour le pire des cas. Ali Bongo lui-même a indiqué la voie à suivre. Adepte d’une gestion clanique, il célèbre les anniversaires de son accession par effraction à la magistrature suprême, avec les seuls militants du Parti démocratique gabonais (PDG).

Et, en lieu et place des couleurs nationales, le gâteau est plutôt aux couleurs de sa formation politique, le Parti démocratique gabonais, PDG. Une attitude qui trouve vraisemblablement son fondement dans le fait qu’il ne doit pas son pouvoir à la volonté des gabonais. Donc, pas étonnant que les mises en garde des observateurs sur les conséquences d’une telle posture n’aient trouvé d’oreille attentive.

Tout comme, le docteur en droit public, Ali Bongo, peine à assimiler le principe constitutionnel de la séparation des pouvoirs. Dernièrement, il n’a pas tergiversé à entrainer dans le sud du pays, la présidente du Sénat, Lucie Milebou Aubusson, originaire de la province de la Ngounié, pour y semer son projet Graine. En mars dernier, après sa cooptation à la tête du Sénat, elle s’était empressée d’aller faire allégeance au chef de l’exécutif, qui avait fait le pari de porter son choix sur «sa modeste personne ».

Comble de l’autoritarisme au sommet de l’Etat,  « le distingué camarade » allusion à Ali Bongo, le 1er juillet dernier, a convoqué les parlementaires PDG, leur enjoignant d’aller en guerre contre tous les empêcheurs de tourner en rond, avec dans la ligne de mire, les députés réunis au sein du courant Héritage et Modernité (H&M), en guerre frontale contre les pratiques rétrogrades érigées en mode de gouvernance par la hiérarchie de leur formation politique .

Henri Gauthier

Article publié le 17 Novembre 2015

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