Décès de Bérenger Obame Ntoutoume : «Nous offrons ce corps à l’État et qu’il en fasse ce qu’il veut», dixit la famille du jeune commerçant immolé

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Bérenger Obame Ntoutoume, brûlé au second degré

Le jeune commerçant de 28 ans a succombé à ses blessures le 6 novembre courant suite à un coma, après s’être immolé dans les locaux de la Préfecture de Police de Libreville, il y a quatre jours, excédé par le racket et les violences policières.

Lors d’un point de presse, la famille, sous le choc, a décidé de laisser le corps à la Police nationale. «L’enfant est mort. Ils l’ont considéré, je dirai, comme un méchoui. J’ai demandé à l’hôpital militaire de prendre cet enfant et de le remettre au commissariat central pour qu’ils mangent leur méchoui», s’est indigné son beau-père, Jean-Daniel Younga. «Nous offrons ce corps à l’État et qu’il en fasse ce qu’il veut». Un cadavre de plus dont le gouvernement d’Ona Ondo devra gérer. Car, nous n’oublions pas que le corps de Mboulou Beka, assassiné le 20 décembre 2014, se trouve toujours dans les mains des pouvoirs publics.

L’annonce du décès de Bérenger Obame Ntoutoume s’est répandue comme une trainée de poudre. Au marché Mont Bouët, certains commerçants ont rapidement baissé les rideaux à la suite de cette annonce. La police anti-émeute a renforcé sa présence dans le marché, ainsi qu’à l’Assemblée nationale qui devrait être le point de chute d’une marche interdite par le ministère de l’Intérieur. Le dit département ministériel n’a toujours pas fait de déclaration relative aux comportements déviants des forces de police, depuis le début de cette affaire

Brulé au second degré et atteint d’une infection pulmonaire qui nécessitait une prise en charge urgente et des soins lourds, le jeune homme n’a pas bénéficié des soins adéquats, signes patents ddu non arraimage de nos structures hosîtalières aux standards inetrnationaux, contrairement aux promesses électoralistes claironnées..

Etudiant en Licence de sociologie, Bérenger Obame Ntoutoume exerçait comme vendeur de friperie à l’ancienne gare routière. Ce qui lui permettait d’avoir une activité génératrice de revenu. Il se ravitaillait à Dubaï et au Cameroun. Sa marchandise n’a de cesse d’être confisquée et détruite par la police, comme ailleurs celle de bien d’autres commerçants.

Le vent de protestation et de revendication se fait de plus en plus glaçant à Libreville. Les victimes de la répression policière s’additionnent. Après le ras-le-bol des femmes commerçantes amenées à se dénuder, le tour est à ce jeune homme qui voulait simplement faire son modeste commerce dans la discrétion, et surtout de manière honnête. Mais, dans un pays où l’escroquerie est érigée en mode de gouvernance, il a voulu faire contagion de sa probité en refusant de se faire suborner par des flics pourris .

C’est la goutte de trop qui a poussé le jeune homme au suicide. Un acte désespéré, un ras-le-bol causé par les exactions des forces de l’ordre à l’encontre des commerçants. Cet acte de trop qui vient pour la énième fois heurter la conscience collective.

Cette immolation rappelle un fait : le 17 décembre 2010 à Sidi Bouzid (centre de la Tunisie), Mohamed Bouazizi se voit confisquer, encore une fois, son outil de travail (une charrette et une balance). Essayant de plaider sa cause et d’obtenir une autorisation ainsi que la restitution de son stock auprès de la municipalité et du gouvernorat provincial, il y est bousculé et se fait expulser des bureaux où il est venu se plaindre. Ce jour-là, les agents municipaux lui avaient confisqué son outil de travail et l’un d’eux l’avait giflé. Il s’est alors rendu à la municipalité, puis au gouvernorat pour se plaindre, mais il n’y eu personne pour l’écouter. L’administration ne marchait qu’à la corruption et ne travaillait que pour ses intérêts. Humilié publiquement, désespéré, Mohamed Bouazizi s’immole devant le siège du gouvernorat. Il est transporté à l’hôpital local, puis à Sfax, et enfin au Centre de traumatologie et des grands brûlés de Ben Arous, près de Tunis. Le décès de Mohamed Bouazizi est annoncé le 4 janvier 2011 à Ben Arous où il était hospitalisé.

Imony Kombile Giowou

Article publié le 7 Novembre 2015

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