

Par : Désiré Ename
Que de soucis pour sa petite majesté Ali Bongo Ondimba ! Dans toute cette panoplie, il n’y a vraiment pas de quoi trouver le sommeil. Ce, d’autant plus que des nouvelles qui fusent, sa petite majesté se donne de moins en moins ses airs d’homme rassuré qu’il présente à chaque sortie publique. Depuis le rendu du tribunal de première instance de Nantes, le « petit prince », pas de Saint-Exupery, mais d’un imaginaire « Bongoland », de ce qu’il se dit, est préoccupé par ce que serait le contenu du service central de l’état civil de Nantes. Décryptage, s’il en est besoin, sa petite majesté aurait donc des inquiétudes sur la nature des informations qui sortiraient du fichier de Nantes. Car il ne s’agira plus d’une information sans filiation. Mais bien d’un acte de naissance complet. Disons une copie certifiée conforme à l’original selon le procédé du jugement de naissance de la coloniale. C’est-à-dire un authentique document établi à la mairie de Brazzaville, en 1959, et signé du maire en fonction à la période de sa naissance.
Au cas où le document qui sortirait de Nantes aurait une trop forte ressemblance avec celui produit par « Le Monde », il n’éteindra pas la polémique. Car il sera plombé par les déclarations de sa mère, Joséphine Kama devenue Patience Dabany. Parce que Nantes, à ce moment, va remettre sur la table des questions auxquelles des réponses seront exigées. Notamment sur la prouesse scientifique qu’est la naissance par césarienne. Si elle connaît une évolution dès le début du 20e siècle, à quel moment cette prouesse scientifique a-t-elle été mise en valeur au Congo-Brazzaville ? Ce pays était-il un laboratoire pour son expérimentation…dès 1959 ? Et selon les propres déclarations de Patience Dabany, est-il possible qu’Albert Bernard Bongo, qu’elle dit avoir fait rechercher pendant les deux jours qui ont suivi la naissance de son fils Alain Bernard Bongo, né le 9 février 1959, ait pu signer une déclaration de naissance le lendemain, 10 février ? Et quelle force avait cette dernière, alors qu’elle venait d’accoucher par césarienne, pour quitter l’hôpital avec sa mère et ses sœurs fuyant les émeutes, et se rendre au camp militaire où se trouvait le père de Rock Onganga ? Nantes soulevant moult débats : celui du faux, du vrai-faux et du vrai ; celui de la falsification de l’histoire et la vérité historique ; enfin le débat relatif à cinquante ans de mensonges. Et là, les doigts pointent vers l’administrateur colonial. En vérité, Nantes, s’il faut ainsi désigner l’histoire épique de l’acte de naissance de sa petite majesté, demande que lève définitivement ce voile sur la vérité historique.
Comme Nantes, Héritage et Modernité (H&M) est la conséquence d’un autre mensonge. Sa petite majesté Ali Bongo Ondimba, s’il a eu la capacité de prendre le pouvoir par la force, aidé en cela par tout le PDG, les forces institutionnelles, et des forces extérieures, n’avait ni le potentiel, ni la capacité d’asseoir une gouvernance et l’impulser sur tous les plans. C’est-à-dire créer une dynamique de changement dans la gestion des finances et des hommes ; puis déployer une dynamique de développement et de modernisation du pays. La réponse à ce mensonge est ce qui a produit H&M. L’échec de sa petite majesté est patent. C’est ce que lui a rappelé H&M, qui revendique l’axe de la vérité. Des choix politiques aux choix d’hommes valeureux mus par l’intérêt national et non pas pécuniaire, il a échoué. En lieu et place, il s’est entouré de profito-situationnistes. Les chantiers qui devaient embrayer sa vision sont devenus de gros « chantiers inachevés ». A défaut d’une marina, le front de mer est orné d’une montagne de sable blanc. Le comble est cette maquette de métro, comme si des maquettes il en manquait. Quant aux finances publiques, le désordre est criant. D’anciens maîtres-assistants à la faculté de droit de l’Université Omar Bongo viennent de battre des records d’enrichissement inouïs. C’est ce gang de profito-situationnistes que H&M a dénoncé le 27 juin dernier. En plus de faire constater que le système érigé par sa petite majesté menace le vivre-ensemble qu’il faut sauver, pour que celui-ci ne sombre pas dans le chaos total. A côté de la nécessité de revoir les textes qui régissent l’ex-parti des masses, H&M appuie les revendications essentielles de la société civile regroupée autour du collectif « Ça suffit comme ça » qui, dès 2010, a sensibilisé les acteurs politiques aux réformes politiques urgentes qui donneraient de la crédibilité aux institutions. Notamment la première de toutes : la présidence de la République. A H&M, sa petite majesté a servi un mensonge. Mais, il vient d’être rattrapé par deux faits non négligeables : le communiqué final du Conseil national de la démocratie (CND), qui vient de demander des élections à deux tours, la mise en place des conditions d’une élection crédible, dont un fichier électoral crédible, et un dialogue inclusif. Donnant raison à H&M. Le deuxième fait est la fronde des francs-maçons. D’aucuns voudraient y voir une fronde conduite par des maçons sans grades, sans envergure et donc sans grande influence. L’on comprend très vite de quel camp des deux groupes en désaccord cet argument provient. Il reste qu’il y a une dissonance affirmée dans ce groupe et l’avenir nous en dira sur la qualité de ceux qui conduisent ce groupe « Cosmos » qui a décidé de s’opposer à sa petite majesté affublé du titre de grand maître de la maçonnerie gabonaise. Si cette crise ne reposait pas sur les valeurs morales, on comprendrait qu’il s’agit de quelques maçons aigris.Voilà ce qu’on appelle une fin de règne mouvementée.
Article publié le 16 Novembre 2015