EDITORIAL : On en a assez !

Posté le 09 Nov 2015
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Désiré Ename

Désiré Ename

Par : Désiré Ename

Qu’a dit notre confrère « La Loupe » ? Simplement que le Gabon court un danger avec la vague d’immigration qui dépasse les normes. Pour cela, il s’est appuyé sur un rapport de la Direction générale de la documentation et de l’immigration (DGDI). Ce rapport, vu les termes, tirait la sonnette d’alarme sur la situation de l’immigration au Gabon. Puis dans le fil de l’article, il énonce les préconisations de la DGDI. En substance, la saisine du gouvernement, l’ensemble de la classe politique, afin d’en débattre. Puis le rédacteur brode quelques constats autour des éléments dudit rapport. Qu’il note, par exemple, des détails sur les exhortations « extrémistes » dans certaines mosquées. Notre confrère en déduira un danger eu égard à la montée de « l’Etat islamique ». Ainsi va l’article qu’il conclut par une simple boutade somme toute risible et qui sonne comme une Arlésienne, à savoir le pays d’Ali Bongo, Maixent Accrombessi et on en passe. Rien dans cet article ne constitue ni un « trouble à l’ordre public » ni « une violation de la Constitution », comme l’a étalé le ministre de la Communication dans son intervention au nom du gouvernement de la République. A telle enseigne que lui, Billie By Nze, membre du gouvernement, va entrer dans la peau du magistrat, seul compétant pour qualifier les faits. Vraiment énorme.

Et pourtant, une communication identique et certainement plus virulente que ce que le confrère «  La Loupe » a écrit a été faite par le secrétaire général du Conseil national de sécurité (CNS), Laurent Nguetsara Lendoye. Elle avait déjà paru dans les colonnes du quotidien « L’Union », l’an dernier et cette année encore. Rafraîchissons donc la mémoire au petit étudiant revanchard du Syndicat des étudiants gabonais (SEG).

Dans une tribune au quotidien « L’Union » du jeudi14 au dimanche 17 août 2014, Laurent Nguetsara Lendoye disait ce qui suit : « Il ressort que la croissance de la population immigrée au Gabon se développe plus rapidement que celle de la population autochtone ; et que son nombre a dépassé le taux de 17% de la population nationale, alors que les normes moyennes internationales se trouvent entre 5 et 7%. D’où la nécessité de mettre en application des mesures aussi bien législatives et réglementaires qu’opérationnelles. »

Dénonçant le fléau, il donnait les causes de ce désordre, affirmant que : « L’intervention intempestive des autorités administratives contribue à favoriser l’organisation des filières susceptibles de faciliter la délivrance frauduleuse de cartes d’identité nationale délivrées par les services de police et de gendarmerie, à l’aide de faux jugements supplétifs établis par les maires et préfets complaisants, des certificats de nationalité fournis sans grandes vérifications par certains présidents des tribunaux, à des ressortissants étrangers. » Laurent Nguetsara Lendoye, conscient de sa responsabilité, reviendra dans une autre tribune, celle-là plus récente (« L’Union » des10-11 octobre 2015) pour dire que : « Le Gabon a su, dès son indépendance, se doter d’une législation pour protéger son peuple et les intérêts vitaux de la jeune nation. Cette législation est la traduction juridique du slogan GABON D’ABORD du président Léon Mba, père de l’Indépendance (…). Et Gabon d’abord n’est pas un slogan xénophobe ». Il ajoute que : « Sujet complexe et difficile, il ne saurait laisser aucun Gouvernement indifférent (…) Son traitement doit éviter tout discours politiquement correct comme ont voulu le faire les Etats européens (…). En même temps, le Gouvernement responsable ne peut pas, pour autant, ne pas prendre en compte les inquiétudes de ses citoyens.» Inquiétudes relayées par le rapport de la Documentation. Inquiétudes qu’en guise d’information a rapportées « La Loupe ». Pour enfin interpeller sous forme de boutade Ali Bongo et sa suite dans la finale de l’article.

Le ministre de la Communication, descendu sans ménagement de son piédestal de porte-parole du président de la République, pour se retrouver dans un parc gouvernemental, ne se gênera pas de tricher pour mieux confondre « La Loupe ». Pour fait : « En outre, affirme-t-il dans son communiqué, l’auteur de l’article précise ’’ il est urgent de tirer la sonnette d’alarme. Ailleurs, cet abus de pouvoir est réglé avec des bombes et autres actions kamikazes. Heureusement ou malheureusement, les Bongo ont réduit des Gabonais à des êtres qui ne savent nullement fabriquer une bombe », puis d’ajouter, « Je cite à nouveau, Récemment en France, un avocat a tiré sur un bâtonnier, avant de se donner la mort. Rien n’exclut que dans notre pays, le recours au calibre 12 ne soit une solution ultime pour régler l’abus de pouvoir. » Ce paragraphe n’existe nullement dans l’article incriminé. Il s’agit ici d’un morceau de l’éditorial de « La Loupe », signé de Roger Alanga, qu’il a collé à un morceau de l’article incriminé. Sa ratatouille ainsi concoctée avait pour but d’amplifier et d’extrapoler le fait, afin d’obtenir ce qu’il a appelé dans ce communiqué habillé d’un pseudo-juridisme « des propos d’une extrême gravité ».

En somme, le ministre de la Communication a falsifié, à dessein, l’article de « La Loupe » pour se donner des arguments de poids dans la seule intention de nuire. Cela s’appelle un montage. Mais pire, c’est user de faux. L’histoire chez cet homme est décidément un perpétuel recommencement. Après les faux chèques qui l’ont conduit à Gros-Bouquet, le voilà qui s’illustre à nouveau par la fabrication d’un faux grossier, pour meubler son communiqué et obtenir la condamnation de « La Loupe ». Un procureur de la République devra en tenir compte et faire examiner ce membre du gouvernement qui cherche à tromper la justice. En réalité, il n’y a là qu’acharnement et volonté de règlement de comptes personnels en se servant des attributs de ministre de la Communication dont il est paré. Le petit étudiant vindicatif n’a toujours pas réussi à quitter l’arbre à palabre de l’UOB pour se mettre à la hauteur de la responsabilité publique attendue d’un haut commis de l’Etat.

Par ailleurs, il semble qu’il n’ait pas consulté le chef du gouvernement, avant la mise en œuvre de sa ratatouille. Plus grave encore, il s’appuie sur une ordonnance n°18/PR/2015 portant conditions et modalités d’exercice de la liberté de la communication en République gabonaise pendant qu’un Code de la communication en République gabonaise, loi n°07/2001, est toujours en vigueur. Au point d’évoquer un article 204 pour impliquer la responsabilité de l’imprimeur et du distributeur qui, en conséquence, ont refusé de traiter « L’Aube et La Loupe » cette semaine, du fait des intimidations du ministre de la Communication. Cela s’appelle « L’abus de pouvoir, et le pouvoir de l’abus », comme l’a soulevé notre confrère « La Loupe » dans sa dernière édition.

A « Echos du Nord », cette pratique revancharde digne d’un petit étudiant sans accomplissement, habitué des joutes sous l’arbre à palabre et à de basses falsifications pour travestir la vérité, à un poste qui exige un esprit républicain sans faille, est inacceptable et indigne d’une République. Nous donnons trois jours à Billie By Nze, ministre de la Communication, pour retirer sa fantaisie. Dans le cas contraire, nous exercerons sur lui le même acharnement et la même répression qu’il emploie pour démolir l’œuvre d’un Gabonais qui donne des emplois à d’autres Gabonais. On en a assez !

Article publié le 9 Novembre 2015

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