mercredi, décembre 6, 2023
spot_img

Latest Posts

FORUM : Ali Bongo joue son dernier acte… de naissance

acte de naissance
Levée de boucliers face à la situation d’état civil d’Ali Bongo

Par : Stephen Jean Landry

Après trois actes manqués : celui de la mairie du 3earrondissement de Libreville, celui du journal « Le Monde », et l’extrait de Nantes, aujourd’hui, la justice française a autorisé le tribunal à produire un quatrième et à le communiquer à Mlle Onaïda Maisha Bongo Ondimba (OMBO). Le précieux document se trouve dans le service central d’état civil (SCEC) du ministère des Affaires étrangères, à Nantes, principal conservateur des actes de naissance enregistrés dans l’Afrique Equatoriale française (AEF). OMBO figure parmi les héritiers de la colossale fortune d’Omar Bongo Ondimba estimée, a minima, à plusieurs centaines de millions d’euros. OMBO, la fille de Chantal Myboto-Gondjout, qui, contrairement à sa petite majesté, possède officiellement un état civil prouvant sa filiation avec OBO, ne fait pas mystère de ses doutes sur la fiabilité de celui de son « grand-frère » Ali dont les documents présentés jusqu’ici ressemblent plus à des actes sous seing privé, c’est-à-dire établis sans la présence d’un officier d’état civil, surtout de celui qu’il faut à la place qu’il faut, comme ce ne le fut pas pour Akassaga, disqualifié pour retranscrire un acte de naissance établi à l’étranger. La mairie du 1er arrondissement, à l’époque dirigée par Pierre-Claver Mvélé du RPG, seule compétente pour ce type de retranscription, avait exigé l’original. Dans l’impossibilité de le produire, Ali Bongo Ondimba s’est tourné vers le maire du 3e arrondissement qui, en produisant et en délivrant un faux en écriture publique – le premier faux acte de naissance d’Ali Bongo-, frappa les trois coups du premier acte de cette tragique pièce théâtrale d’une imposture que les Gabonais endurent depuis six ans.

Quadrature du cercle et démagogie. L’action en justice d’Onaïda Maisha Bongo Ondimba met déjà à nu l’incapacité juridique d’ABO à commencer à redistribuer des biens d’une succession dont la liquidation n’est pas encore engagée. Et pour cause, lui-même n’est pas à jour de ses papiers. Autrement dit, l’annonce bruyante de la rétrocession de ces fameux biens immeubles à la jeunesse gabonaise par sa petite majesté et dont le gouvernement gabonais a été, battage publicitaire à l’appui, saisi pour exécution, se révèle finalement démagogique. Démagogie d’un personnage qui, contre mauvaise fortune, a, comme on dirait au Gabon, décidé de faire(le) mauvais cœur. ABO, comme le souligne Me Moutet, avocat d’OMBO, sait que si sa filiation à l’ancien président n’est pas actée, sa part dans la succession sera largement diminuée. Et craignant manifestement de devoir, lui-même, établir aux yeux de tous, notamment des citoyens gabonais, son impossibilité de produire au grand jour un acte de naissance en conformité avec les éléments contenus dans la retranscription frauduleuse d’Akassaga qui lui a permis de se présenter en 2009, il a préféré tenter de noyer le tout dans une communication démagogique autour d’une cession de « ses biens» au domaine d’un Etat (…) qu’il dirige. Nourrissant, dans le même temps, le noir dessein de priver au passage, en partie ou en totalité, les autres, ses frères et sœurs présumés, de l’héritage disputé d’Omar Bongo Ondimba.

Impact politique. ABO est de plus en plus conscient que l’acte de naissance de Nantes, selon la densité de son contenu, pourra influencer profondément le destin non seulement des biens d’Omar Bongo, mais également du Gabon. En effet, il est difficilement concevable que cet acte de naissance auquel, grâce à Nantes, dans la semaine, Onaïda Maisha Bongo Ondimba aura accès contienne, en ses écritures, des données identiques à l’original imaginaire qui a permis la retranscription d’Akassaga. Cette dernière d’ailleurs parle d’Ali Bongo Ondimba alors que le premier extrait de Nantes reconnaît Alain-Bernard Bongo. Or, depuis qu’Akassaga fait l’actualité sur ce problème, il n’a jamais pu étaler au grand jour ce fameux original qui lui a permis de produire le faux de 2009. Pourtant, la chanson le dit bien : « Une faute à moitié avouée est à moitié pardonnée. ». Celui qui confesse son mensonge a menti une fois, celui qui tente de le cacher ment plusieurs fois. Pour ABO, à trois reprises au moins, en 2009, lors de la présidentielle, le 2 décembre 2014 dans « Le Monde », et à la première sortie de Nantes. Les Gabonais ont fini par comprendre qu’à la tête de leur pays trône un chef d’Etat soupçonnable et soupçonné de faux et usage de faux, de forfaiture et d’imposture. Nantes ne viendra que renforcer les preuves déjà à l’appui.

Que faire ? D’abord, faire comprendre à la communauté internationale qu’en la matière, il n’est nullement question ici de xénophobie. En décembre 2014, « Le Monde » écrivait : «La polémique, qui réveille des pulsions xénophobes au Gabon, est assez nauséabonde. Pour la clore, Ali Bongo pourrait produire, s’il existe, un extrait d’acte de naissance archivé à Nantes ou se soumettre avec sa mère à des tests ADN. Cela permettrait d’aborder les vraies questions autour de la future présidentielle : peut-on accepter une succession dynastique du pouvoir ? Que propose l’opposition composée essentiellement d’anciens caciques du régime Bongo ? Comment se fait-il qu’après plus de cinquante ans d’indépendance, ce petit pays pétrolier d’environ 1,7 million d’habitants soit aussi peu développé ?» Procès d’intention à peine voilé, mais bonnes interrogations. Toutefois, même si demain, Ali Bongo Ondimba prenait son courage à deux mains, comme suggéré par le quotidien français, pour se soumettre à des tests ADN dont les résultats prouveraient, sorcellerie génétique, qu’il est le fils de Joséphine Kama, cela ne pourrait le soustraire à l’acte délictueux posé en 2009 pour lequel il est condamnable.

Une situation qui ne peut qu’interpeller l’opposition gabonaise, notamment le Front, qui, tout en se préparant aux prochaines élections présidentielle et législatives, ne pourra ignorer que le préalable des préalables sur lequel les Gabonais doivent désormais être mobilisés : empêcher toute candidature d’Ali Bongo Ondimba à quelque élection que ce soit au Gabon. La réplique d’ABO, devenue célèbre sur les ondes de RFI avec Alain Foka, aurait pu suffire pour clore le débat. Face à Foka, le 18 janvier 2015, qui s’inquiétait : «  Mais pourquoi ces documents troublants, Monsieur le Président ? », ABO, sans périphrase, répondit : « Mais ça ce sont de faux documents, Monsieur Foka, ce sont de faux documents ! » L’honnêteté et la droiture d’un homme d’Etat auraient dû le conduire à la démission. Mais, guidé par d’autres valeurs, il est toujours là, apparemment décidé à se représenter pour sept ans, au mépris des lois et de la République. Quitte à marcher sur les cadavres des Gabonais qui, il faut le dire, sont plus que déterminés à se battre pour arracher leur liberté. Dont acte.

Article publié le 16 Novembre 2015

Copyright@echosdunord.com

Latest Posts

spot_imgspot_img

Don't Miss

Stay in touch

To be updated with all the latest news, offers and special announcements.