La police étouffe une marche de protestation à la suite de la mort du jeune commerçant Béranger Obame Ntountoume
Mobilisés contre leurs bourreaux et en hommage à l’un des leurs poussé au suicide, les commerçants de l’ancienne gare routière à Libreville se sont vus interdits de battre le pavé, le vendredi 07 novembre dernier, par un contingent de policiers, au motif d’un avis défavorable du ministère de l’intérieur.
Un contingent d’hommes encagoulés était posté ce jour-là, dès 8h du matin, du côté du rond point de la démocratie, point de départ de cette marche de protestation. Le dispositif militaire ainsi organisé n’augurait pas de bonnes nouvelles pour les organisateurs de cette action de protestation. Après s’être entretenue des heures durant avec le chef du contingent, Aminata Nzomba, épouse Ondo, présidente des indignés du Gabon, et pour la circonstance porte-parole des commerçants, n’a pas manqué de dénoncer les procédures peu courtoises du ministère de l’intérieur. « Nous ne pouvons pas comprendre que la société civile se mobilise pour des causes nobles et que la police interdise de marcher pacifiquement, alors que la constitution nous en donne le droit », a-t-elle déploré.
En effet, la marche de protestation pacifique, annoncée pour le vendredi 07 novembre, aurait dû se faire sous l’encadrement de la police, telle que formulée dans la demande d’autorisation adressée aux autorités, et notamment introduite auprès des services du ministère de l’intérieur le lundi 02 novembre dernier. Les commerçants, pour protester contre les violences policières, auraient entamé leur marche, au rond point de la démocratie, pour l’achever à l’entrée de l’assemblée nationale. N’ayant volontairement pas donné suite à la requête des commerçants, le ministère de l’intérieur n’a pas jouer franc jeu, dénoncent les victimes de cette décision. « La loi stipule que lorsqu’on dépose une demande d’autorisation d’encadrement pour une marche, au bout de trois jour elle doit être signifiée ». Le ministère de l’intérieur aurait pu signifier les raisons du refus, mais il s’est gardé de répondre jusqu’au jour J, pour ensuite donner ordre à la police d’empêcher finalement la marche.
Prenant acte, tout en se gardant de tout débordement, les commerçants se sont repliés en comité restreint, pour décider d’une relance de demande d’autorisation auprès du ministère de l’intérieur. « C’est un droit, nous devons marcher(…). On ne peut pas comprendre que dans ce pays des gens s’immolent pour des causes nobles et que cela passe sous silence », tempêtait Aminata Nzomba, épouse Ondo, avant de prendre à témoin l’opinion nationale.
Nedjma le Monde
Article publié le 7 Novembre 2015