TRIBUNE LIBRE : Lettre au ministre de l’intérieur

Jonas Moulenda
Jonas MOULENDA

Par : Jonas MOULENDA

Monsieur le Ministre,

Je vous écris parce que vos incartades dignes d’un blanc-bec me donnent du grain à moudre. Je m’adresse à vous avec respect, mais pas sans dédain. De toute façon, vous méritez d’être traité durement à cause de vos vilénies. « Qui crache en l’air doit s’attendre à recevoir les crachats sur le visage », disait mon grand-père.

Jeudi dernier, vous avez fait réprimer la marche pacifique organisée par la société civile pour protester contre les violences faites aux femmes par la police et interdit le recueillement en mémoire du jeune Mboulou Beka tué par les forces de défense le 20 décembre 2014. Vous avez envoyé la police pour stopper les marcheurs à mi-chemin. Vous êtes vraiment ridicule! Ce sont des agissements dignes d’un régime chancelant et qui traine des tares. Mon aïeul disait: « La vache qui a une plaie au dos craint que le corbeau s’y pose. »

Dans tous les pays démocratiques, les marches pacifiques sont autorisées. Elles sont le moyen d’expression de la masse populaire. Pourquoi, diantre, avez-vous interdit deux manifestations non-violentes ? Vous profitez des faiblesses d’un pays peu peuplé pour instaurer un système totalitaire. Vous montrez déjà les signes d’un redoutable prédateur des libertés publiques. Vos élans liberticides inquiètent même les partisans du régime criminel que vous défendez.« Celui qui égorge la poule fait peur à l’épervier », disait mon papy.

Vos lois non écrites visent à comprimer les citoyens de tous niveaux et à détruire la stabilité déjà fragilisée de notre nation.
Ne vous posez pas en héros, faisant le mal pour faire du bien. Les Gabonais ne sont pas dupes. En aucun cas votre politique répressive ne fera partie d’un modèle à enseigner dans les facultés des sciences politiques. Vous finirez par vous faire du mal en voulant nuire à autrui. C’est encore mon grand-père qui disait : « La pipe qui consume le tabac se laisse aussi consumer par le tabac. »

Vos décisions sont tout aussi vides de sens que le fond de votre pensée. Vous prenez un grand plaisir à vouloir être le capitaine d’un bateau qui s’enfonce dans les abysses, sans se soucier des gens qui veulent, eux, suivre un cap vers l’harmonie de la nation. Si vous êtes dépourvu de patriotisme, ne vous dressez pas sur le chemin de ceux qui veulent sortir notre pays de l’ornière. « Si tu n’as pas de seau, ne barre pas la route du puits », me conseillait mon aïeul.

Vous êtes ministre, mais vous vous comportez en factotum d’un régime. Vous vous prenez pour un homme d’Etat, alors que vous n’êtes qu’un politicard à l’âme corrodée par les friandises du pouvoir. Votre chance — pour le malheur du Gabon — est d’avoir eu une sœur qui a fait un enfant avec le président de la République. Ce ne sont pas vos diplômes qui vous ont propulsé dans la sphère décisionnelle de l’Etat. Ne faites donc pas l’esbroufe devant des gens qui connaissent votre histoire. Mon papy disait: « Celui qui sait ce que tu as mangé sait comment tu t’es rassasié. »

Lorsque vous avez été nommé au gouvernement pour la première fois, nombreux sont ceux qui avaient crié à une erreur de casting.
Une fois de plus, le temps prouve qu’ils avaient effectivement raison, car vous n’avez aucun sens de la démocratie. Les Gabonais voient venir le monstre que vous cachez en vous. Vous voulez sacrifier vos compatriotes pour protéger vos privilèges et non la stabilité du Gabon. N’oubliez pas le revers de la médaille. « Le moustique suce le sang de l’homme, mais il craint le vent », me faisait comprendre mon grand-père.

Je constate avec regret et pitié, comme tous les Gabonais, que vous ne vous respectez pas. Pour préserver vos privilèges, vous êtes capable de tuer tous vos semblables qui réclament plus de liberté et de droits.
Pour plaire au distributeur de strapontins qui vous a fait de vous un ministre, nonobstant vos tares, vous êtes faites de la persécution votre agenda existentiel. A cette allure, vous serez toujours honni. Mon aïeul disait : «Un lécheur d’anus ne récolte que des pets. »

Que voulez-vous qu’on retienne de vous? Même dans votre ville d’origine, Koula-Moutou, il est impossible de trouver la moindre réalisation traduisant votre empathie ou votre altruisme. Votre égoïsme rampant vous condamne à l’inertie. Vous ne serez donc qu’une simple parenthèse dans l’histoire gabonaise que l’on oubliera très rapidement. L’on ne retiendra que vos mesures de répression. Personne ne vous regrettera après votre chute. « Lorsque l’épervier meurt, la poule ne pleure pas », aimait à dire mon aïeul.

Article publié le 30 Novembre 2015

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