TRIBUNE LIBRE : Lettre aux citoyens gabonais

Posté le 09 Nov 2015
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Jonas MOULENDA

Jonas MOULENDA

Par : Jonas MOULENDA

Mes chers compatriotes,

Cette lettre est un cri de détresse de nombreux patriotes établis partout dans le monde, préoccupés par le devenir de notre pays. C’est un appel à l’éveil des consciences, en vue de l’engagement d’un plus grand nombre de Gabonais dans la lutte pour la libération de notre pays. Je relaie leurs desiderata parce que je suis logé à la même enseigne qu’eux. « Seul le crapaud peut dire si le caïman a mal aux yeux », m’expliquait mon papy.

Notre combat sera sans doute coûteux en sacrifices, y compris les plus sacrés, mais nous devons le mener, car nous n’avons pas d’autre choix. Nous allons vaincre, parce que c’est le sens de l’histoire et qu’aucune force ne peut résister à la volonté affichée et décidée d’un peuple uni. Ne nous laissons pas intimider par l’immensité des obstacles qui se dressent face à nous et à nos rêves. Mon grand-père disait : « On n’effraie pas le cadavre avec un drap blanc. »

Nous sommes appelés à écrire l’histoire de notre nation. Personne ne le fera à notre place. Les gens meurent à un rythme effréné dans notre pays. Les tueurs sont bien connus : le cénacle qui a mis le grappin sur notre pays. Nous devons cesser de faire la sourde oreille et de mettre des œillères. Il est grand temps que nous mettions le holà à notre souffrance. Le régime en place ne capitulera que s’il y a une véritable détermination populaire. « La panthère ne dévore pas les petits du serpent qui sont unis », m’expliquait mon papy.

Nous devons nous dresser contre la tyrannie. Depuis qu’Ali Bongo Ondimba a accédé à la magistrature suprême par la force, il a converti le pouvoir en un outil machiavélique pour détruire notre pays, qui ne se portait pas déjà très bien sous le règne de son prédécesseur de père adoptif. On ne peut pas rester sans réagir, sans nous en indigner. Brisons les chaînes de la peur et réclamons plus de justice, de liberté et de droits. Nous n’avons pas besoin qu’on nous le demande. Mon grand-père disait : « Celui qui a froid n’attend pas un ordre pour aller près du feu. »

Le malheur de notre pays vient de nous-mêmes, qui ne voulons pas prendre en main notre destinée commune et dire au monde qu’Ali Bongo Ondimba n’est pas digne de diriger le Gabon. Notre malheur ne vient donc pas d’ailleurs. Le Gabonais est l’incarnation de son mal. Personne ne viendra libérer notre pays à notre place. Dieu ne descendra pas du ciel pour se substituer à nous. Ce régime ne mérite pas notre soutien. Cessons donc de lui tresser des lauriers. « On ne vend pas des bijoux en or à celui qui a les oreilles coupées », observait mon aïeul, grand bijoutier de son époque.

Pourquoi, après toutes les avanies qui nous sont infligées par ce régime, nous continuons à l’applaudir et à le soutenir ? Des gens se déplacent d’une ville à une autre pour aller danser et chanter au passage du tyran. Un compatriote de 28 ans, Béranger Obame Ntoutoume, s’est immolé par le feu. Il n’y a eu aucune indignation populaire. Sommes-nous déshumanisés jusqu’au point de banaliser la mort d’un semblable ? Les avanies que le pouvoir fait subir à certains compatriotes devraient inquiéter. Mon papy m’expliquait que « celui qui égorge la poule fait peur au canard ».

Que faisons-nous des révélations tous azimuts sur notre président par défaut au sujet des pillages des derniers publics et du rôle supposé de l’institution qu’il incarne dans le phénomène effroyable des crimes rituels ? Ali Bongo Ondimba est responsable de la situation de crise dans laquelle se trouve notre pays aujourd’hui. Nous devons le lui faire savoir chaque jour par notre mécontentement. On ne peut continuer à soutenir un président qui en fait trop. « Si le cadavre s’enfle, il fatigue ceux qui doivent le soulever », me rappelait mon grand-père.

Mes chers compatriotes, je n’ai pas voulu vous inciter à la révolte. J’ai juste voulu vous appeler à un sursaut patriotique. Les entrées et sorties du pays de celui qui nous sert de dirigeant prouvent combien il cherche des soutiens pour se maintenir au pouvoir. Or, son régime est une chorale composée de démons qui disent chanter pour Dieu. Cessons d’appeler un simple tyran « sauveur ». Mobilisons-nous pour faire tomber ce régime. N’attendons pas de toucher le fond pour réagir. « Il faut façonner l’argile pendant qu’elle est encore molle », me conseillait mon papy, grand potier de son époque.

Article publié le 9 Novembre 2015

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