

Par : Jonas MOULENDA
Mes chers compatriotes,
Cette lettre est un appel au patriotisme et à la vigilance, devant la duplicité d’Ali Bongo Ondimba, véritable prestidigitateur, qui manie, avec une prestance inégalée, la rose et le fusil, la lumière et l’ombre. Ma démarche procède d’une volonté de vous voir vous joindre aux compatriotes qui œuvrent pour la libération de notre pays. « C’est ensemble que les termites construisent la termitière », m’expliquaient mon grand-père.
Longtemps, les Gabonais originaires des autres provinces ont cru que le Haut-Ogooué était la région la plus favorisée par le régime qui dirige notre pays depuis cinquante ans, du fait que celui qui a tenu les rênes du Gabon pendant quarante-deux ans en était originaire. Ceux qui n’y avaient jamais mis les pieds pensaient que c’était une province où tout le monde baignait dans un océan de bonheur. Hélas, non ! C’était une erreur due à la méconnaissance des réalités locales. Mon grand-père disait que « le poisson ne sait pas ce qui se passe dans la forêt».
La réalité est que le Haut-Ogooué est en butte aux mêmes problèmes que les huit autres provinces du pays. Pendant ce temps-là, que faites-vous, vous qui avez les clés de votre destinée entre vos mains? Vous bavassez. Vous pérorez. Certes, rien n’est jamais facile. Mais, l’heure a sonné pour que vous tourniez la page de ce régime obsolète. Cette désolidarisation prouvera l’enracinement de l’idéal républicain en vous. Refusez d’être de pauvres chênes qu’on abat pour le bûcher d’Hercule. « Celui qui refuse de traverser la rivière ne se noie pas », me prévenait mon papy.
Depuis presque un an, je vis loin du pays, donc sans être en prise directe avec la réalité du terrain, mais je sais que le Gabon est tombé de Charybde en Scylla. Toutes les personnes avec lesquelles je suis en contact se plaignent de la dégradation continuelle de la situation sur l’ensemble du territoire. Comme les habitants des autres régions du Gabon, vous vivez plus mal aujourd’hui qu’hier. Pour le savoir, je n’ai pas besoin de revenir là-bas. Car c’est une évidence. «Même si on ne va pas où les bœufs s’abreuvent, on sait qu’il n’y a pas de gobelets », observait d’ailleurs mon grand-père.
Aujourd’hui, oubliez cette erreur qu’a été votre choix de 2009 et parez au plus pressé et au plus efficace. Qu’on le veuille ou non, dans le monde pressé qui est le nôtre, plus personne n’a intérêt à prendre le temps d’écouter les promesses de lendemains meilleurs faites par Ali Bongo Ondimba dans un langage dépassé. Il est passé maître dans l’art de la mystification et prisonnier d’un cénacle qui ne porte pas les prémices des solutions à vos problèmes. Mon aïeul estimait que « si le margouillat connaissait le médicament de la rougeole, son corps ne serait pas tacheté».
Sans votre soutien, Ali Bongo ne sera plus au pouvoir après l’élection présidentielle de 2016. Toutes ses stratégies semblent superficielles pour ses potentiels adversaires. Ces derniers le connaissent très bien puisque la plupart d’entre eux sont d’anciens apparatchiks de son parti et connaissent par cœur ses méthodes fondées sur l’intimidation, les accusations les plus farfelues du genre détention d’armes de guerre, les arrestations arbitraires et les procès sans tête ni queue. « Deux tortues savent où se mordre », m’expliquait mon papy à la sagesse incontestée.
Cessez d’attendre que Dieu fasse tout à votre place pour vous libérer des chaînes que vous portez. Votre seule détermination fera tomber ce pouvoir. Si c’est avec une telle passivité que vous pensez vous débarrasser de l’oligarchie qui vous prive du bien-être, vous vous fourvoyez. C’est le genre d’illusion qui coûte cher. Battez le fer tant qu’il est chaud. Ne jamais attendre que d’autres personnes décident de votre avenir. Rejoignez les patriotes dans la lutte. Rester passifs, c’est vous condamner à la misère éternelle. Mon grand-père disait: « Un chien qui bouge fait plus peur qu’un lion immobile. »
Ali Bongo Ondimba, que vous avez malencontreusement considéré comme votre guérisseur d’écrouelles, a dessiné une actualité consternante pour votre province et le pays tout entier, à cause de ses mauvais choix. Il montre que la violence politique est désormais un mode d’action ordinaire pour imposer les volontés de l’oligarchie au peuple. Notre combat commun doit désormais prendre un relief singulier. C’est sans précédent et sans équivalent dans la vie politique de notre pays. La preuve est faite de la disponibilité des citoyens pour mener ce combat. L’outil inédit que nous construisons fait ses preuves dans la durée. Quel que soit le temps que cela prendra, ce régime tombera. « Tout ce qui est débout se couchera », me faisait remarquer mon aïeul.
Mes chers compatriotes, l’heure est venue de franchir un nouveau palier. Notre pays doit se structurer par lui-même et décider des prochaines étapes de son développement. Vous tirerez profit d’un pays respectueux des valeurs républicaines. Le changement est à notre portée, si l’on réalise bien l’ampleur de la crise politique que nous traversons. Puisque ce régime s’est moqué de vous, montrez-lui que vous ne serez plus ses marchepieds. « Celui pète dans la cendre se salit les fesses », disait mon papy.
Article publié le 13 Novembre 2015