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TRIBUNE LIBRE : Lettre ouverte aux Bidieti bi Mughalaba

TRIBUNE LIBRE : Lettre ouverte aux Bidieti bi Mughalaba

Par : Dr Lucien DITOUGOU, Conseiller municipal FAR de la commune de Guiétsou (Sud du Gabon)

Lettre ouverteBidiéti Bi Mughalaba,« Mutungitsi munéri na muyabitsi nzile, ghivunde a muyabitsi nzile »[1].

Le bonheur est un droit. Comme la vie ! La citoyenneté gabonaise suffit à nous la procurer à tous. Et nous, Vungu ; nous Bidiéti Bi Mougalaba comptons parmi les premiers à porter cette citoyenneté gabonaise ! Certainement sommes-nous les premiers à la construire[2] !

Voilà donc le prétexte suffisant de refuser d’être continument assimilés à la pauvreté et poussés à l’exclusion par les monstrueux projets du PDG que nous subissons depuis près de cinquante ans !

Voilà donc le prétexte pour nous de refuser d’être infusés des mensonges sûrs et des promesses arides du PDG.

« Vô vave sasilu nzâu, musâmu wa tabughi ka u nzâu »[3].

« Vo va ghwangilu tombu, ava sunde niangu »[4].

Dans le débat ambiant de l’avenir du Gabon, nous sommes donc interpellés !

Bidiéti, nobles descendants de Nzinga, enfants de Mughalaba, le temps est arrivé de mettre notre citoyenneté en marche ! Le temps de l’impotence et des silences complices est épuisé. Levons la tête : 2016 est à notre porte.

Car : Depuis 1968[5], le PDG nous promet la route ! Il n’y aura pas de route que construira le PDG : nous l’avons attendue depuis 1968.

Depuis 1968, le PDG nous a promis écoles, puis collège (depuis 1990). Il n’y a d’écoles, et de collège promis que pour distraire, diluer et éteindre l’intelligence des enfants de Mughalaba[6].

Depuis 1968, le PDG nous a promis des centres de santé. Il n’y a de dispensaires que pour mentir la santé et accueillir les promis à la mort sûre. Nous survivons depuis 1968 !

Depuis 1968, le PDG nous a promis la prospérité ! Il n’y a de citoyens prospères à Mughalaba que ceux qui savent facilement oublier qu’ils sont nés dans la pauvreté semée par le PDG et ceux qui oublient, aidés par les doses d’eau de vie et les portions de volailles occasionnelles, qu’ils vivent jusqu’à l’épuiser une jeunesse promise à la retraite sans pension parce qu’ils n’ont jamais vécu l’exaltante mission divine du travail.

En vérité, il n’y aura jamais rien pour Mughalaba parce que le projet du PDG depuis 1968 est de confiner les enfants de Mughalaba à la tâche résiduelle de militants du PDG qui ne militent que pour cultiver la peur, porter les valises des autres, jouer les figurants, grossir la foule, applaudir, boire et danser.

Le temps n’est-il pas venu d’extraire le PDG du territoire de Mughalaba ?

Pourquoi, si le PDG qui a commencé à rendre l’âme dans les territoires où il a semé la prospérité, devra-t-il trouver à Mughalaba un hébergement douillet alors qu’il n’y a semé et distribué que le mensonge et les doses d’alcool, et les fesses de dinde, et la musique des groupes d’animation et le sous-développement durable ?

Regardons la réalité : Mughalaba est certainement au Gabon le territoire où le PDG a densément semé et entretenu la sauvagerie : sans électricité ni télévision ; sans eau ni radio ; sans téléphone ni école ; sans hôpital ni vie ; préférant protéger les éléphants et les pangolins au détriment des vies humaines ; distribuant le bon vin et la bonne viande ailleurs, réservant la lie et les os secs à Mughalaba. Jusques à quand durera notre étourderie ?

Tournons cette page sombre en 2016 et confions la nouvelle aux Bidieti qui aiment Mughalaba et le Gabon pour que soit enfin écrite l’histoire du développement et de la prospérité que nous méritons comme tous les autres Gabonais.

Bidieti Bi Mughalaba, « mwane tabe wu yè supughile vô ba sasilange nguyandi ave rangminieri yandi gwandi aghe tsonzigilu nonu »[7].

Le PDG a chosifié nos pères et nos mères depuis 1968 : dans les défilés et les accueils de délégations sous le soleil et la pluie. Nos pères et nos mères ont pris leur retraite avec comme pension régulièrement payée le tee-shirt, la casquette et l’affiche de campagne ; ils sont morts en nous léguant le désœuvrement dans lequel ils ont vécu. Ça suffit ! Le PDG nous a vraiment perdu du temps. Le PDG a été un monstre dangereux pour Mughalaba. Le PDG est un monstre dangereux pour Mughalaba. Continuer de l’héberger, c’est accepter notre sort de toujours rester des Gabonais de la marge, que dis-je : les derniers des Gabonais !

 

« Burange bu ghutsaghane ni maraangi.

Burange bu gwende ni bisonzaani.

Burange bu ghurole diambu ni ghu diyaabe.

Wotsu asame ghulu akayi kwate. Suiii ! »[8]

 

[1] Entre le chasseur qui connaît la route et celui qui a la réputation de porter les charges lourdes, le plus brave est celui qui connait la route.

[2] Lire : Seramine IFUNGA de Ghitsieki Ghi Nzinga, Joseduk KOMBILA DIPUMA De Spiritualand, Prince Léon MBOU YEMBI De Nzinga, Les Vûngu, de l’origine à l’occupation de l’hinterland actuel du Sud-Ouest du Gabon, Libreville, Les Éditions de CENAREST, 2015.

[3] Là où on dépèce l’éléphant, c’est l’éléphant qui est le sujet de conversation.

[4] C’est la partie de forêt défrichée qu’illumine le soleil.

[5] Date de création du District de Guiétsou suivant Ordonnance N°146 du 8 août 1968.

[6] Depuis près d’une décennie les écoles de Mougalaba ne fonctionnent, au meilleur des cas, que deux ou trois mois cumulés par an ! Le Collège d’Enseignement Secondaire de Guiétsou, quant à lui, est cité comme un acquis dans les discours de campagne des candidats du PDG depuis 2001 alors qu’il n’a jamais été construit !

[7] L’agneau qui a vu égorger sa mère sait qu’il périra de la même façon.

[8] Il n’y a que celui qui a des fesses qui est bien assis.

Il n’y a que celui qui a des talons qui marche bien.

Le sage a mission d’éclairer ceux qui sont dans l’ignorance.

Que ceux qui ont des oreilles pour entendre entendent.

Voilà ce que j’avais à dire !

Article publié le 26 Novembre 2015

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