Le Gabon dans les habits du lundi noir

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Davain Akuré, président de l’Alliance pour le Nouveau Gabon, ANG, remonté contre la dictature des Bongo

Heurtée par les violations sans cesse croissantes des libertés fondamentales, dont la goutte d’eau qui fait déborder le vase est l’impunité manifeste des auteurs du cas de fraude découvert dans la district de Bifoun, lors du processus d’enrôlement des électeurs en vue de la présidentielle de l’année prochaine, l’Alliance pour le nouveau Gabon, ANG, décide de sonner le tocsin. Dans un entretien accordé à notre rédaction, le président de l’ANG, Davain Akuré, s’explique sur les motivations de cette communion citoyenne, tout de noir vêtu.

Propos recueillis par : Paul Davy

ECHOSDUNORD.COM : Bonjour Davain Akuré ! Votre formation politique, l’Alliance pour le nouveau Gabon, ANG, vient de décréter le lundi 21 décembre 2015, journée de deuil national, en protestation contre les injustices sociales et la dictature. Pouvez-vous, vous expliquez davantage sur les motivations de ce lundi noir ?

Davain Akuré : Bonjour et merci de me donner l’occasion de m’adresser à mes compatriotes à travers vos lignes. Il faut dire que lors de notre conférence de presse du jeudi 3 décembre dernier, nous avons fait état de la découverte dans le district de Bifoun d’un cas de fraude lors du processus d’enrôlement des électeurs en vue de la présidentielle de l’année prochaine. Après cette découverte et la plainte qui a suivi, nous avons été heurtés par le refus du tribunal de la ville de Lambaréné d’assigner devant ses services les auteurs de cette fraude, pourtant pris la main dans le sac. Un curieux refus qui nous a plongés dans un sentiment de révolte. Mais en fait, il s’agit d’une révolte accumulée, puisque dans notre pays les libertés publiques sont séquestrées. Nous en voulons pour preuve, les manifestations publiques venant de l’opposition qui sont systématiquement interdites. J’ai personnellement pris part à une marche pacifique organisée par le collectif de lutte contre les violences policières à l’encontre des femmes commerçantes de l’ancienne gare routière, dont les images de ces femmes victimes de barbarie, ont fait le tour du monde. Une marche pacifique qui avait été contrariée par les forces de l’ordre lourdement armées. Ce sont ces différents faits, les uns à côté des autres, qui nous ont amenés à protester. Et face aux interdits tous azimuts des initiatives publiques de l’opposition et de la société civile libre, nous entendons donner un cachet particulier à ce lundi noir, en laissant chacun vaquer à ses occupations, simplement de noir vêtu, sans mouvements particuliers coordonnés. Toutefois, un point à mi-parcours de ce lundi noir sera fait dans la mi-journée du lundi 21 décembre, aux environs de 13 heures, à un endroit que nous ne voulons pas divulguer pour le moment. L’important ici étant de marquer notre indignation solennelle face aux actes de traitement dégradants et humiliants dont sont victimes les gabonaises et les gabonais, et singulièrement les partisans du changement.

E.N.COM : Quelle symbolique accordez-vous à la couleur noire, couleur des vêtements à arborer durant toute la journée du lundi 21 décembre ?

D.A : Vous savez, le noir est une couleur de deuil, et pour nous, nous considérons que le Gabon est en deuil, au vu de toutes ces violences que subissent les populations. Nous pensons aussi que le Gabon est un pays qui croupit sous une dictature. Et quand on est sous une dictature et qu’on en n’est pas encore libéré, on reste de fait dans des habits de deuil. Voilà un peu pourquoi nous avons choisi la symbolique du noir, histoire d’attirer l’attention des dirigeants d’une part, et d’autre part d’enseigner les gabonais à apprendre à dire NON. Une attitude comportementale qui nous aidera à nous départir du sentiment défaitiste constamment dissimulé dans la regrettable phase : « On va encore faire comment ! ».

Les objectifs qui sont les nôtres sont d’ordre psychologique. Nous voulons libérer les gabonais de cette graine qui les gêne, en interpellant parallèlement ceux qui nous gouvernent à entendre raison, et donc à faire les choses autrement.

E.N.COM : Pensez-vous suffisant l’organisation d’un lundi noir pour faire entendre raison le pouvoir Bongo-PDG, endurci depuis près de 50 ans dans un déni de démocratie digne des régimes monarchiques ?

D.A : Vous savez, nous ne sommes pas naïfs, et l’expérience a prouvé qu’une goutte d’eau qui tombe de manière permanente sur un roc, aussi dur soit-il, finira par le briser. Donc, nous nous inscrivons dans la logique qui consiste à penser que la régularité, la fréquence, en somme, la constance, feront en sorte que nous puissions atteindre notre objectif, celui de débarrasser le Gabon de la dictature.

E.N.COM : Davain Akuré, echosdunord.com vous remercie.

D.A : C’est nous qui vous remercions pour votre apport considérable dans la bataille pour la pluralité d’opinions dans notre pays.

Article publié le 19 Décembre 2015

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