Le juriste Harold Leckat Igassela, licencié pour délit de faciès

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Le juriste, Harold Leckat Igassela

Un juriste junior, Harold Leckat Igassela, postulant à la profession d’avocat au sein du cabinet Jules Obiang, a été licencié, le 3 novembre dernier, pour avoir dénoncé le caractère inconstitutionnel des ordonnances portant modification de la justice.

C’est d’ailleurs à la suite de la sonnette d’alarme tirée par le jeune juriste que le Barreau du Gabon avait introduit une procédure auprès de la Cour Constitutionnelle, aux fins d’annulation. Une procédure qui a abouti, fait inédit, à la décision d’annulation avec effet rétroactif de l’ordonnance N°15/PR/2015 du 11 Août portant organisation et fonctionnement de la justice.

Depuis septembre dernier, Harold Leckat et son équipe publient sur son site internet queditloi241.com des articles sur les ordonnances du 11 août 2015, en s’interrogeant sur la procédure consacrée par la présidence de la République pour les prendre. Ce qui a emmené l’auteur à dénoncer le régime juridique des ordonnances à travers l’article intitulé : « La non-ratification des ordonnances est à peine de caducité ». S’en est suivie, une deuxième publication sur « Les procès en cours devant les juridictions de l’ordre judiciaire n’ont pas de base légale : Que dit la loi ? ». Un commentaire sur la saisine de la Cour constitutionnelle par le Barreau a également été publié. Certains de ces articles ont été repris par les hebdomadaires La Loupe et l’Aube.

Les raisons de ce licenciement se trouvent dans le fait que La Loupe, en a fait plus larges échos. Dès lors, Harold Leckat a été taxé au sein du cabinet comme un opposant au régime en place. C’est d’ailleurs l’information qui ressort de son entretient préalable et de la lecture de sa lettre de licenciement pour « faute lourde ».

La déclaration universelle des droits de l’Homme et du Citoyen du 26 août 1789, dispose en son article 19 que : « Tout individu à droit à la liberté d’opinion et d’expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ces opinions » ce principe est repris dans la loi fondamentale gabonaise. Par ailleurs, la liberté d’opinion est une des libertés fondamentales réaffirmées à l’article 5 de la charte nationales des libertés du 26 juillet 1990. De plus, l’article 8 du code du travail dispose : « … Toute discrimination en matière d’emploi et des conditions de travail fondée, notamment, sur la race, la couleur, le sexe, la religion, l’opinion politique, l’ascendance nationale ou l’origine sociale est interdite » et l’article 74 précise équivoque que « les licenciement effectués sans motif légitime, de même que ceux motivés par les opinions du travailleur, son activité syndicale, son appartenance ou sa non-appartenance à un syndicat déterminé sont abusifs ».

Etre employé dans un cabinet d’avocat est-ce à dire qu’on ne peut pas dénoncer une interprétation fallacieuse de la loi quand on peut en apporter la preuve ?

Si écrire un article relatif à la saisine de la Cour constitutionnelle par le Barreau est pris comme une faute lourde, pouvant constituer motif de licenciement, c’est que le licenciement de ce jeune juriste a caractère abusif. Sous d’autres cieux, les initiatives comme celle d’Harold Leckat sont plébiscitées, malheureusement, au Bongoland, le népotisme et la médiocratie sont érigés en valeurs.

Imony Kombile Giowou

Article publié le 9 Décembre 2015

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