
Consensus, élection, paix sociale, trois items qui ont guidé le discours du représentant spécial du secrétaire général de l’Onu et Chef du bureau des Nations Unies en Afrique centrale, Abdoulaye Bathily, lors de sa rencontre du mercredi 16 décembre à Libreville avec les représentants des chancelleries. Le diplomate onusien a dévoilé la volonté de son institution à accompagner les pays de la sous-région dans l’organisation d’élections politiques apaisées.
« C’est l’accompagnement politique et diplomatique, pour parvenir à des décisions consensuelles, qui permettent d’assainir le débat politique et de prévenir les tensions pré et post-électorales’’ expliquait Abdoulaye Bathily, pour qui, la finalité est d’aboutir à des élections transparentes et libres, qui permettent au vainqueur de diriger le pays et aux adversaires malheureux de poursuivre leurs activités politiques dans la paix et la sérénité.
Voici pain béni pour les forces vives du Gabon, aux portes d’un dialogue national sans exclusif, dont les contours restent à définir. L’entrée en scène de cette agence du système des Nations Unies, comme contre-feu des crises post-électorales, répond à la volonté des acteurs politiques de tous bords à officiellement œuvrer pour l’organisation d’élections transparentes et apaisées. Pour le cas du Gabon, disons que si le pouvoir vient de quasiment accéder à l’idée de la tenue d’un dialogue national visant à sortir le pays d’une profonde impasse, il n’en demeure pas moins que la crédibilité de pareilles assises passe notamment par l’élaboration de conditions de dialogue acceptées par toutes les parties. Des préalables dont l’une des finalités est l’accès au respect du verdict des urnes, jusqu’ici séquestré par le régime Bongo-PDG qui contrôle à sa guise les institutions impliquées en amont et en aval du processus électoral, à savoir, le ministère de l’intérieur, en charge de l’administration du vote, la commission électorale nationale autonome et permanente, Cenap, en charge de l’organisation du vote, et la Cour constitutionnelle, chargée de valider in finé les scrutins politiques. Des appareils politico administratifs qui souffrent du désaveu de l’opposition et des populations, victimes de tout temps d’un déni de citoyenneté par la non prise en compte de la vérité sortie des urnes. L’option de leur reconfiguration dans l’optique de parvenir à l’impartialité, est au cœur des préoccupations.
A côté de ces points majeurs, le caractère inachevé de la biométrisation du processus électoral, le respect de l’article 10 de la constitution allègrement violé par Ali Bongo, auteur d’un flagrant parjure, en présidant aux destinées du pays sans acte de naissance, sont autant de sujets qui méritent d’être mis sur la table avant l’organisation de la prochaine élection présidentielle, prévue pour l’année prochaine.
Des chantiers dans lesquels Abdoulaye Bathily est de fait invité, pour espérer enfin parvenir à des élections politiques apaisées au Gabon. Soulignons que le refus du pouvoir de lâcher du lest sur ces questions fondamentales, a de tout temps occasionné des contestations post-électorales violentes, qui ont coûté la vie à de nombreuses personnes.
Paul Davy
Article publié le 17 Décembre 2015