
Au terme de la première édition de la journée du lundi noir, organisée le 21 décembre en guise de deuil national face à la tyrannie à laquelle est soumis le peuple gabonais, notre rédaction s’est rapprochée de quelques personnes ayant adhéré à l’idée de protestation contre l’injustice et le déni de libertés, arborant à l’occasion des vêtements noirs, en signe de victimes de l’oppression.
Propos recueillis par : Paul Davy

Davain Akuré, président de l’Alliance pour le nouveau Gabon, ANG, initiateur du lundi noir
« Je me félicite que cette opération a été suivie à travers le pays, et principalement à Libreville, qui a été l’épine dorsale de la contestation. Nous avons été heureux de voir un grand nombre de participants, disons, un peu plus que je l’avais soupçonné. Et c’est bien là la preuve que les gabonais ont été de tout cœur. Au-delà des remerciements que nous exprimons, cette opération est un acte de démonstration grandeur nature que les gabonais sont capables de dire non quand on le leur demande, et qu’ils le pensent. Nous avons vu des hommes et des femmes qui ont manifesté publiquement contre la dictature, pour dire halte à l’injustice, marquée ces derniers temps par la récurrence des violences policières, dont le point d’orgue reste les violences moralement insupportables infligées aux femmes commerçantes de l’ancienne gare routière. Nous espérons que cela fera désormais école et que le peuple gabonais est véritablement en phase de se libérer de tous les jougs pesants qui l’oppressent au quotidien ».

Jeanne, commerçante
« Je suis frappée, disons, concernée au premier chef par les violences policières exercées contre les commerçantes, puisque que j’en suis une, et donc au fait de cette oppression économique. Nous souffrons sous le soleil et la pluie. Que des personnes visiblement normales viennent, sans effort, se faire du beurre sur notre dos, c’en est assez, et c’est tout le sens à donner à ma participation à cette journée du lundi noir contre les injustices et l’oppression ».

Eboughe Bejamin, président de l’Alliance pour le nouveau Gabon, ANG, Bifoun-Centre
« J’ai effectué le déplacement de Libreville, à l’instar d’autres compatriotes venus des localités de l’arrière-pays pour participer à la mobilisation qui avait pour unique théâtre, la capitale du pays. Au niveau de l’intérieur du pays, les gens se sont contentés de vaquer à leurs occupations, tout de noir vêtu. Je me réjouis que la mobilisation de Libreville ait valu la chandelle. C’est vous dire, s’il en était besoin, la promptitude des populations à s’unir contre la dictature. Le Gabon est malade de l’amateurisme de ses dirigeants, et c’est à nous de batailler pour mettre fin à l’injustice sous toutes ses formes ».

Brigitte Aubame Emane, Coordinatrice de l’Union Nationale pour le 6ème arrondissement de Libreville
« J’ai participé à ce lundi noir pour marquer mon attachement à la justice sociale, à la démocratie et pour dire, stop, stop, à l’injustice. Une injustice érigée en système de gouvernance, avec notamment la séquestration des libertés publiques et une violence aveugle des forces de l’ordre contre la population désarmée. Il faut que l’Etat parvienne à protéger les citoyens, et à répondre à ses obligations régaliennes d’accès du plus grand nombre aux besoins vitaux, dont la santé, l’alimentation, l’éducation et la lutte contre le chômage. Outre la dictature naturellement embarrassante des Bongo, les violences policières outrageantes contre les femmes commerçantes de l’ancienne gare routière de Libreville, ont pour beaucoup motivé ma présence à cette manifestation du lundi noir ».
Article publié le 22 Décembre 2015