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EDITORIAL : La communauté internationale appréciera !

EDITORIAL : La communauté internationale appréciera !
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Désiré Ename

Par : Désiré Ename

Il fallait la pertinence d’un Pierre André Kombila Koumba (prononcer Kombil’Koumb) pour remettre les pendules à l’heure et répondre à propos à sa petite majesté Ali Bongo Ondimba. En réalité, ce n’est pas à l’opposition que ce dernier a dit non. Celle-ci, comme l’a spécifié le Pr Kombila, n’avait fait que répondre favorablement à l’offre de dialogue de la communauté internationale. C’est donc à cette communauté internationale, c’est-à dire à l’Organisation des Nations unies, l’Union européenne, l’Organisation de la Francophonie, l’Union africaine, les Etats-Unis d’Amérique, pour ne citer que ces groupes très actifs et très préoccupés par la situation du Gabon depuis quasiment cinq ans maintenant. Ceci, vu le nombre d’alertes émises par plusieurs de ces institutions. Ce qui induit que les signes de stabilité politique sont très peu encourageants.

En six ans de magistère, sachant très bien qu’il n’avait pas d’autre issue que de convoquer la conférence nationale souveraine exigée par la société civile et l’opposition, comme porte de sortie à la crise ; de répondre favorablement à la concertation avec toutes les forces vives de la nation appelée par des voix à l’intérieur de son camp ; ou encore de s’ouvrir au dialogue demandé par les instances internationales, cette fois-ci, sa petite majesté tropicale, devant cette nécessité absolue, a joué ni du « peut-être…on verra ; ni du oui…mais », ni même du « OK, voici mes conditions », pour refuser, par un doigt d’honneur, de saisir la perche que lui a tendue la communauté internationale. Sur quoi compte-t-il ? La question en vaut la peine.

Pour comprendre, un saut en 2009 est indispensable, avant de poursuivre et d’examiner les années qui ont suivi. Deux faits majeurs ont ponctué les décès d’Edith Lucie Bongo Ondimba et d’Omar Bongo Ondimba : la fermeture des frontières. D’abord, au lendemain de l’annonce du décès de la première dame, le ministre de la Défense va s’arroger un privilège qui relève de la Primature sur proposition du ministre de l’Intérieur. Mezza voce, l’on apprendra qu’il se préparait un putsch en douce.ABO se justifiera par une vanne : des unités de renseignement (sans dire lesquelles) avaient intercepté un message du MEND (Mouvement d’émancipation du Delta du Niger) sur une attaque à Libreville. Non satisfait, il réitère l’essai à la mort d’Omar Bongo Ondimba, son père (bien que les doutes s’amplifient. Cf. Procès de Nantes et ses conséquences…à venir ???). Une fois de plus, les frontières sont fermées. Il se susurre qu’une tentative de coup d’Etat était en cours. A qui le crime devait-il profiter ? Voilà pour 2009. Mais que se passe-t-il après ?

Il faut scruter, primo, les recrutements massifs dans les différents corps militaires et policiers. Des recrutements qui, pour l’essentiel, n’ont pas respecté les chartes dédiées pour l’incorporation dans ces corps. Pas d’enquête de moralité, pas de test d’aptitude, etc. ABO voulait juste des bêtes féroces. Secundo, les dépenses militaires. Dès avril 2009, un accent a déjà été mis sur l’armement. Et depuis 2010, sa petite majesté accentue la dotation en équipements militaires, les privilégiant au détriment de l’éducation. Si la coopération avec la Turquie a été grippée au plan des réalisations des infrastructures, elle a été parfaitement bien huilée sur le terrain des fournitures militaires. A telle enseigne qu’au salon du Bourget, l’année dernière, sa petite majesté a été en pourparlers avec François Hollande pour « un prix négocié » d’un chasseur Rafale. Tout cet arsenal ne visait pas l’engagement absurde contre Daesh. Sa petite majesté a paré à toutes les éventualités : briser dans le sang émeutes et toutes autres formes de rébellion en 2016. Et c’est là que se lit le plan de sa petite majesté ABO.

Il s’ouvrira à un dialogue a minima, mais après s’être imposé grâce à de pseudo-élections. D’où sa réticence à ouvrir un dialogue inclusif avant leur tenue. Car, incontestablement, un agenda des plus importants sera le toilettage des instruments électoraux (Code, liste, institutions, etc.). Comment irait-il à une élection transparente et crédible qui serait perdue d’avance ?On s’en doute, un dialogue après ne remettra plus en cause son siège. Mais sa petite majesté se trompe dans ses calculs. Malgré l’assurance des 150 000 inscriptions frauduleuses d’Akanda et d’Ikoy-Tsini.

Son plan ne vaut que si son camp est uniforme. Or, rien de nouveau ne s’y passera pour sa cohésion. Les récents discours du président de l’Assemblée nationale en disent long. Les fractures sont réelles et elles vont s’accentuer dans les deux ou trois mois qui se profilent. Il n’est pas certain que la clause de la « candidature naturelle » soit respectée au Parti démocratique gabonais (PDG).

Sa petite majesté a aussi parié sur les discordes dans l’opposition pour se placer dans une position des plus confortables. Ce plan ne marchera pas non plus. Pour la simple et bonne raison que les camps sont désormais marqués de ce côté là aussi.

Le président du Front, Pierre André Kombila (PAK), actuel leader de la plus grande base de l’opposition, vient de rappeler ses troupes à l’ordre. En vue de la résistance à ABO. Un autre groupe-la firme- peut poursuivre son vœu d’accompagner SPM dans ses visées hégémoniques. Et l’y aider même. Estimer même qu’il peut le suivre dans l’organisation du chaos en se procurant des armes comme certains le prétendent obnubilés par la soif insatiable d’arriver au pouvoir. Pour ceux-là comme pour SPM, le Gabon ne vit pas en vases clos.

Le Front, qui a déjà annoncé les couleurs de la résistance face à l’autisme d’ABO, rassemble les atouts pour le pousser dans ses derniers retranchements et, certainement, à la démission. Pour faits, le Front de PAK a lancé un contre-mot d’ordre à propos des inscriptions sur les listes électorales. Pour faits aussi, il n’y a pas d’affluence.

Quant à sa petite majesté Ali Bongo Ondimba et la firme : la communauté internationale appréciera leurs projets d’enflammer le Gabon. Mais dans tous les cas, ce sera « lui, ou nous ».

Article publié le 11 Janvier 2016

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