

La conférence de haut niveau, «Quand les médias créent la paix : une exploration des rôles et responsabilités des médias dans les processus de consolidation de la paix», organisée du 25 au 26 janvier dernier par l’Institut des Nations Unies pour la Formation et la Recherche (Unitar) en collaboration avec le gouvernement gabonais, a été l’occasion pour les participants de militer pour une presse dont la mission est de garantir la stabilité sociale des Etats. Durant ces assises, la presse et les personnalités politiques et du monde diplomatique ont exploré la responsabilité des médias sur la consolidation de la paix dans le continent africain en général et en Afrique centrale en particulier, baignant dans un climat quasi permanent de conflits parfois armés.
Ainsi, «en période de conflits, les médias constituent un lien unique entre les gouvernements et les citoyens». Et là, ils jouent alors un rôle crucial et doivent faire le choix de conserver leur responsabilité de reporters ou de devenir des avocats de la guerre. Car, trop souvent, les hommes des médias plongent dans la propagande. «Le journalisme est donc mis à rude épreuve et les correspondants sont confrontés à de réelles problématiques telles que l’opposition, le patriotisme et le professionnalisme». C’est sur ces thématiques qu’ont été axées ces journées de réflexion.

Abdoulaye Bathily, Représentant spécial du Secrétaire général et Chef du Bureau régional des Nations unies pour l’Afrique centrale (Unoca), a noté que dans le cadre de la lutte contre ces menaces à la paix et à la sécurité, l’Unoca accorde une place primordiale aux médias, considérés comme des artisans et des architectes de la paix ainsi que des acteurs essentiels dans les processus de médiation et de sortie de crise. Il a encouragé les journalistes, « historiens du présent », à s’investir davantage dans ce journalisme de paix, en évitant de tomber dans le piège souvent fatal de la manipulation et de l’incitation à la révolte, à la division, à la violence ou à la haine. « Il n’y a pas que la radio des Mille collines, il y a aussi des journaux mille collines, des télévisions mille collines, des articles mille collines », a regretté le Chef de l’Unoca, invitant ainsi les journalistes à ne pas se servir de leur micro, de leur plume ou tout autre moyen de communication sociale pour exacerber les tensions ou pour faire l’apologie des crimes.
Le traitement de l’information en période électorale est un axe qui a retenu une large attention de la part des participants. Abordé par Tidiane Diop, cet exposé a rappelé aux journalistes l’exigence d’une rigueur sans faille et une expertise avérée.
Un événement qui est intervenu au moment où prévaut un climat morose entre les médias et le gouvernement au Gabon. D’une part, les éditeurs de presse ne sont toujours pas rentrés en possession de la subvention de l’année 2015 estimée tantôt à 500 millions de francs Cfa. Ni le ministère de la Communication, ni le trésor public ne semblent donner la moindre explication à ce sujet. Déjà, du côté des éditeurs très remontés, des supputations fusent. En fait, un rayon de soupçons est braqué sur le département de la communication que dirige Alain Claude Billie-By-Nzé. Sans compter d’autre part, les suspensions arbitraires par le Conseil national de la communication, CNC, de plusieurs organes de presse.
Toutefois, cet hymne au respect des règles d’éthique et déontologique réaffirme le rôle des médias dans la formation de l’opinion et dans la construction de la paix sociale, de la cohésion et de l’unité nationale avant, pendant et après les processus électoraux.
Aria Starck
Article publié le 27 Janvier 2016