

La prison centrale de Libreville ne cessera jamais de faire parler d’elle. Après l’évasion spectaculaire du 8 novembre 2015, le tour est venu à ce milieu carcéral de montrer à la face du monde le traitement inhumain auquel sont soumises les détenus. Le scandale a été déclenché il y a quelques jours par nos confrères de france24.com, qui ont fait connaître, avec des photographies à l’appui, la vie exécrable des prisonniers au sein de la prison centrale de Libreville, divisée en secteurs qui sont scindés en plusieurs cellules appelées couramment quartiers.

Le traitement des prisonniers dans ce milieu carcéral serait presque le même dans tous les quartiers, sauf que la violation des droits humains est beaucoup plus flagrante dans le quartier dit ‘’Chine populaire’’ avec une surpopulation carcérale criarde. Là-bas, le nombre des détenus avoisinerait les 400 personnes, bien au déla des moins de 100 détenus autorisés. Livrés à leur propre sort, les détenus doivent ferrailler pour se faire une place pour dormir, d’autant plus que les cellules refusent du monde. Chaque cellule compterait 20 à 21 prisonniers, contre 4 à 5 en temps normal. Ce qui fait que les nouveaux venus sont souvent obligés de passer la nuit soit à même le sol, soit entassés les uns sur les autres. Il s’agit là d’une dérive intolérable du ministère de tutelle, doublée d’une violation flagrante des droits de l’Homme.
Les mauvaises conditions des prisonniers ne se limitent pas seulement qu’aux structures d’accueil. Elles s’étendent dans tous les domaines.Car outre la promiscuité dans les lieux de détention, la situation reste lamentable dans l’offre en vivres et en soins de santé. Le service de restauration de la prison n’est nullement structuré. Pour se nourrir, les prisonniers sont livrés à eux-mêmes. Ils sont tenus à se débrouiller à cuisiner tout seul, en faisant usage d’ustensiles à la limite du moyen-âge. C’est dans les marmites communément désignées « cocotte», truffées de rouille pouvant provoquer des cancers, que la cuisson des aliments se fait. Ces récipients, fabriqués à base de la tôle, sont décrits comme produit dangereux pour la santé. Ce qui avait d’ailleurs emmené le président de la République à prendre en conseil des ministres, la mesure interdisant l’utilisation ou la vente de ces marmites sur toute l’étendue du territoire national. Mais curieusement, la mesure présidentielle n’a pas droit de citer dans l’enfer de la prison centrale de Libreville.

L’eau serait une denrée rare pour de nombreux prisonniers qui passeraient cinq à six jours sans ce précieux liquide indispensable à la satisfaction des besoins primaires. Ces mauvaises conditions de vie auraient déjà entrainé depuis 2010 la mort de plusieurs détenus dont la plupart proviendraient du quartier dit ‘Chine populaire’’. Ces traitements inhumains sont davantage soutenus par le refus de rendre accessible les soins de santé aux prisonniers. Il y a deux ans, un homme de 40 ans, Bernard Mikolo avait trouvé la mort suite à une négligence médicale. Ce dernier avait tenté de se soigner à l’infirmerie de la structure pénitentiaire. Mais, on lui avait refusé l’accès. Le pasteur Mihindou, originaire de Lambaréné a lui aussi fait les frais de sa présence dans ce milieu carcéral. Il avait succombé à une bastonnade que lui auraient infligée les matons.
« J’y ai passé trois mois, mais j’ai vu des choses atroces », a déclaré un ancien détenu nouvellement sorti de prison.
Mbombet-A- Gnague
Article publié le 14 Janvier 2016