

Vers qui les victimes de la micro-finance BR Sarl doivent-ils désormais crier au loup ? Cette interrogation pourrait résumer la situation actuelle à laquelle sont confrontés les épargnants floués de la BR Sarl. Semblable au Watergate, cette « affaire de gros sous » impliquerait, semble-t-il, des ténors de la Présidence de la République au point que jusqu’ici la « tête » du pasteur récidiviste, Yves de Saint Mapackou, soit toujours recherchée.
Plusieurs semaines après que le ministère de l’Economie eut clarifié l’opinion, et en particulier les victimes flouées de la micro-finance BR Sarl par des voies autorisées, que «dans le cas d’espèce, ni l’entreprise citée, c’est-à-dire BR Sarl, ni ses dirigeants n’ont obtenu des agréments délivrés par le ministre de l’Economie. Cette entreprise et ses dirigeants sont donc poursuivables et seront effectivement poursuivis pour exercice illégal de l’activité de micro-finance, en plus de la tromperie aux dépens des compatriotes qui ont cru en leur publicité mensongère ». Sur cette même affaire, le ministre de la communication, porte parole du gouvernement, Alain Claude Bilié-By-Nzé, lors de l’une de ses traditionnelles conférences de presse, avait clairement indiqué que le « Gouvernement n’a pas vocation à indemniser les gabonais qui se font avoir par des escrocs ». Des déclarations choquantes mais qui, au fond, ne reflètent que la posture du gouvernement dans cette de « filouterie à grande échelle ». Toute chose qui expliquerait la fourberie du gouvernement émergent autour de l’affaire BR Sarl. C’est clair comme de l’eau de roche que l’équipe du Pr Daniel Ona Ondo n’indemnisera aucun épargnant floué dans cette affaire. Le collectif des épargnants qui espérait que le gouvernement gabonais allait entreprendre l’extradition du principal suspect de cette escroquerie, Yves de Saint Mapackou, en cavale à Abidjan, ne sait plus à quel saint se vouer.
Il y a lieu de rappeler au « porte-parole du mensonge » pardon, du gouvernement, que deux raisons essentielles, brandies par les épargnants floués, expliquent la persistance du collectif à se tourner désormais vers ce dernier. La première raison est le besoin ardent que justice soit faite si tant est que le parquet de Libreville se soit saisie de cette affaire. La réalité est tout autre comme on peut le constater. C’est plutôt des référés du procès prétextant l’absence sur le territoire national d’un des principaux acteurs. La deuxième raison est d’obtenir réparation de la part de l’Etat qui a autorisé, de quelque manière que ce soit, qu’un repris de justice, muni des autorisations officielles, puisse ouvertement arnaquer les gabonais. C’est donc au nom de la crédibilité de l’Etat qui se veut sérieux, au travers des ministères de la République, que le gouvernement est dans l’obligation de mettre en œuvre des modalités visant à indemniser les victimes.
Convaincus de la complicité tacite ou ouverte du gouvernement dans cette escroquerie, pour avoir délivré toutes les autorisations nécessaires à BR Sarl, le collectif des épargnants a décidé d’assiéger le ministère de l’Economie, mi-février dernier, bien que les forces de police nationales, désormais devenues un instrument de répression par excellence, avaient déjà envahi les lieux. Une action qui visait sans doute à interpeller, pour la énième fois, Ali Bongo qui avait dit n’être heureux que lorsque les gabonais le seront aussi. Près de 900 clients floués, et donc 900 ménages par conséquent à l’agonie, détroussés sans vergogne. Au ministère de l’Economie de prendre ses responsabilités, même si aujourd’hui il tente vainement de se dédouaner.
Nedjma leMonde
Article publié le 24 Février 2016