

« Je reconnais avoir voté ce monsieur et l’avoir fait voter en 2009. Mais, je réalise aujourd’hui que je me suis trompé, je me suis lourdement trompé. Tout le monde peut se tromper, tout le monde peut faire une erreur, mais il est temps que nous réparions l’erreur que nous avons commise » C’est en ces termes que Frédéric Massavala, ancien conseiller politique d’Ali Bongo jusqu’à un passé récent, s’est exprimé lors d’une causerie politique organisée par le président du Mouvement patriotique et démocratique pour la refondation de la République, MPDR, Jean François Ntoutoume Emane. Ce digne fils de la commune de Fougamou, dans le sud du pays, a comparé les vagues démissions que ne cesse d’enregistrer le PDG au pouvoir, à des femmes qui quittent un homme : « Si un homme divorce d’une première femme, on dira que c’est la femme qui est mauvaise. Si l’action se répète avec une deuxième, on accusera toujours la femme. Avec une troisième, on dira que cet homme n’a pas de chance. En réalité, les femmes n’ont aucun problème. L’homme est le seul responsable de ce qui lui arrive, il est le véritable problème ». Ali Bongo ne doit s’en prendre qu’à lui-même et non aux personnes qui démissionnent du PDG. Son bateau est en train de couler. Interpellant le peuple à plus de responsabilité et de vigilance, l’ancien ministre n’a pas manqué de reconnaître que le Gabon est très malade. « Le Gabon est malade, ce n’est pas le Japonais, le Chinois ou quelqu’un venant d’ailleurs qui viendra régler les problèmes du Gabon. C’est vous, c’est moi. Il est temps de nous lever pour régler les problèmes de notre pays. »
Revenant sur la gestion calamiteuse du pays, sur les promesses faites par Ali Bongo depuis sept ans, Frédéric Massavala a dit qu’il était temps de faire partir Ali Bongo. « Si le président ment à ce point au peuple, il reste une chose, le faire partir. » Le président avait déclaré qu’il fait ce qu’il dit et il dit ce qu’il fait. Si cela était vrai, le Port Môle ne serait pas un tas de sable, la route Libreville-Ntoum, à peine 40 kilomètres, ne prendrait pas sept ans pour sa construction. Si pour 40 kilomètres on met sept ans, on n’ose même pas imaginer combien de siècles il faut pour couvrir tout le pays en routes bitumées. Si c’était vrai, alors l’école de Booué serait déjà opérationnelle, les universités de Port-Gentil, Mouila et Oyem existeraient déjà. Les barrages sur les chutes de l’Impératrice Eugénie à Fougamou, de Fe2 à Mitzic et le commissariat de police de Mayumba seraient en cours.
« Si nous avons un sentiment de honte, si la honte pouvait être partagée, les Gabonais n’auraient pas besoin de faire partir le président. Lui-même comprendrait qu’il a échoué et parlerait à son peuple. Mais comme la honte n’est pas partagée et la honte ne tue pas, il va essayer de se maintenir de gré ou de force. Mais qu’il sache que le jour où le changement se fera, quoi qu’il fasse, rien ne marchera », a-t-il conclu.
SBM
Article publié le 12 Février 2016