
Lors du dernier conseil des ministres délocalisé du côté de Nkok, dans la banlieue de Libreville, courant la première semaine du mois de février, Ali Bongo a promis aux gabonais de créer à partir de l’année prochaine, 20.000 emplois par an. Quand on sait ce qui est advenu des 5.000 logements par an, promis par ce dernier lors de la campagne de la présidentielle anticipée de 2009, on ne peut que se demander de qui se moque-t-on ?
Au début de son mandat, Ali Bongo avait annoncé la construction de 5.000 logements par an. Mais après sept ans de tâtonnement, c’est seulement 872 maisons qui ont été livrées, alors que des milliers de gabonais espéraient entrer en possession d’une de ces demeures tant vantées.
Aujourd’hui, Ali Bongo compte remettre les couverts en promettant de créer 20.000 emplois par an. Ce qui signifie qu’il va ajouter 20% d’employés chaque année au nombre total d’employés répertoriés à la CNSS. Si le Gabon n’a pas pu créer des emplois avec une croissance de 6% entrainée par un baril à 120 dollars, comment Ali Bongo va-t-il s’y prendre pour créer 20.000 emplois par an quand le baril est à 20 dollars et le taux de croissance économique à 2% ?
La construction de 5.000 logements par an ou la création de 20.000 emplois par an, sans jamais donner une feuille de route précise sur les stratégies qui lui permettront de réaliser ses promesses, apparaît encore comme des promesses utopiques, voire mensongères. A huit mois de la prochaine élection présidentielle, Ali Bongo est encore loin d’avoir réalisé sa promesse électoraliste d’il y a plus de 6 ans, et s’engage déjà sur de nouveaux chemins tortueux. Le gouvernement assure que l’attribution de plus de 12.000 autres logements se fera dans les prochains mois, tout en imputant honteusement à la crise du pétrole, le déficit accusé de 35.000 logements promis par Ali Bongo. Alors, comment compte-t-il créer des emplois avec une économie vacillante?
Mays Mouissi, économiste gabonais, spécialiste de sécurité financière démontre dans sa chronique économique avec chiffres et preuves documentés à l’appui, l’impossibilité de la réalisation de cette annonce d’Ali Bongo. A celui qui annonce urbi orbi briguer un second mandat de sept ans lors de la présidentielle de cette année, le jeune économiste déclare : « La création d’emplois dans une économie est corrélée à la croissance continue de son PIB, donc de sa richesse nationale. Plus la croissance enregistrée est inclusive, plus les effets sur l’emploi sont bénéfiques. Au Gabon, la dépendance vis-à-vis du secteur pétrolier fait que la croissance est souvent tirée par les cours du brut quand ils grimpent et ralentit dès lors qu’ils baissent. Le secteur hors pétrole n’est pas encore suffisamment robuste pour assurer la résilience de l’économie gabonaise aux fluctuations des cours du pétrole ».
Il poursuit en affirmant que : « Pour résumer, sur une période de 5 ans, avec un taux de croissance moyen de 4.24%, le Gabon n’a pu créer chaque année que 6 313 emplois privés formels. La création d’emplois publics est exclue du champ de l’analyse, puisque le Président gabonais a estimé, à raison, que la fonction publique n’était plus en capacité d’absorber de nouveaux personnels. » Dans cette optique, rien ne pourrait accréditer la création de 20.000 emplois privés formels à court terme. Encore une fois, Ali Bongo s’est fourvoyé en faisant une promesse qu’il lui sera impossible de tenir, d’autant que cette annonce intervient à quelques mois de l’élection présidentielle au Gabon. On comprend aisément que le probable candidat Ali Bongo Ondimba fait plein de promesses en l’air, pour engranger des voix face au candidat déclaré Jean Ping, dont l’investiture samedi 13 février dernier, par une partie du Front de l’opposition pour l’alternance, a mis hors de ses gonds la Présidence de la République gabonaise. L’annonce faite à ce sujet par RFI, le 16 février dernier, est suffisamment éloquente.
Il faudrait donc que « Le président Ali » et son gouvernement agissent sérieusement, au lieu de distiller des effets d’annonces ineptes. Qu’ils présentent des projets viables, bien ficelés, au lieu de balader les gens prématurément sur des terrains vagues en leur promettant la lune, pour in fine ne faire que 10% de ce qui a été promis. Ce qui est absolument inadmissible !
Ali Bongo aurait-il oublié que l’heure du bilan a sonné ? Et qu’aujourd’hui, le peuple est en attente d’explications claires de ce qu’il a fait des milliards de francs Cfa, de l’argent public, grassement dépensés pour des financements démesurés.
Aria Starck
Article publié le 17 Février 2016