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DIALOGUE NATIONAL SANS EXCLUSIVE : trois questions à Marc Ona Essangui, acteur de la société civile

DIALOGUE NATIONAL SANS EXCLUSIVE : trois questions à Marc Ona Essangui, acteur de la société civile
MARC ONA
Marc Ona Essangui, figure de proue de la société civile gabonaise

ECHOSDUNORD.COM : Marc Ona Essangui, bonjour ! Le président Ali Bongo Odimba vient enfin d’accéder à l’aspiration populaire visant à la tenue d’un dialogue nation sans exclusive et sans tabou, dont l’objectif recherché est la remise du pays sur les rails de la bonne gouvernance et du développement. Votre réaction à chaud !

MARC ONA ESSANGUI : Bonjour et merci pour votre marque d’intérêt. Disons que ce n’est pas une surprise pour moi et pour bien d’autres, qui avons travaillé depuis plusieurs mois pour parvenir à cette décision. Le plus important pour nous n’est pas le cadre de discussion, c’est-à-dire le Conseil national de la démocratie, CND, mais plutôt l’opportunité offerte aux gabonaises et aux gabonais de débattre des problématiques de l’heure portant sur l’avenir du pays. Au cœur de ces discussions se trouve en bonne place le processus électoral, source  de nombreux conflits, parfois armés, consécutifs à la mauvaise organisation des élections. Si donc ces assises peuvent nous permettre de prévenir des risques, comprenez que nous ne pouvons que saluer son organisation, surtout quand on a été à la pointe de son ouverture à toutes les sensibilités du pays, disons, à toutes les forces vives de la Nation. Un plaidoyer qui a abouti à la mise en route d’un dialogue inclusif, contrairement aux discussions fermées à la seule classe politique, comme le prévoient les textes du  Conseil national de la démocratie, CND.

Maintenant, pour pouvoir discuter au sein du CND, il nous faut impérativement revoir les textes, en les adaptant aux attentes de l’heure, c’est-à-dire, aux aspirations sociopolitiques du moment. C’est vous dire l’impérieuse nécessité de dépoussiérer les textes actuels avant le début des discussions.

EDN.COM : Après le flop de la conférence nationale dont le caractère souverain des travaux a été enterré par le régime PDG au pouvoir, au mépris de la volonté populaire, certains restent sur leur garde. Quel est votre message d’optimisme, disons, face à ‘’ces chats échaudés qui craignent l’eau froide’’?   

M.O.E : Vous parlez de 1990 ! De 1990 à 2016, beaucoup d’eau a coulé sous le pont. Le gabonais de 1990 n’est pas le gabonais de 2016.  Je crois que le paysage politique a suffisamment évolué et les acteurs politiques de 1990, tant du pouvoir que de l’opposition, ont depuis lors revisité leurs copies. En somme, les acteurs ont changé et par conséquent, ce qui a été décidé en 1990 peut servir de leçon en 2016, pour éviter de reproduire les mêmes effets.

EDN.COM : Des interrogations fusent sur le sort qui sera réservé à Ali Bongo Ondimba, qui souffre d’acte de naissance authentique, et qui est par ailleurs auteur de faux en écriture et faux et usage de faux. Est-ce que au nom du compromis politique, il lui sera permis de faire entorse à la loi, en étant candidat à sa succession ?

M.O.E : Eh bien ! Il y a des institutions qui sont là, et il faut qu’elles jouent leur rôle. C’est pourquoi nous en appelons à l’instauration de l’Etat de droit, pour éviter la survenue de la justice populaire où l’Homme de la rue serait obligé de s’inviter dans le règlement d’une question de faux acte de naissance. On a des institutions habilitées à trancher ce problème. Et maintenant,  si elles ne veulent pas faire leur travail, nous aviserons !

Pour le moment, nous pensons que le dialogue national sans exclusive sera l’occasion d’aborder les questions relatives à l’instauration de l’Etat de droit. Et pour revenir sur votre question, disons que ce sur quoi Monsieur tout le monde peut se prononcer, ce sont les questions de gouvernance économique et politique. Pour ce qui concerne la vie privée des uns et des autres, les délits commis par un citoyen, fût-il Chef de l’Etat, il y a des instances qui ont qualité pour se prononcer là-dessus.

Maintenant, nous ne pouvons envisager d’autres mesures qu’après constat de l’incapacité de ces institutions à dire le droit !

EDN.COM : Marc Ona Essangui, merci !

M.O.E : C’est moi qui vous remercie !

Propos recueillis par : Paul Davy

Article publié le 01 Mars 2016

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