EDITORIAL : Que fait l’opposition ?

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Désiré Ename

Par : Désiré Ename

Congrès par ci ! Désignation de candidature par là ! L’on se demande avec qui et contre qui cette compétition va avoir lieu. Et dans quelles conditions.

L’on n’aura jamais de cesse de rappeler les exigences de cette opposition qui posait comme préalable principal la crédibilité des élections en premier lieu. En deuxième lieu, la régularité des documents de naissance de sa petite majesté SPM) tropicale Ali Bongo Ondimba. Puis en troisième lieu, la convocation d’une conférence nationale souveraine, qui, depuis lors, s’est muée en dialogue inclusif et sans tabou. Condition sine qua non à la tenue desdites élections dans le pays.

L’opposition poussait ces exigences jusqu’à poser la nécessité de la destitution de l’actuel occupant du fauteuil du Bord de mer pour parjure. Ce à la suite des actes d’état civil successifs sortis de Nantes et qui se sont ajoutés à celui établi par la mairie du 3e arrondissement de Libreville en 2009.

Pour justifier ladite destitution, les articles 10 et 70 de la Constitution ont été invoqués. L’article 10 relatif aux conditions d’éligibilité et l’article 70, conformément à la convocation de la Haute Cour de justice, au cas où il se trouverait une défaillance liée à la conformité de l’occupant du fauteuil présidentiel et cet article 10. A l’analyse des juristes, la littérature sortie des archives de Nantes laisse augurer de la nécessité de questionner SPM tropicale sur sa conformité à ces dispositions légales.

C’est fort de cela et de la précision de la règle de droit que le Front, dans sa composition originelle, prescrira dans sa charte la voie de la destitution comme une nécessité préalable à la tenue de toute élection. C’était en juillet 2014. Au fil des mois, le chant des sirènes a été plus fort que les termes arrêtés d’un commun accord. Et l’on a vu les uns et les autres s’emballer et se mettre à courir, vu la frayeur que leur causait le temps qui passait. Que ceux-là qui ont de nature la duperie et le non respect des engagements se confortent dans celle-ci est une chose. Mais que d’autres, qui se sont dits fidèles à leurs engagements, craquent laisse perplexe quant au sérieux de cette opposition.

Il serait temps que l’opposition, toute l’opposition, révise globalement sa position et revienne aux fondamentaux. Car croire qu’une élection, dans les conditions actuelles, serait productrice d’alternance est illusoire et d’une naïveté juvénile. Nous n’égrènerons pas ici les réalités sur l’organisation, qui sont des évidences pour tous. Chacun, dans son for intérieur, sait que y aller sera non pas valider une imposture, mais il s’agira ni plus ni moins que de la consacrer. L’on entend aussi certains dire que le peuple est prêt et qu’en cas de coup d’Etat électoral, il est déterminé à reprendre sa victoire par la révolte. Une autre illusion. Qu’on nous dise à quelle période de l’histoire du Gabon ce peuple, après les coups d’Etat électoraux de 1993, 1998, 2005 et 2009, a spontanément manifesté, et ce durablement jusqu’à ce qu’il fasse entendre sa cause. Que les uns et les autres reviennent à la réalité. La réalité, c’est la bataille préalable.

La réalité aussi, c’est la brèche que vient à nouveau d’ouvrir le parquet de Nantes, qui, même pas à mots voilés, mais avec une clarté déconcertante, vient de déclarer, dans un courrier, que « les faux et usages de faux ont été accomplis au Gabon à la faveur de l’ouverture de la succession ». A partir de là, SPM tropicale est plus qu’en devoir de s’expliquer sur cette situation de « faux » qui entache l’histoire de son état civil. Cela concerne au premier chef l’opposition. Mais également l’ensemble des Gabonais, car l’on ne peut se satisfaire de se voir diriger par un chef de l’Etat à la situation administrative aussi floue que mafieuse.

Sauf à comprendre que tout cela, qui cadre de fait avec le respect scrupuleux de la loi, n’est qu’accessoire. Que SPM tropicale Ali Bongo Ondimba, dans la phase actuelle où il a commencé sa campagne sur une plateforme démagogique d’égalité des chances, peut tranquillement poursuivre son magistère sans que cela gêne qui que ce soit. Est-ce le message que l’opposition est en train de délivrer aux Gabonais ? Cela aussi mérite clarté. Car lorsqu’on se presse d’organiser des congrès, des conventions et des désignations à la candidature, c’est que l’on estime que tout va pour le mieux. Et donc que cette élection peut effectivement se tenir en août prochain.

Que l’opposition l’explique aux Gabonais. Cela devient un autre préalable.

Article publié le 01 Mars 2016

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