EDITORIAL : L’éternel amateur !

Posté le 07 Mar 2016
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Désiré Ename

Par : Désiré Ename

Nous n’avons pas troqué sa petite majesté (SPM) tropicale, Ali Bongo Ondimba, par « l’amateur ». Juste que la circonstance déterminant le gros de l’action humaine, les événements au Gabon cette dernière semaine offrent une occasion exceptionnelle de le rebaptiser momentanément. Il est inhabituel, dans l’action humaine, d’enchaîner autant de déconvenues. C’est inédit.

SPM tropicale a cru faire un grand coup en annonçant sa candidature. Sans certainement mesurer les conséquences. D’abord ce que lui inflige désormais l’article 11 de la Constitution (Cf. analyse de Gabon Démocratie en page 8). Ensuite en enchaînant, par une convocation du comité permanent du bureau politique et du bureau politique, dans la foulée de cette annonce. Situation incompréhensible de la part d’un chef de l’Etat. Un empressement qui laisse lire une peur plutôt qu’un schéma tactique.

L’affaire n’a pas marché, car des bruits qui nous sont parvenus de ces conciliabules où, au comité permanent par exemple, des indiscrétions glanées ça et là décrivent une toute petite majesté qui est sortie de ses gonds et a laissé échappé une colère noire contre ses contradicteurs. Mais cette déclaration va lui rester en travers de la gorge.

Pour tout dire, les blocs PDG-dur d’un côté et Héritage et Modernité (H&M) de l’autre n’ont pas apprécié ce que les uns et les autres ont appelé « un passage en force ». Du coup, ces groupes se sont radicalisés et, à ce qu’il semble, entendent le faire savoir dans les jours ou semaines à venir. La démarche de SPM tropicale a manqué de « cohérence et de clarté », tel qu’on le lira dans un Tweet.

Aussi les réactions ont-elles commencé à se faire jour. La quasi-totalité des congrès provinciaux ont vu l’absence de nombreux ténors. Dans l’Estuaire, pas de Michel Menga et d’Alexandre Barro Chambrier. Le plus surprenant est, semble-t-il, l’absence de Nzouba Ndama au congrès de l’Ogooué-Lolo. Cette situation est d’autant plus grave que ces ténors ont leurs lieutenants, leurs affidés et sympathisants. Toute chose qui voit le camp du « père La Bourde » s’effriter. Et le bal n’a même pas encore commencé.

D’aucuns se demandaient ce que feront H&M. Ceux-là doivent d’ores et déjà se mettre en tête que ce bloc n’est plus au stade des humeurs, comme on a voulu le faire croire. Les signaux donnés le week-end écoulé montrent à suffisance que SPM tropicale alias « l’amateur » ne commence pas qu’à vaciller. La faille s’élargit et s’élargira davantage. Ce qui veut clairement dire que ce bloc H&M est en train de confirmer ce qui a été sa position ces derniers mois : l’intransigeance et la fermeté. Il faut donc croire qu’il est vain de penser qu’ils se déjugeraient. C’est à bon entendeur.

L’équation Nzouba Ndama. Il était mieux pour SPM tropicale de ne pas avoir à devoir la laisser se poser. Car il ne la résoudra pas. « Le petit-là », comme l’avait appelé Jean Eyeghe Ndong, ancien Premier ministre, a malheureusement égaré la clé qui lui a donné l’accès à la présidence de la République. Oubliant que les vieux ne perdant jamais rien, Moukombo, ce vieux-là, a conservé son double. Or, un limier de la Françafrique a coutume de répéter à ses interlocuteurs que la clé qui ouvre est aussi celle qui ferme. On peut encore discuter entre générations, mais un vieux, quand on le blesse, se recroqueville toujours dans ce qu’il a de plus cher : son honneur. Cela SPM tropicale et ses jeunes qui ont décidé de ne point faire du neuf avec du vieux vont l’apprendre à leur dépens.

De là, qu’augurent les jours qui viennent ? Les observateurs de la vie politique gabonaise que nous sommes voient un tableau très sombre pour l’avenir du PDG et de la sérénité en son sein. De deux choses l’une : soit SPM tropicale va rester avec son bout de PDG, soit il en sera dégagé. Incontestablement, SPM tropicale est dans la tourmente. Il fait juste semblant ces temps-ci de ne pas le laisser transparaître. Mais tout le monde voit qu’il n’est plus serein.

Quant à sa candidature, SPM tropicale Ali bongo Ondimba vient de confirmer ce qu’avait dit de lui AMO : un éternel amateur. Il suffit de regarder les conséquences de son annonce. Comment, investi par un parti politique en 2009, n’a-t-il pas eu la décence de reprendre cette voie ?

La peur l’a gagné et principalement la peur de voir se concrétiser ce qui était dans l’ordre des supputations : une candidature face à lui et l’exigence de H&M de réformer les statuts en les adaptant à la Constitution. Celle-ci dit qu’il faut avoir quarante ans révolus pour être candidat aux élections. Un parti dit moderne ne devait-il pas adapter cette réalité constitutionnelle à ses textes ?

Article publié le 08 Mars 2016

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