
Après le scandale de l’hôpital Laquitine de Douala, au Cameroun, qui a défrayé la chronique en mars dernier, voici que de sages-femmes gabonaises en poste à l’hôpital régional de Melen, à Libreville, ont opposé une fin de non-recevoir le 7 avril dernier, à une parturiente, pourtant assurée à la Caisse nationale d’assurance maladie et de garantie sociale, CNAMGS. Le refus de la parturiente de débourser la somme de 10.000 francs Cfa pour sa prise en charge, serait le mobile de ce scandale de trop en milieu hospitalier dans la sous région.
La victime, une femme de plus de 40 ans, accompagnée par sa mère, arrive à l’hôpital régional de Melen ‘’en plein travail’’. L’affaire se complique lorsque les sages-femmes lui réclament de l’argent. La dame qui sait que les femmes enceintes sont prises en charge à 100% par l’assurance CNAMGS, refuse d’obtempérer. Les accoucheuses répliquent qu’au vu des antécédents gynécologiques de la parturiente, celle-ci aurait dû subir une césarienne. Prise de contraction et face à l’extrême urgence, c’est son accompagnatrice qui va procéder à l’accouchement sur la pelouse de l’établissement sanitaire, sans aucune assistance médicale.
La carte inopportune de la victimisation
Le manque de matériel, notamment l’oxygène, et les antécédents médicaux sont les prétextes servis par les autorités compétentes pour justifier le refus de l’hôpital de prendre en charge la quadragénaire.
Le secrétaire général du ministère de la santé, Léandre Assongo, fait savoir que les carences en dotation des structures hospitalière publiques sont dues à la baisse du budget alloué. De plus, s’agissant de l’hôpital de Melen, le centre hospitalier n’a pas été doté d’ambulance depuis trois ans.
Il n’en demeure pas moins qu’au nom du principe d’assistance à personne en danger et du Serment d’Hippocrate, la parturiente devait être assistée par le personnel de santé pour que son enfant vienne au monde dans les conditions respectables. Puis, conduite vers une autre unité de soins pour la prise en charge.
L’intolérable est devenu la règle, sans que personne ne s’en émeuve. Le non-respect des droits fondamentaux et la pratique à tout-va d’enrichissement personnel, sont devenus la norme. La pratique est courante dans tous les secteurs de la vie sociale. Signe des temps, pour obtenir un service, même gratuitement offert par l’administration publique, il faut « mouiller la gorge». Et les hôpitaux publics n’échappent pas à la gangrène.
Depuis la survenue de ce drame, le Vice- Premier ministre en charge de la santé, Paul Biyoghe Mba, aurait dû démissionner, face à l’incapacité de ses services à permettre l’accès du plus grand nombre aux minima sociaux, à l’instar de structures hospitalières de base.
Imony Kombile Giowou
Article publié le 13 Avril 2016