Son acte de naissance a été signé les 27 et 28 avril dernier à Libreville, à la faveur d’un double évènement, marquant d’entrée le congrès extraordinaire du Conseil pour le salut de la République, CSR, placé sur le sceau du changement de dénomination. Des travaux qui se sont mués ensuite en congrès constitutif de Démocratie nouvelle, DN.
Sans surprise, c’est René Ndemezo’o Obiang, ancien baron du Parti démocratique gabonais, PDG au pouvoir, qui a été hissé à la présidence de Démocratie nouvelle. Il est à la tête d’un nouveau national composé de quatre vice-présidents, tous proches du candidat déclaré à la présidentielle, Jean Ping. Citons Fulbert Andzembe, ancien directeur général de la Beac, John Nambo, Radegonde Djeno, unique femme et Jean Pierre Ndougou Lekambo, frère aîné de feu député Daniel Kombe Lekambo, mort récemment dans un accident de la route lors d’une tournée politique dans la province de la Ngounié.
Un bureau national directement épaulé par un bureau politique qui intègre de noms certes bien connus mais au poids politique à affiner, à l’instar de l’activiste politique, Gervais Amogho, membre associé à la première représentation locale du mouvement clandestin, Bongo doit partir, BDP, John Joseph Mbourou, communicateur émérite, ancien directeur général d’Africa N°1 et homme lige en son temps de feu Georges Rawiri, premier président du Senat. Notons également la présence d’un certain Hubert Minang, fraichement démissionnaire du PDG au pouvoir, ancien directeur de la programmation au ministère du plan et depuis novembre dernier, promu contrôleur budgétaire au ministère des finances. Dans la liste des soutiens irréductibles à Jean Ping s’étant taillé une place de choix, l’on peut noter par ailleurs la présence parmi les secrétaires nationaux, d’une Véronique Essomeyo, qui se voit octroyer la solidarité et les affaires sociales, outre Jonathan Ndoutoume Ngoye, porté à la communication, doublée de la casquette porte parole de DN.
Des nombreux élus locaux et nationaux associés aux «secrets des dieux » n’ont pas été promus à dessein dans les instances dirigeantes, au nom des dispositions de la loi qui interdissent à tout élu sous l’étiquette d’indépendant, d’adhérer en cours de mandat à un parti, sous peine de perdre ce mandat. Un verrou réglementaire qui explique la mise à l’égard pour l’heure de certaines figures comme le maire de la commune d’Oyem, Vincent Essono Mengue et du sénateur du deuxième arrondissement de Libreville, Jean Eyeghe Ndong, tous associés de près au processus ayant permis d’enfanter Démocratie nouvelle.
A peine arrivé sur la scène, DN a aussitôt fait le choix du candidat Jean Ping, en lice pour la prochaine présidentielle. Une option matinale qui laisse visiblement transpirer un stratagème savamment planifié. En dépit de l’impréparation de l’environnement politique à l’organisation de scrutins apaisés, dénonçait DN dans une motion lue sur le tard de son congrès constitutif, cette formation politique naissante se paie le luxe de se jeter à l’eau lors de la prochaine présidentielle, sans exigences majeures. Ni le fichier électoral dénoncé biaisé, ni la liste électorale entachée d’irrégularités criardes, encore moins la posture d’imposteur d’Ali Bongo, disqualifié pour défaut de pièce d’état civil authentifiée, ne constituent des freins à la marche de DN vers le scrutin présidentiel, pipé soit-il.
Après les envolées tribunitiennes du congrès constitutif, place au pragmatisme de l’exercice de la politique.
Paul Davy
Article publié le 29 Avril 2016
