Mensonge d’Etat sur l’introduction massive d’armes de guerre au Gabon

armesPar : JMS

Le quotidien gouvernemental « L’Union », dans sa livraison de samedi 2 avril dernier, qualifie de « fausse affaire » l’indignation exprimée par tous les corps sociaux du Gabon, en apprenant qu’un avion ukrainien de type Antonov 12 avait débarqué des tonnes d’armes de guerre à Libreville le 6 avril au petit matin. Ce journal, sans doute sous la dictée des émergents, parle de « matériel militaire destiné aux militaires gabonais affectés en République centrafricaine » dans le cadre d’une mission de l’Onu. Malheureusement pour le pouvoir, cette raison ne convainc personne. Outre que l’Onu ne peut pas accepter une telle mise en œuvre lorsqu’il s’agit d’une opération destinée à ses troupes, mais en plus, les citoyens qui ont vu les hommes de troupes de l’armée gabonaise convoyer ce matériel de l’aéroport vers la caserne de la Garde républicaine (GR) n’ont pas été avares de confidences dans leurs quartiers respectifs. Certains y sont même allés jusqu’à poster sur les réseaux sociaux les détails de cette opération de débarquement. L’ordre de transférer ce matériel de guerre a été donné aux troupes jeudi 7 avril 2016 dans la nuit. Il fut exécuté aux environs de 22 heures. Ce sont plusieurs camions militaires de type Iveco qui ont assuré le transbordement. Tout ceci était revêtu du sceau du secret militaire. C’est dire si la communication du gouvernement en la matière était en tout point mensonger.

Le confrère « L’Union » a dû s’asseoir sur plusieurs principes chers à la profession pour accepter de s’associer à une telle opération de désinformation éhontée du peuple.

En effet, dans son courrier adressé au ministre des Transports, lettre n°00000943 MDN/CAB/CD datant du 23 mars 2016, le ministre de la Défense, Mathias Otounga Ossibadjouo, écrit : « Dans le cadre de l’équipement de la Garde Républicaine, une livraison urgente de matériel militaire est attendue à Libreville, le 06 avril 2016. » Au vu de cette lettre comment peut-on faire croire à l’opinion que cette cargaison était destinée au contingent gabonais de la Mission des Nations unies en Centrafrique (Minusca)? « L’Union » veut-il faire croire que le ministre de la Défense nationale ne maîtrise pas ses dossiers au point de confondre la GR et la Minusca? Ce serait d’autant plus inquiétant lorsqu’on sait qu’aucun élément de la GR ne participe à cette opération militaire en République centrafricaine. Ce qui veut dire qu’aucune erreur d’aiguillage n’était possible entre une commande destinée à la Minusca et une commande destinée à la GR.

Le traitement qui a été donné à ce dossier confirme qu’il s’agit bel et bien d’armes destinées à l’usage intérieur. Nos sources indiquent que le président de la République aurait pris son téléphone dans la nuit de mercredi pour passer un savon à son ministre des Transports, l’accusant d’être à l’origine des fuites. D’ailleurs, deux cadres de ce ministère, dont le secrétaire général, ont longuement été entendus par la Direction générale des recherches (DGR) à ce sujet. Le lendemain jeudi, le chef de l’Etat présidera une réunion consacrée au même sujet, au cours de laquelle le ministre des Transports a été une nouvelle fois cloué au pilori. Il faut avouer qu’il s’agit là d’une curieuse manière de traiter une question d’armes destinées à l’Onu.

Le plus catastrophique pour le pouvoir est que le mode opératoire retenu ne peut pas correspondre aux procédures de l’Onu. Les armes ont été commandées à une société ukrainienne, AD CON LT. En général, le matériel qui équipe les contingents de l’Onu provient des pays qui assurent le financement de la mission. Il ne saurait être question pour un contingent participant à cette mission d’aller se ravitailler chez un obscur marchand d’armes ukrainien, alors que ce pays ne finance pas la Minusca. Plus grave encore, l’Onu ne saurait prendre le risque de violer toutes les règles de sécurité édictées par l’aviation civile pour assurer l’approvisionnement de ses troupes. Car, depuis le 11 juin 2011, date du crash à l’aéroport de Libreville d’un Antonov affrété par DHL, ce type d’appareil est interdit de vol au Gabon.

Ali Bongo Ondimba et les siens doivent chercher d’autres raisons pour justifier le réarmement à outrance de la garde « Bongo », qui n’a de républicaine que le nom.

Article publié le 13 Avril 2016

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