

C’est sur son lit de patient du côté de l’Hôpital d’instruction des armées à Libreville, que Ralph Longo Ndongo, 33 ans, sergent à la Garde Républicaine, a confié à sa mère l’origine de son état agonisant. Le patient a ouvertement mis en cause le locataire de son grand-père. Selon ses révélations, le 22 mars dernier, le locataire agresseur, Jean-Claude Boukosson Moussavou Boukosso, 54 ans, aidé de son fils de 15 ans, l’aurait ligoté et copieusement battu. Toute chose à l’origine de sa mort, deux jours plus tard. Le théâtre des coups mortels est le domicile en location du grand-père de la victime, situé au quartier Haut de Guégué, dans le 1er arrondissement de Libreville.
Enclin à des problèmes mentaux par moment, le militaire avait l’habitude de se rendre au domicile de son « Papi » pour y faire du tapage, en cognant violemment sur les portes. Ayant vécu dans ladite maison, il n’acceptait pas que Jean-Claude Boukosson Moussavou Boukosso, contacté au départ pour effectuer différents travaux, finissent par y demeurer, sans vraisemblablement s’acquitter des frais du loyer.
Tout commence donc le 19 avril dernier, lorsqu’après une scène de trouble du comportement, le militaire ait été passé à tabac par Jean-Claude Boukosson Moussavou Boukosso. Il a fallu que sa victime prenne la poudre d’escampette pour échapper aux sévices corporels qui lui étaient infligés. Le locataire mis en cause lui aurait promis le pire, en cas de récidive. Au regard de la tournure des évènements quelques jours plus tard, tout porte à croire qu’il serait passé de la parole à l’acte.
Ainsi lors de la visite qui a précédé cette agression mortelle, le militaire a été surpris dans son boucan par le maître des lieux, Jean-Claude Boukosson Moussavou Boukosso, qui aurait organisé son lynchage. La victime a été ensuite maîtrisée, puis ligotée, avant d’être soumise à des traitements dégradants, notamment des brûlures à l’aide d’un chalumeau. Et c’est à quelques mètres de la gendarmerie de Gros Bouquet que son corps meurtri a finalement été abandonné.
DE LA MISE EN CAUSE A L’INCULPATION : Arrêté quelques jours plus tard, suite à une plainte de la mère de la victime qui n’a entendu parler de lui que le jour des aveux de son fils, Jean-Claude Boukosson Moussavou Boukosso déclare ne pas se reconnaître dans les accusations portées contre lui. Selon ses aveux, le militaire a été frappé mortellement ailleurs, puisque, poursuivait-il, il serait revenu le menacer le lendemain.
Le quinquagénaire serait arrivé à le ligoter et à le frapper juste pour lui faire comprendre qu’il était excédé de ses intrusions à son domicile. Il serait passé à l’acte après avoir alerté les parents de la victime qu’il connaissait. Même les gendarmes, visiblement avisés des imprécations, n’auraient pas bougé le petit doigt. Après avoir malmené sa victime, il l’a conduite à la gendarmerie de Gros bouquet. Jean-Claude Boukosson Moussavou Boukosso prétend que, compte tenu de l’état mental de Ralph Longo Ndongo, les agents ont rechigné à le garder et qu’au moment de leur séparation devant le camp militaire, la victime se portait mieux.
Une version que les agents de la Direction générale des recherches (DGR) chargés de l’enquête n’ont pas avalée, car Jean-Claude Boukosson Moussavou Boukosso, au moment de sa garde à vue, avait une brûlure fraîche au bras qui ressemble étrangement à celle du défunt. Brûlure qui selon lui, résulterait des travaux effectués sur un chantier. De plus, l’autopsie a confirmé que Ralph Longo Ndongo est décédé des suites de coups violents.
Jean-Claude Boukosson Moussavou Boukosso a été présenté au parquet de la République, puis placé sous mandat de dépôt, avant son transfert à la prison centrale.
Victoria REVIGNET
Article publié le 16 Avril 2016