Banque : La Bicig cherche un remplaçant à la BNP dans son capital

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La Banque nationale de Paris (BNP), actionnaire de référence à hauteur de 46% dans le capital de la Banque internationale pour le commerce et l’industrie du Gabon (Bicig), a officiellement annoncé son intention d’y céder toutes ses parts. L’information a été confirmée la semaine dernière par un haut dirigeant de cette entreprise, avec la précision que « la BNP avait fait une telle requête lors du conseil d’administration de la Bicig tenue en avril dernier ».

Dans le projet initial de la BNP, il s’agissait pour le groupe bancaire français de vendre ses parts à la Banque populaire du Maroc, et non au groupe Attijariwafa Bank comme cela avait murmuré un temps. Malgré le démenti du directeur général de l’Union gabonaise de banque (UGB), filiale locale de ce groupe bancaire marocain.

La Banque populaire du Maroc était prête à reprendre les parts de la BNP dans la Bicig, selon des sources dignes de foi. Seulement, le conseil d’administration de la Bicig, qui doit donner son accord, n’a pas voulu de la banque marocaine dans son capital. L’Etat gabonais également n’a pas voulu plus céder un autre établissement bancaire au royaume chérifien. Malgré un tropisme évident du Gabon vers le Maroc. Sans doute par crainte de se retrouver totalement « sous tutelle économique » du Maroc. Surtout que les entreprises chérifiennes sont déjà bien présentes dans des domaines aussi stratégiques que la banque, les télécommunications et des pans entiers de l’industrie, notamment la production du ciment. Introduire une banque marocaine supplémentaire dans le segment de « banque de détails », aurait eu pour conséquence un contrôle total de toute l’activité économique du Gabon par le Maroc. Alors même qu’aucune entreprise gabonaise ne contrôle la moindre entreprise au Maroc.

La Banque populaire du Maroc étant hors-jeu, la question de la reprise des actions détenues par la BNP au sein de la Bicig reste entière. Surtout que le groupe français, qui a échoué à plusieurs reprises dans son désir de contrôler plus de 50% du capital de la Bicig, tient à en sortir au plus vite. « Nous envisageons plusieurs solutions. Mais la plus plausible sera intramuros, c’est-à-dire une reprise de ses parts par des capitaux gabonais », a indiqué un cadre de la Bicig. L’intention est louable.

La Bicig a là l’occasion de plus de se rapprocher de la population. Elle pourrait ainsi ouvrir son capital à des milliers d’épargnants. Elle ferait par la même occasion une opération salutaire pour la Bourse de valeurs mobilières de l’Afrique centrale (Bvmac). Les actions Bicig pourraient ainsi se retrouver aux côtés de celles de SIAT Gabon, qui a introduit une partie de son capital à la Bvmac, il y a quelques mois.

Bicig prouverait ainsi sa maturité. L’expertise que cette entreprise a développée durant de longues années sous « la tutelle » de la BNP d’une part, et l’expérience accumulée des cadres gabonais de cette banque d’autres part, permettent de penser que cet établissement a des ressources pour voler de ses propres ailes. Sans qu’il lui soit indispensable de s’appuyer sur « un actionnaire de référence ». La banque elle-même étant plus qu’une « référence » au Gabon. D’autant plus que – c’est de bonne guerre – « l’actionnaire de référence » va d’abord s’employer à tirer un maximum de profit pour rentabiliser son investissement à court voire moyen terme. Ceci se fait au détriment de la qualité de service et de l’intérêt de l’économique du Gabon.

La sortie de BNP du capital de la Bicig est une opportunité que les dirigeants de cette banque doivent saisir pour en faire un moteur principal de l’investissement au Gabon. La banque a les cadres et la surface financière requise pour mener un tel projet, à condition qu’elle n’aliène pas les nouvelles marges de manœuvre qui naitront de la sortie de la BNP. Notamment en recherchant coûte que coûte une nouvelle « tutelle » où en se « vendant » à des acteurs dont le métier n’est pas la banque. A l’image des sociétés de téléphonie mobile qui « peuvent » « acheter » la Bicig, pour justifier a postériori une activité illégale de banque – non reconnue par la Commission bancaire de l’Afrique centrale (Cobac) – qu’ils exercent actuellement.

Gageons qu’Etienne-Guy Mouvagha Tsioba saura faire le seul choix qui vaille : celui d’un actionnariat populaire via la Bvmac.

 

La Rédaction

 

Article publié le 23 Mai 2016-05-23

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