
Me Robert Bourgi s’exprime sur les pressions du pouvoir gabonais sur Chantal Myboto-Gondjout. Ce témoin de l’histoire politique des années OBO met le pouvoir en garde contre sa dérive actuelle.
Propos recueillis par ED
Echos du Nord : Chantal Myboto-Gondjout, que vous connaissez et que vous avez rencontrée sous Omar Bongo Ondimba, est actuellement dans le collimateur d’Ali Bongo Ondimba. Ce dernier lui a porté plainte récemment. Qui est cette femme et quel rôle a-t-elle joué sous le régime d’OBO ?
Rober Bourgi : J’ai lu dans la presse que Chantal Myboto-Gondjout était effectivement dans le collimateur du pouvoir gabonais. Il est évident que la cible désignée n’était pas une cible secondaire. A mon avis, Chantal Myboto-Gondjout représente une très lourde menace pour les pouvoirs publics gabonais. D’abord parce qu’elle est la maman d’Onaïda Maïsha Bongo Ondimba, fille légitime d’Omar Bongo Ondimba. C’est un fait reconnu par tous, dont nulle personne au monde, dont nulle instance judiciaire au monde, ne peut contester la légitimité. S’il y a un seul être au monde à accepter immédiatement le test ADN pour prouver qu’elle est bien la fille légitime d’Omar Bongo Ondimba, c’est Onaïda. La procédure judiciaire est en cours et la justice tranchera.
En second lieu, le président Omar Bongo Ondimba n’a jamais caché urbi et orbi que Chantal Myboto, à l’époque, était non seulement sa collaboratrice, qu’elle était non seulement la maman de sa fille Onaïda, mais qu’elle était aussi sa Dame de Cœur. J’ai été témoin visuel et auditif des propos d’Omar Bongo Ondimba parlant de Chantal Myboto devant ses interlocuteurs étrangers tels que Jacques Chirac, Dominique de Villepin, Nicolas Sarkozy, Jacques Toubon. Il disait, je cite : «Chantal est ma conseillère politique depuis plus de dix ans et il faut aussi la considérer comme ma femme. Il faut savoir que là où il y a Chantal, il y a Omar et là où il y a Omar, il y a Chantal. Vous connaissez Pascaline, maintenant il y a Chantal. L’une et l’autre ont toute ma confiance. »Fin de citation.
En troisième lieu, dans cette guerre que le pouvoir gabonais livre à Chantal Myboto-Gondjout, je conseillerais à celui-ci la plus grande prudence. Chantal, dont j’ai été le tuteur dès l’année 1985 dans les universités françaises, est certes un adversaire résolu du pouvoir gabonais actuel. Jusque-là, elle s’est gardée d’attaques indignes contre les responsables politiques gabonais. Je lis, j’entends, je sais que le pouvoir se garde bien d’adopter la même attitude digne et noble. Je lis des choses ignobles dans la presse du pouvoir. Chantal a en elle les enseignements d’Omar Bongo Ondimba ; Chantal a en elle la noble éducation de ses parents. J’ai été à ce titre un témoin du couple que formait Omar et Chantal. A tel point que j’ai été le parrain de bois au baptême d’Onaïda à Libreville. Par la suite, quand Onaïda poursuivait ses études à Paris, j’ai été le tuteur légitime d’Onaïda et le président Bongo m’avait dit : « Fiston après la maman, te voici parrain et tuteur de notre fille. »
A vous entendre, vous semblez avoir des inquiétudes sur toute cette situation ?
Nous sommes dans une société africaine où la maman a droit au respect absolu. Que l’on n’oublie pas qu’Onaïda est la fille d’Omar Bongo Ondimba. J’ose espérer que toutes les humiliations subies par Chantal ne la pousseront pas aux dernières extrémités. Rivalités politiques oui ; mais déballage public non ! On sait où ces choses-là commencent, mais on ne sait pas où ces choses-là se terminent. En vingt années, au plus près du pouvoir absolu du Gabon, Chantal Myboto a vu et su beaucoup de choses. Tant dans le domaine politique que dans le domaine économique et financier.
Que peut-il advenir ?
(Long silence) J’invite tout le monde à la réflexion. Car tout cela peut aller très loin. Prudence oblige !
Article publié le 18 Mai 2016
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