
Monsieur le Président,
Vous voyez bien le cours des choses aller en votre défaveur ces derniers mois. L’histoire ne vous offre aucun espoir de succès dans la voie de la tyrannie et de l’oppression au moyen de la justice que vous avez choisie. Carle Gabon s’est lancé dans un cycle de révolution irréversible. Ne cherchez donc pas à vous accrocher au pouvoir, au risque d’être emporté par la tempête. « La mouche qui aime l’anus du cadavre finit par être enterré avec le cadavre », disait mon grand-père.
Aujourd’hui, les Gabonais sont révoltés. Ce n’est plus qu’une question de temps pour que vous compreniez, enfin, ce que peut faire un peuple longtemps asservi. Au temps de la naissance de notre liberté, il n’y a pas de place pour un dictateur de votre acabit. C’est le temps des pauvres aujourd’hui, c’est l’histoire de notre révolution et de notre liberté. Et vous n’avez pas d’autre choix que de partir. Mon aïeul disait : « Il est préférable d’avoir un mauvais mariage qu’un mauvais divorce.»
Vous êtes l’auteur de votre propre déchéance politique, mais vous cherchez des boucs émissaires. Vous portez plainte à tout le monde. Quel genre de président êtes-vous finalement ? Vous utilisez la justice pour régler des comptes à vos adversaires et à vos autres contradicteurs. Dès que vous considérez un citoyen comme une menace pour votre régime, vous lui collez un motif pour l’envoyer au gnouf. Vous êtes vraiment mesquin ! Ce sont vos fonctions qui vous donnent un semblant de grandeur. « Les plumes cachent la maigreur de la poule », disait mon papy.
Honte à vous qui instrumentalisez la justice et transformez notre pays, dont les traditions étaient l’ouverture, l’accueil et la tolérance, en un torrent de haine. Vous avez causé tant de pleurs et de misère. Comment comprendre cette haine tenace qui vous anime, alors que vous auriez pu transformer le Gabon en un havre de paix et de démocratie ? Tout compte fait, votre famille d’accueil a eu tort de vous adopter. Je donne finalement raison à mon grand-père, qui me conseillait ainsi : « La panthère que tu aides à traverser la rivière à l’aide de ton radeau te dévore dès qu’elle arrive à l’autre rive.»
Vos clans mafieux et vous avez répandu la pauvreté à travers le pays, pillant les deniers publics à volonté. Votre chute est imminente. Ne pensez pas que vous irez vous réfugier quelque part pour continuer à vous la couler douce. Le peuple martyr ira vous chercher et vous jugera pour vos différents crimes. Du fond de leur abîme, les Gabonais crient leur misère et ils gardent l’espoir de revenir vous voir face à votre propre misère et saluer votre déchéance. Ce jour-là, le peuple vous daubera. « Quand le fromager tombe, les boucs montent dessus », disait mon aïeul.
Bientôt viendra ce jour où il n’y aura aucun repentir de Dieu, du fond de votre abîme. Ce dont je suis sûr, et sans jouer au devin, c’est qu’arrive bientôt le jour de la délivrance de toute cette misère subie par le peuple gabonais. Vous serez livré à vos victimes, face à vous-même, et personne ne vous sauvera. Car vous avez foi dans le génie du mal. C’est d’ailleurs tout que vous savez faire. Mon pépé observait d’ailleurs que « le chien sait aboyer, mais il ne sait pas rire».
Les tyrans de votre acabit se trompent toujours, car ils ne comprennent pas ce qu’il faut comprendre. Ils pensent que le bâton est toujours suffisant pour vaincre les peuples. En ce qui vous concerne, vous vous trompez en pensant que l’armée et vos barbouzes sont plus forts que le peuple gabonais en période de révolution. Ceux qui écrivent l’histoire ce sont les opprimés et non les tyrans de votre espèce.« Quand les toiles d’araignée se rejoignent, elles peuvent emprisonner l’éléphant », m’expliquait mon grand-père, grand chasseur de son époque.
Si vous ne pouvez pas réfléchir sainement, vous devez pouvoir lire comment ont fini les despotes que vous mimez à la perfection. Néron s’était suicidé. Hitler s’était suicidé avec sa compagne. Mussolini fut fusillé et pendu par les pieds avec sa compagne. Ceausescu fut fusillé avec sa femme. Votre homonyme tunisien Ben Ali a fui comme un lâche en Arabie Saoudite. Moubarak fut arrêté et jugé. Mobutu a été chassé et s’est éteint au Maroc comme un sans-abri.
Le sort qui fut réservé à vos homologues tyrans doit vous interpeller. Mon aïeul disait : « Si tu vois la barbe du voisin prendre feu, trempe la tienne dans l’eau. »
Monsieur le Président, la corde de la révolution gabonaise est enroulée autour de votre cou, asphyxiant vos rêves de monarchie. Les Gabonais sont désormais mus par un idéal plus fort que votre cupidité et votre haine. Ils arracheront leur liberté que vous confisquez. Toutes les acrobaties auxquelles vous vous livrez ces derniers temps ne servent à rien, si ce n’est à inquiéter davantage le peuple soucieux de sa sécurité et de son bien-être. « Le cafard n’aime pas les jeux où on soulève la tapette », aimait à dire mon grand-père.
Jonas MOULENDA
Article publié le 17 Mai 2016
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