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Quand le pouvoir émergent jette le discrédit sur Jean Ping

 

«Monsieur Jean Ping ne peut pas tenir de tels propos  pour avoir été longtemps ministre des Affaires étrangères d’Omar Bongo et président de la Commission de l’Union africaine», avait lancé Alain-Claude Bilie-By-Nze au cours de sa fameuse communication hebdomadaire à la RTG-PDG où il peut tout se permettre. En effet, c’est suite aux propos de Jean Ping, candidat à la présidentielle de 2016, jugés violents par les émergents et diffusés en boucle dans un extrait vidéo tripatouillé par les «cercles concentriques » d’Ali Bongo, document audiovisuel dans lequel Jean Ping est présenté comme l’instigateur appelant à une « guerre civile et à l’élimination d’une partie des gabonais qualifiés de cafards ». La pipelette du gouvernement n’a pas manqué de saisir cette occasion pour se faire voir, en précisant  que l’exécutif va « explorer toutes les voies de droit pour donner une suite judiciaire à ces propos qu’aucune démocratie au monde ne peut ni tolérer ni accepter ». Comme si les gabonais étaient devenus amnésiques du passif d’opposant peu reluisant d’Alain-Claude Bilie-By-Nze. De quoi accuse-t-on l’ancien président de la Commission de l’Union africaine ? Ou du moins, qu’est-ce qui justifierait à nouveau cette cabale judiciaire ?

Essayons de comprendre les faits. Le gouvernement émergent se fonde sur une vidéo sortie de nulle part, à en croire les incohérences du contenu de celle-ci. Le document vidéo n’est pas daté, ne comporte ni source ni nom de journaliste ou technicien ayant pris part à la circonstance. Ce qui permettrait de lui attribuer une quelconque paternité. La principale preuve n’est pas crédible dans la mesure où l’on ne peut prouver l’authenticité de ce document audiovisuel, qui met en cause Jean Ping. Dans la course au pouvoir,   le « camp des émergents » a choisi de charger, de la pire des manières, le plus sérieux des adversaires de leur « champion ». La désinformation s’érige donc comme nouveau procédé pour affaiblir le camp d’en face. Une machination savamment orchestrée à dessein par des spécialistes en communication de pacotille, dont la compétence reste douteuse, en témoigne l’extrait vidéo.

Et si les propos, somme toute animaliers, que l’on attribue au candidat Jean Ping restaient dans leur contexte, c’est-à-dire lors de sa tournée politique circonstancielle dans le Woleu Ntem, ils se se résument à ceci : « Il faut encourager ceux qui hésitent encore à quitter le navire du PDG…C’est vrai qu’il y a encore des rats et quelque cafards ». Voilà donc les propos qui ont suscité un tollé et même une polémique sans grand intérêt. Qu’a dit Jean Ping d’outrageant qui pourrait conduire les gabonais à un bain de sang ? Si ce n’est de ressasser aux gabonais qui refusent de voir la réalité en face, que tout comme le gigantesque Titanic, le grand parti de masse PDG va inévitablement dans le mur. Que l’heure est à la rupture pour écrire une autre page de l’histoire du Gabon. Même si pour les pdgistes émergents, ces propos relèvent d’un lexique génocidaire : «Ce sont des termes sans équivoque, qui rappellent certaines tragédies de l’histoire de l’humanité. Adolf Hitler traita les Juifs de cafards, il eut six mille morts pendant la Seconde Guerre mondiale (…) Plus près de nous, des extrémistes Hutu traitèrent les Tuttis de cafards et il eut le génocide rwandais avec ses 800 mille morts», a précisé le chantre du gouvernement. Soit ! Le bon sens juridique voudrait que l’on condamne les faits et non l’intention. De plus, pourquoi ces comploteurs ont choisi de diffuser cet élément, monté de toutes pièces, maintenant et pas avant ? Pourtant, ces propos datent de plusieurs mois. Voilà des adversaires politiques vicieux aux pratiques malsaines, qui n’hésitent pas à se servir de la souffrance du peuple rwandais pour tenter d’instrumentaliser les gabonais, mais surtout de décrédibiliser leur adversaire le plus farouche. Quelle hypocrisie ! Ne faut-il pas rappeler aux politicards tapis dans la majorité républicaine et sociale pour l’émergence qu’il s’agit uniquement de joutes verbales. Ce qui sous-entend, de manière évidente, des « guerres d’idées », des projets crédibles, etc. pour l’intérêt général du Gabon. La plainte du gouvernement est donc dénuée de tout fondement.

Jean Ping aurait utilisé des propos animaliers, orduriers et peut être guerriers, dignes d’un mercenaire prêt à en découdre au moment opportun en août 2016. En tout cas, c’est ce que le montage vidéo mal conçu véhicule comme message. Mais dans cette république bananière où le politique fait loi, chacun peut donc se permettre de tenir des propos injurieux sans que cela ne fasse l’objet d’une plainte. Tenez ! Pour rappel historique, Billie-bi-Nze avait qualifié tout récemment de « lâcheté », l’acte de démission de Guy Nzouba Ndama, ancien président de l’Assemblée nationale. A-t-il fait l’objet de poursuite judiciaire ? Michel Ogandaga, conseiller du Président de la République, s’adressant aux pdgistes du Woleu Ntem et à la population de celle-ci, avait employé des propos d’une rare obscénité «  Je suis un homme en colère, écœuré par ce qui se trame actuellement au sein du PDG dans le Woleu Ntem, même si la traitrise de nombreux militants du PDG du Woleu Ntem ne surprend personne (…) Vous avez la chance que je ne suis pas ministre de l’intérieur ou de la défense, je vous aurai donné une bonne leçon, une bonne bastonnade à poil, juste après votre trahison; et du piment aux fesses, au bangala et sur tout le corps… Fumier va ». Avait-il été inquiété ? Que nenni ! Axel Ayenoué, membre du bureau politique du 4e arrondissement, faisant allusion aux anciens pdgistes devenus opposants, déclara : « C’est de la viande faisandée, de la viande pourrie ». A aucun moment, l’ancien délégué de l’UJPDG n’a fait l’objet d’une plainte. Pour ne citer que ceux-là ! C’est clair qu’il ya une « justice à géométrie variable » dans notre pays.

Tous les hommes politiques nationaux, ont, à des degrés et circonstances différents, versé dans un lexique irrévérencieux pour exprimer leurs sentiments. L’indignation, la moquerie, le regret, etc., c’est selon ! Pourquoi le gouvernement émergent cherche-t-il absolument à en faire une affaire d’Etat ? L’expression « cafards » serait-elle vraiment le mot de trop ?   On est tenté de croire que cette manœuvre du pouvoir PDG contre la personnalité de Jean Ping cache d’autres ambitions. Et si ce fils natif d’Omboué n’avait usé que de métaphores ?

 

Nedjma leMonde

 

Article publié le 19 Mai 2016

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