Boycott de la cérémonie d’installation des magistrats arbitrairement promus
C’est par une marche de protestation symboliquement organisée sur un peu plus de dix mètres, du Palais de justice de Libreville au ‘’Rond point de la démocratie’’, que les Hommes en toge ont tenu à marquer leur désapprobation face à l’immixtion du politique dans le fonctionnement de l’appareil judiciaire.
Jamais les fonctionnaires en toge n’étaient sortis de leurs franchises administratives, pour dénoncer à cors et à cris, des cas de violations de procédures dans les nominations au niveau de la hiérarchie de l’appareil judiciaire. Des nominations en parfaite violation à la fois, de la loi n°12/94 portant statut des magistrats, et des principes fondamentaux qui organisent la profession de magistrat. Disons, une première dans l’histoire de la lutte syndicale au Gabon! « Ce lundi 06 juin sera gravé dans la mémoire de tous les magistrats comme tant le jour où les hommes d’honneur, les hommes intègres, les hommes en robe noir auront dit non à l’imposture, non à l’immixtion blâmable du politique et de la politisation de la justice, non à la violation flagrante de la loi par les politiques et par les magistrats abêtis et abâtardis par la corruption et candidat à la domestication politique de leur état. » pouvait-on notamment entendre.
Le lundi 06 juin dernier, fera à jamais tâche d’huile dans les annales de l’appareil judiciaire dans notre pays. Pour exprimer leur colère, les fonctionnaires affectés au Palais de justice de Libreville, ont dans la foulée d’une assemblée générale express, décidé de battre le pavé en guise de protestation contre une décision du gouvernement d’installer envers contre la loi, les magistrats récemment promus à diverses hautes fonctions, ce, en dépit de la saisine en cours de la Cour constitutionnelle par le syndicat national des magistrats du Gabon, pour dénoncer des manquements aux dispositions réglementaires en vigueur.
Des nominations controversées qui parachutent Sidonie Flore Ouwé, au poste de premier président de la cour d’appel judiciaire, Engadzas Nancy et d’Ebang Ondo Eyi, présidents de chambre à la cour d’Appel, Mabamba Mboumba Anouchka, conseiller et Moudouma Moudouma Michel, chargé d’études. Précisons que comme tout corps de métier, la magistrature, obéit à une cohérence architecturale repartie en grades. C’est ainsi qu’à peine sortie d’école, le magistrat est d’emblée de deuxième grade. Et suivant sa carrière dans l’ordre normal des choses, il bascule ensuite en premier grade, avant d’atterrir au grade hors hiérarchie. Cependant, que dire de la nomination de dame Ouwé ? Certainement « illégale et grotesque », du moins, de l’avis de nombreux de ses pairs.
Sidonie Itsiembou koumba, de son nom de jeune fille, est soupçonnée de vouloir par la force de ses amis introduits dans les sphères d’influences politiques, faire main basse sur l’appareil judiciaire. « Si nous laissons ça se produire, nous serons la honte de toute l’histoire de la magistrature, nous serons les renins de cette famille » dénonçaient en chœur les protestataires. C’est pourquoi, s’inspirant visiblement de l’icône Martin Luther King, les magistrats ont dit faire le rêve de voir, je cite, « qu’un jour nous ayons à la tête de la magistrature gabonaise, des hommes dignes, des hommes d’honneur, des hommes respectables, des hommes intègres, irréprochables et désintéressés, des hommes d’une droiture et d’une probité implacable, capables de diffuser l’honorariat due à notre Etat », fin de citation.
Les magistrats menacent de tout bloquer, si jamais l’installation des magistrats caricaturés de ‘’la honte’’, était cautionnée par le gouvernement.
Nedjma leMonde
Article publié le 07 Juin 2016