Pourquoi Ali Bongo fait-il du dossier BR Sarl une affaire personnelle au point de prendre sur lui de rembourser les victimes sur fonds propres? Comment un chef de l’Etat se mêle-t-il d’une affaire privée ? Et pourquoi les victimes de BR Sarl se réunissent-elles devant le ministère des Finances plutôt qu’à la résidence d’Ali Bongo sise à la Sablière ? Ces questions valent leur pesant d’or. Et pour cause : l’on apprend que des proches collaborateurs d’Ali Bongo auraient en effet trempé dans ce crime financier organisé. Toute chose qui expliquerait donc la lenteur dans l’aboutissement de ce dossier. Selon la procédure usuelle en matière de création d’entreprise de microfinance au Gabon, l’autorité compétente, la direction générale de l’économie et de la législation fiscale, mène préalablement des enquêtes, notamment de moralité, des promoteurs de la structure qui sollicite l’autorisation d’exercer une activité. Selon nos informations, cette enquête de moralité n’a pas été faite et le quitus a été donné, comme une simple lettre à la poste, à Yves Mapakou, associé à deux sujets Béninois : Ignace Koubla et Aristide Kodjo Guenzo
Ce n’est pas tout ! BR Sarl revêtait de prime abord toutes les allures d’un pur produit de la « théorie de l’apparence » dont les fondements juridiques étaient douteux ; ce, d’autant plus que son gérant, Yves Mapakou est un repris de justice. Il apparait clairement qu’un tel individu ne pouvait parvenir, aussi facilement des années plus tard, à monter une telle structure sans avoir la couverture et la bénédiction de qui de droit. Des sources indiquent que la Commission bancaire de l’Afrique centrale, Cobac, en sa qualité d’outil de contrôle et de régulation des opérations bancaires, la « gendarmerie des banques », avait tiré la sonnette d’alarme en raison du caractère hasardeux des services proposés aux clients. L’on apprend également que BR Sarl, en plus de n’avoir pas obtenu toutes les signatures des instances en charge des dossiers de ce genre, faisait l’objet d’une enquête de l’Agence nationale des investigations financières, Anif. Cette enquête n’est pas allée à son terme, suite à l’éviction de Patrick Assélé de la direction générale de cette agence. Son successeur, jusqu’à présent, n’a pas jugé utile de réouvrir ce dossier. Une attitude surprenante.
Yves Mapakou déclare « avoir fui parce que n’ayant pas les coudées franches comme ses deux complices ». Arrêtés depuis lors, nul ne sait où ces derniers, que l’on dit « proches » du pouvoir, ont été emmenés ensuite. Est-ce parce qu’il y a de nombreuses ramifications dans cette affaire qu’Ali Bongo s’en mêle? Surtout que ce n’est pas la première affaire du genre au Gabon. L’on se souvient notamment des « affaires d’Aladji » et les commerçantes du marché Mont-Bouët. De vastes arnaques défraient généralement la chronique sans que le pouvoir s’en mêle pour dédommager qui que ce soit, comme on le voit avec BR Sarl aujourd’hui.
Markky Edzang Zuè