Affaire Sinohydro : Franck Ping sous le coup de poursuites judiciaires

Franck Ping
Franck Ping
Cités pour des faits présumés de corruption dans l’affaire dite Sinohydro, Franck Ping et le directeur général adjoint de Sinohydro pourraient passer par la case prison si les faits qui leur sont reprochés sont avérés. C’est, en substance, le message qu’a livré Steeve Ndong Essame Ndong, le procureur de la République près le tribunal de première instance de Libreville, lors d’une déclaration de presse, invoquant les articles 145 et 146 du code pénal.

En effet, les deux hommes sont soupçonnés de corruption dans l’affaire dite Sinohydro révélée le mois dernier par le site Mediapart, sur la base des documents de la police anticorruption française et des dépositions de l’avocat François Meyer. Et, le procureur s’est offusqué de ce que le deuxième accusé dans cette affaire n’ait pas daigné se présenter à l’une des auditions contradictoires à laquelle il a été convoqué, alors que le responsable de l’entreprise chinoise avait été entendu par les agents de la Police judiciaire, PJ.

Pour rappel, le fils du candidat à la prochaine présidentielle est soupçonné d’avoir perçu indument, dans un premier temps, plus de 5,2 milliards de francs Cfa, puis plus de 700 millions de francs Cfa. Des commissions supposées provenir du marché de construction du réseau électrique de Libreville, en 2009, pour une part, et de celui de la construction des routes Akiéni-Okondja et Koumameyong-Ovan d’autre part. Deux marchés confiés par l’Etat gabonais à la société Sinohydro, en faveur de laquelle l’homme d’affaires et consul honoraire du Tchad au Gabon aurait œuvrée. En effet, Synohydro a remporté de nombreux contrats étatiques, notamment la construction du barrage du grand Poubara et la construction de différentes routes dans le Haut Ogooué.

Le procureur n’a pas manqué de rappeler que le sieur Franck Ping n’échappera pas à la justice. Aussi, a-t-il annoncé que le parquet de Libreville mettra en œuvre tous les mécanismes juridiques à son encontre, s’il refusait de se présenter sous peu devant la justice pour répondre à ces accusations que Steeve Ndong Essame Ndong qualifie déjà de «délinquance financière à grande échelle».
Toutefois, le silence fait par le procureur contre l’implication de Pascaline Bongo, une autre personnalité mise en cause dans l’«affaire Sinohydro», ne manque pas de susciter moults interrogations. La sœur d’Ali Bongo serait-elle moins coupable que les autres ? Pascaline Bongo avait-elle le droit de toucher des commissions ? En tant que directeur de cabinet du président de la République, ne tombait-elle pas sous le coup du conflit d’intérêt ?
Il aurait donc fallu pour le procureur de la République, comme l’a révélé Médiapart, de poursuivre l’initiateur principal présumé de cette « délinquance financière à grande échelle », lorsque nous savons que Franck Ping ne serait qu’un complice présumé.

Aria Starck

publié le 19 Juillet 2016