
Le personnel d’Airtel Gabon va se retrouver à l’immeuble Gabon Mining, au centre-ville de Libreville, ce vendredi à 14h. Il s’agit pour lui de se prononcer, en assemblée générale, sur la fin de non-recevoir que vient de lui signifier la direction Afrique de cette entreprise au sujet de plusieurs revendications, présentées comme préalables par le personnel avant l’acceptation du projet de licenciement de 100 cadres gabonais. Il y a de forte chance, face à ce blocage, que le préavis de grève qui court depuis le 24 juin dernier ne devienne une grève effective.
Airtel Gabon, comme l’a relaté notre confrère Echos du Nord du lundi 18 juillet dernier, a mis en avant une perte comptable de 55 milliards de francs Cfa en 2015, pour justifier son plan de mise au chômage de 100 cadres. Le personnel de l’entreprise n’est pas du même avis que la direction au sujet de ce nombre. Il pense qu’Airtel se livre plutôt à des licenciements de convenance, car le groupe se porte bien. D’ailleurs, l’agence de régulation des communications électroniques et de la poste, Arcep, vient d’indiquer que les résultats obtenus par le secteur au premier semestre 2016 sont excellents : 53 milliards de francs Cfa Airtel engrangent 32% de l’enveloppe. Il devenait incompréhensible pour les salariés qu’une entreprise prospère puisse évoquer des questions économiques pour licencier. Les autorités publiques qui se sont penchées sur cette question sont du même avis que les salariés. Pour le ministre de l’Economie numérique, Pastor Ngoua N’neme, vers qui ce différend avait été porté, « aucun licenciement économique ne peut être envisagé ».
Face au refus des autorités d’accorder cette autorisation de licenciement pour des raisons économiques, l’entreprise n’avait qu’un seul choix, celui de négocier avec son personnel les conditions de départ volontaire. Notons que les propositions de l’entreprise couvrent à peine le dixième de la demande des salariés. Le plus étonnant est que cette offre du groupe aux salariés gabonais priés de partir est très insuffisante, comparativement à ce qu’il avait mis sur la table pour débaucher dans les mêmes circonstances certains employés au Niger et en République Démocratique du Congo.
Face à ce peu de considération, le personnel a adressé un préavis de grève à la direction générale. Celle-ci, après avoir traité de haut le personnel, a finalement accepté d’ouvrir les négociations sous l’égide de l’inspection du travail. Avant de les arrêter net et produire « un document final » qui recense son offre. C’est ce document que l’inspecteur du travail, le sieur Jean Claude Mouckagny, a demandé « d’améliorer » dans un courrier qu’il a adressé au groupe le 14 juillet dernier. Le directeur Afrique vient de faire « un bras d’honneur » à cette initiative de conciliation. Autant dire que la porte est ouverte vers la grève avec tous ces désagréments.
Jean Michel Sylvain
publié le 22 juillet 2016