L’EDITORIAL : Mborantsuo

Posté le 25 Juil 2016
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Par Désiré Ename

7285795-11201553L’histoire retiendra que s’il advient au Gabon un chaos pourtant évitable, il y a trois responsables. Dans l’ordre : Bongo Ondimba Ali, Marie-Madeleine Mborantsuo et, en troisième, lieu René Aboghe Ella. Nous le gravons aujourd’hui sur feuille en toute responsabilité, parce que ce sont les faits. Nous le gravons sur page numérique pour qu’il subsiste au temps. Pour que, quand nous serons tous passés, il reste une mémoire du passé pour les générations futures. Qu’elles sachent que si elles sont dans le malheur, trois personnes auront été la cause de leur malheur.

Et surtout qu’un jour, qu’elles comprennent, lorsqu’on parlera de pardon, pourquoi les descendants de ces trois personnes seront à genoux à implorer leur pardon. Nous demandons d’ores et déjà à nos générations futures d’avoir pitié de ces innocents. Si leurs trois ancêtres ont parfaitement su ce qu’ils faisaient, au nom de leurs intérêts propres, eux n’auront été pour rien. Pardonnez-leur parce qu’eux, comme les descendants des Nazis, n’auront plus jamais la capacité et le courage d’évoquer un ancêtre appelé Bongo Ondimba Ali, Marie-Madeleine Mborantsuo ou René Aboghe Ella en ce temps-là. Surtout pas en public.

Sachez que soixante ans après la Shoah, aucun lieu sur terre ne voit un descendant de Goebbels, de Himmler ou de Hermann Goering acclamé au nom de leurs illustres ancêtres. Il en sera de même pour eux.
En sept ans, Ali Bongo Ondimba a siphonné les caisses de l’Etat ; enfoncé le pays dans une dette abyssale, bafoué la Constitution et saccagé le vivre-ensemble. Ce vivre-ensemble est d’autant plus menacé aujourd’hui que Bongo Ondimba Ali a lâché ses loups dans la rue avec instruction de s’acharner sur la jeunesse. Par ces actes, Bongo Ondimba Ali a volontairement décidé de déplacer le débat politique pour asseoir la violence politique.
Samedi dernier, alors que des militants de divers partis politiques se rassemblaient pacifiquement pour faire entendre leurs voix au nom de la Constitution et du respect des institutions, la police foncera sur eux à tirs de bombes lacrymogènes et d’autres substances toxiques. Que dénonce l’opposition ? La gabegie, la déliquescence du tissu social, la confiscation de l’appareil étatique et des finances publiques pour la satisfaction des désirs d’une personne et sa bande de copains et coquins. Quant aux promesses, tant celles qui ont été faites à divers endroits d’un programme ou lors des Conseils des ministre délocalisés, il est incapable d’en faire le bilan, sept ans plus tard.

Où sont les universités, les écoles, les internats, les maisons d’incarcération pourtant budgétisés mais qui n’ont jamais vu le jour ? La Marina, les autoroutes qui traverseraient le pays d’Est en Ouest et du Nord au Sud, les 5 000 logements par an, etc. ?

Le député Patrick Eyogo Edzang vient de décrire la catastrophe financière du Gabon qui, pour les seules trois années à venir, devra s’endetter à hauteur de 1 118 milliards de FCFA pour ses investissements. Alourdissant ainsi la dette aujourd’hui estimée à 4 000 milliards de FCFA. Le déséquilibre de la fonction publique. Si la masse salariale des fonctionnaires a augmenté, le député de la commune de Bitam a relevé que cette augmentation, qui a occasionné un surplus de près de 400 milliards dans la masse salariale, passant de 312 milliards de FCFA en 2008 à 732 milliards en 2016, a profité aux forces de police et de défense, dont les effectifs représentent désormais 36 % du corps des fonctionnaires, le plus important de la fonction publique. Ceci au détriment des secteurs clés comme l’éducation nationale (formation professionnelle, enseignements primaire, secondaire et supérieur) et la santé. Ceci n’est qu’une infime présentation de la « légèreté » des choix d’Ali Bongo Ondimba. L’on ne parlera pas du Pozzo di Borgo, l’hôtel particulier sis au 51, rue de l’Université à Paris, dont le chantier ouvert en 2012 pour des réfections a déjà englouti 120 millions d’euros, hors coût du bail qui s’élevait à 98 millions d’euros déboursés par le Trésor public. Une telle dilapidation des fonds publics n’est que le résultat de l’amateurisme et de l’inaptocratie d’un homme et de sa cour.

Lorsque Marie-Madeleine Mborantsuo, qui sait que cet homme n’est pas seulement inapte à la fonction, mais qu’il n’est de surcroît pas en règle au sens de la Constitution dont elle est la gardienne, veut faire le choix de ses intérêts personnels, qu’elle se souvienne que depuis sept ans, cet homme a laissé des faucons d’une voracité inouïe, dont leur chef, Maixent Accrombessi, et d’autres tapis dans l’ombre de son fils par alliance, piller le Gabon. Ils ne s’arrêteront pas demain.

C’est en cela que cette dame, présidente de la Cour constitutionnelle, va se rendre responsable de la décadence de son pays. Et probablement du bain de sang qui va s’ensuivre. Ayant eu les outils pour y mettre un terme, elle a refusé sciemment de s’en servir, non pas par peur, mais par choix personnel. Cela n’en fait-il pas trop ?

En 1993, Pauline Nyngone, gouverneur de la province de l’Estuaire, démissionnant de son poste parce que l’élection proclamée par le ministre de l’Intérieur, Antoine Mboumbou Miyakou, qui n’est plus à décrire à Marie-Madeleine Mborantsuo, l’avait été alors que les décomptes de l’Estuaire étaient en cours, et qu’aucun procès-verbal n’avait été transmis au ministère de l’Intérieur. Acte patriotique. Passons les années 1998 et 2005. Puis il y a eu 2009. Chrétienne de son état, Marie-Madeleine Mborantsuo est en train de vouloir faire le choix délibéré d’ensanglanter le Gabon. Sa décision de 1993 a fait plus de 21 morts entre décembre 1993 et mars 1994. En 2009, le dossier introduit à la CPI annonce 70 morts. Mme Mborantsuo, combien de morts vous faut-il cette fois-ci ? « Tu ne tueras pas » est le 7e commandement du Dieu pour qui vous avez érigé une chapelle sur le site de votre complexe Berthe et Jean. A vous de voir.

Casimir Oye Mba a lancé : « 2016 ne sera pas 2009. » Samedi dernier, lui, Didjob Divungi Di Ndinge, Zacharie Myboto, Jacques Adiahénot, Guy Nzouba Ndama, Pierre André Kombila, Albert Ondo Ossa, Léon Paul Ngoulakia, Jean-Christophe Owono Nguema (sénateur), et leur plus jeune frère et fils Bruno Ben Moubamba, et d’autres ont affronté à main nue la violence meurtrière de BOA. Signe qu’ils ne reculeront pas. Même au prix de leur sang. La chrétienne que vous êtes comprendra.

Notre propos n’est pas de vous dire de vous ressaisir. NON. Mais de vous mettre devant vos responsabilités, tout en souhaitant que vous viviez la libération du Gabon, car elle aura lieu. De même, nous demandons aux Gabonais de ne point saccager un seul de vos biens. Nous aurons besoin de beaux cadres, comme le complexe Berthe et Jean, pour l’épanouissement des enfants de demain. Tout comme nous aurons besoin de vous pour le jugement de l’Histoire. Que Dieu vous bénisse !

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