
Dans un communiqué qu’il a cru devoir produire suite à la déclaration de Jean Ping dimanche dernier, le ministère de l’Intérieur écrit : « Au lendemain de l’élection présidentielle, nous sommes toujours dans un processus démocratique qui suit son cours. Hier, les Gabonais ont voté dans le calme à travers tout le pays, ainsi qu’à l’étranger. Un des candidats vient de rompre avec le respect des institutions et de la loi en se déclarant élu alors même que le processus de dépouillement est en cours sous le regard des médias gabonais et internationaux, tout comme celui des nombreux observateurs étrangers. Cette regrettable tentative d’exercer une pression injustifiée sur le corps électoral Gabonais et les institutions indépendantes en charge de la centralisation des votes ne saurait bien entendu ni ralentir, ni influencer le processus mis en place et accepté par tous les acteurs de la vie politique gabonaise. Ce processus est le seul garant du respect de la démocratie et du bon déroulement des élections. À ce sujet, le Ministre de l’Intérieur, de la Décentralisation, de la Sécurité et de l’Hygiène publiques, Pacôme Moubelet-Boubeya a déclaré : “Le candidat Jean Ping vient d’opérer une tentative de manipulation du processus démocratique. Le processus de dépouillement et de centralisation des votes se poursuit normalement sans tenir compte de telles manœuvres, dans la lignée de la grande démonstration démocratique que constitue cette élection jusque-là calme et bien organisée, comme en attestent les nombreux observateurs internationaux.” Le Ministère de l’Intérieur, de la Décentralisation, de la Sécurité et de l’Hygiène publiques tient à rappeler à nouveau que toute ingérence de ce type dans le processus légal et démocratique ne saurait être tolérée. Le Ministère veillera avec la plus grande attention au bon respect de ce processus.
Enfin, nous rappelons que l’Etat Gabonais n’a pris aucune mesure de blocage des réseaux de télécommunications et d’Internet et qu’il est regrettable que le candidat Jean Ping et son entourage exploitent ces outils afin de diffuser des rumeurs et de fausses informations ».
Ce ministre a –t-il oublié que le porte-parole du gouvernement avait en premier, tard dans la nuit de samedi 27 Aout, annoncé la victoire d’Ali Bongo dans une émission produite par le Conseil national de la communication (CNC), alors que la centralisation des résultats était toujours en cours. Le repris de justice qui fait office de porte-parole de BOA a indiqué qu’ils étaient à cet instant précis « en route pour un second septennat ». Cela voulait dire clairement que son candidat BOA avait gagné.
C’est cette phrase, qui a provoqué la réaction du camp Ping, qui par la bouche de Jean Gaspard Ntoutoume Ayi, le responsable de la communication de Jean Ping, à réagi en se voyant obliger de donner les tendances qui étaient en leur possession dès 2H du matin le dimanche. Le lendemain, le président Jean Ping lui-même a dû monter au créneau en se proclamant élu pour ne pas laisser prospérer cette imposture. Ce qui est du reste le jeu de toute élection sans que cela ne soit pris comme une violation de la loi électorale.
Mais le ministre de l’Intérieur n’a trouvé bon que de réprimer les seules déclarations de Jean Ping comme une tentative « d’ingérence intolérable ». Quant à celles de l’escroc Bilié by Nzé ou de Paul Biyoghe Mba annonçant la victoire imaginaire de BOA, elles sont sans doute « conformes » à la loi et comme telles ne cherchent pas à exercer une « une pression injustifiée sur le corps électoral gabonais et les institutions indépendantes en charge de la centralisation des votes ».
Pacôme Moubelet Boubeya, qui a sans nul doute exprimé sa préférence en faveur de BOA, doit savoir comme l’a indiqué le président Jean Ping, qu’il aura toute sa place dans la deuxième République. « Il n’y aura pas de chasse aux sorcières » a bien déclaré le président élu Jean Ping. Il a par conséquent tout intérêt à se placer dans le camp de la légalité. Au risque de se retrouver au coté de BOA à la CPI si les choses venaient à dégénérer par leur fait.
Aria Starck
publié le 30 Aout 2016