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L’EDITORIAL : A ceux qui savent lire entre les lignes…

L’EDITORIAL : A ceux qui savent lire entre les lignes…

Par Désiré ENAME

Le 16 août dernier, veille de la Fête nationale du Gabon, les pronostics ont définitivement été déjoués. Pour et en faveur de sa petite majesté « Tropicale » Bongo Ondimba Ali. Trois des personnalités les plus en vue de l’opposition ont surpris la communauté nationale et internationale en décidant de faire cause commune. Une quatrième vient de les rejoindre, en l’occurrence Léon Paul Ngoulakia.
Les uns et les autres ont un rapport de force à faire valoir. Les uns et les autres se prévalent d’avoir un ancrage vérifié au sein de la population, dont des poches importantes dans différentes parties du pays. Les uns et les autres avaient construit des alliances fortes autour d’autres person- nalités qui comptent sur l’échiquier national. La politique, c’est incontestablement le rapport de force, certes. Mais c’est aussi le jeu des alliances tactiques et stratégiques.
La force que constitue cette coalition entre Casimir Oye Mba, Guy Nzouba Ndama, Léon Paul Ngoulakia et Jean Ping s’est manifestée le 16 août après-midi par l’acclamation populaire. Et « Vox Populi, Vox Dei ». Cela appelle à la sérénité et au bon sens.
Nous avons, dans une pièce éditoriale, produite au courant du troisième trimestre de l’année 2015, annoncé en substance que trois personnes seront certainement déterminantes au courant de cette année électorale. Raymond Ndong Sima, le Pr Alexandre Barro Chambrier et Jean de Dieu Moukagni Iwangou. L’un, Raymond Ndong Sima, a démontré que le bilan économique de sa petite majesté « Tropicale » Bongo Ondimba Ali est une fable. On lui reconnaîtra sa dénonciation des pratiques économiques et financières peu orthodoxes sous le septennat à travers deux ouvrages dont le dernier : « Le Temps des Choix, 2016 et au-delà ». Aujourd’hui, la communauté gabonaise et tout ce qu’elle compte de décideurs sérieux sont unanimes pour lui donner raison. Il a décidé, en dernier ressort, de se lancer pleinement dans l’arène politique. C’est une prise de risque. Tant il y a sur cette voie des écueils, des pistes pavées de ronces et d’épines et, de temps à autre, des sentiers bien aplanis. Ne dit-on pas aussi qu’on ne cueille pas de roses sans se faire piquer par une épine ?
Alexandre Barro Chambrier, lorsque ses amis d’Héritage et Modernité le désignait pour conduire le mouvement qui a initié la liquéfaction du PDG dès le 25 juin 2015, avait suscité moult commentaires. Certains ont parié sur une quête de strapontin. D’autres n’y ont cru qu’à moitié. Et qu’au bout d’un temps très court, l’usure ferait son travail. A « Echos du Nord », notre regard a été empreint d’optimisme sur la poursuite de cette bataille que cette dizaine de parlementaires et leurs autres amis, dont Serge Maurice Mabiala qui paiera d’ailleurs cet engagement de sa chair, entamaient. Toutes les propositions leur ont été faites. Ils resteront zen. Agrippés à la foi en la bataille qu’ils avaient engagée au nom des intérêts supérieurs de la Nation. On peut dire sans se tromper, et les historiens de la politique le confirmeront un jour, que l’essentiel de ce qui est en train de se produire au Gabon ce mois d’août et avant, nous le devons et le devrons au rassemble- ment Héritage et Modernité, conduit avec détermination par Alexandre Barro Chambrier.
Quant à Moukagni-Iwangou. Comment pouvait-on sereinement avancer sans débusquer les pièges que les artificiers du droit gabonais avaient posés sur l’ensemble des textes qui régulent la vie de la nation ? Ils s’en sont fait les gardiens et en ont usé à leur guise. Mais il a fallu que Moukagni-Iwangou sorte de l’ombre pour révéler à la face des Gabonais que le mur Mborantsuo et Aboghe Ella n’était pas du tout infranchissable, contrairement à ce que les uns et les autres croyaient. Il contient même des fissures qui le fragmenteront définitivement. Le mur de Berlin n’est-il pas tombé ? Y avait-il muraille plus solide contre les libertés individuelles ? A travers ces nombreuses saisines depuis 2014 jusqu’aux plus récentes lors de la contestation pré-électorale, il a amené Mborantsuo et Aboghe Ella à violer la loi de façon flagrante. La Cour d’appel, à leur suite, vient de rééditer le crime.
Ces trois actions se conjuguent. Ces trois hommes ont, chacun à sa manière, dans les trois champs qui conduisent les affaires d’un Etat — politique, économique et juridique — éclairé les Gabonais et ont amené chacun à faire le choix des intérêts supérieurs de la Nation. C’est incon- testablement au bout de cette démarche aussi que nous avons eu ce « 16 Août » qui va ouvrir le « second printemps gabonais ». Que les uns et les autres en soient conscients et capitalisent les aspects positifs de ce pan de l’histoire de la lutte commune.
Aussi est-il important, dès à présent, que le peuple qui a validé le « 16 Août » concentre toute son attention sur ce qu’il a déterminé comme la bataille essentielle : dégager SPM « Tropicale » BOA du siège qu’il occupe par défaut depuis sept ans. L’heure n’est plus aux querelles de clocher qui ont ceci d’exceptionnel qu’elles désagrègent ce qui est consolidé. Souvenons nous-en.
François Clemenceau, du JDD (Journal du Dimanche à très grand tirage) dans l’article qu’il a signé dans l’édition d’hier (21/08) dit s’agissant : « ‘’L’élection est ouverte maintenant’’ constate un officiel français. Peut-elle dégénérer dans la violence s’il y a fraude et que les résultats soient contestés dans la rue ? ‘’ C’est la raison pour laquelle nous surveillons tout cela de très près’’, ajoute cette source ». Il poursuit : « François Hollande aimerait en effet qu’au prochain sommet France-Afrique de janvier 2017 au Mali, on retienne essentiellement au bilan de sa politique afri- caine les opérations Serval et Sangaris, et le sauvetage du processus démocratique au Burkina Faso. Et non pas un nouveau scrutin désastreux au Gabon après les élections contestées de Sassou Nguesso au Congo-Brazzaville et d’Idriss Deby au Tchad au printemps de cette année. » Ceux qui savent lire entre les lignes et décrypter les faits et méfaits des arcanes des relations franco-gabonaises auront compris. Or, le peuple a clairement montré le « 16 Août » ce que sera l’issue de l’élection du 27 août prochain. Car « Vox populi » est « Vox Dei ». Traduction : la voix du peuple, c’est la voix de Dieu.

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