
PAR Désiré Ename
On ne peut dissocier les sept ans qui viennent de s’écouler de l’effondrement des valeurs républicaines. A ce propos, le discours de Didjob Divungi Di Ndinge du 6 décembre 2014 reste d’actualité. Florilèges.
« Comme beaucoup de compatriotes, j’ai désormais, pour ma part, l’intime conviction qu’en cinq ans, Monsieur Ali Bongo Ondimba a déjà ruiné toutes les chances d’une véritable transition. Celle-là même qui aurait dû mettre un terme à un système archaïque et ouvrir la voie à la restauration des valeurs républicaines, à l’avènement d’une véritable démocratie représentative, à l’émergence d’un véritable État de droit, à l’exigence de la bonne gouvernance et à l’organisation d’un modèle structurant de développement économique, adapté aux spécificités de notre pays. (…) » Il poursuivait : « Ali Bongo Ondimba, aussi bien dans l’idée qu’il se fait de sa charge, qu’au niveau de l’exercice de celle-ci, a résolument décidé de prendre le contre-pied du profil, pourtant sommaire… » A savoir que « la charge présidentielle, au niveau d’un État, est perçue par tous et méconnue de tous. Nous devons nous garder d’en réduire les exigences aux apparences. La fonction suprême à la tête de l’Etat est contraignante. Elle exige pour première qualité l’Amour de la patrie. Servie par une volonté ferme, elle postule la vision de réaliser le bien-être au profit de tous. L’exercice du pouvoir suprême impose : humilité, écoute de tous, discernement, tolérance, patience et sagesse ; vertus que seuls le temps et la connaissance intime de son pays et de ses concitoyens permettent d’acquérir. C’est pourquoi les hommes d’Etat sont ce qu’ils sont, si peu semblables aux communs des citoyens. » C’est là une réalité loin de l’idée que Bongo Ondimba Ali a imprimée à l’institution présidence de la République.
Bongo Ondimba Ali a désacralisé et folklorisé l’institution présidentielle ; liquidé l’Etat de droit. A défaut d’être au service du peuple gabonais, il a introduit une gouvernance jouissive et permissive.
Le président Divungi Di Ndinge, qui a passé une longue carrière au sommet, présent dans de nombreux gouvernements et avec au compteur douze années de vice-présidence aux côtés d’Omar Bongo Ondimba (OBO), réputé pour son sérieux et son sens de la sagesse et de la mesure, est incontestablement la personne indiquée pour parler de la décadence de la fonction présidentielle et de la ruine de l’Etat causée par Bongo Ondimba Ali (BOA).
Personne n’a demandé à BOA d’être OBO. Mais il ressort de l’argument de Divungi Di Ndinge les éléments de la pratique de la charge présidentielle vérifiable dans d’autres pays.
Dans aucun Etat on ne peut dissocier cette fonction de la valeur du travail. Elle exige d’ailleurs une charge de travail au-dessus de la normale. En quoi BOA peut-il se targuer d’avoir été un modèle de travail ? En sept ans, il n’a pas réussi à passer un mois entier dans son pays. Courant tantôt après un match de Champions’s League ; tantôt à une compétition de F1, très souvent en villégiature dans des cabarets londoniens. En instituant la journée continue avec une heure de début de travail fixée à 7 h 30, BOA a été le premier à ne pas être capable de le respecter, se rendant à son poste à 10 heures au moins au vu et au su de tout le monde.
Didjob Divungi Di Ndinge qui sait qu’un meneur d’homme doit réunir des qualités essentielles dont : « l’humilité, l’écoute de tous, le discernement, la tolérance, la patience et la sagesse », comme beaucoup d’autres, n’a pas vu ces qualités dans BOA. Bien au contraire, il suffit de regarder le spectacle lamentable de sa campagne pour voir combien il est si aux antipodes des valeurs de respect exigées à ce niveau de responsabilité et qui du reste étaient chères à son prédécesseur.
Le Gabon a besoin de redorer son blason et de retrouver les valeurs de dignité aux fondements de ses cultures et de ses traditions en partage. Qu’on nous dise dans laquelle des traditions gabonaises un vieillard est insulté ; où la femme est atteinte de la façon la plus abjecte dans son intimité et dans sa dignité ; dans laquelle de nos cultures et sociétés qu’elle soit tsogo, punu, nzebi, téké, fang, kota, etc. on détruit ce qui est l’avenir du village, à savoir les jeunes.
C’est là une esquisse du propos de Didjob Divungi Di Ndinge tenu le 6 décembre 2014 qui explique pourquoi Bongo Ondimba Ali doit être extirpé du pouvoir.