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Présidentielle 2016 : BOA veut se prévaloir d’un bilan

Présidentielle 2016 : BOA veut se prévaloir d’un bilan

Du point de vue strictement comptable, BOA a un bilan. Celui- ci n’est pas en équilibre comme l’exige l’ortho- doxie comptable. Le passif de document est des millions de fois supérieur à l’actif. C’est que BOA a tout promis en 2009. Face à ces pro- messes, il y a quasiment rien à mettre dans la case réalisation. Ce ne sont pas les moyens qui ont manqué. BOA a eu plus de ressources bud- gétaires qu’aucun autre chef d’État avant lui au Gabon. Les spécialistes de la finance publique ont évalué à 21000 mil- liards de FCFA les sommes qui sont pas- sées entre les mains de BOA. Sans oublier qu’il faut y ajouter près de 3 000 milliards issus des émissions d’emprunts obligataires non intégrés dans le budget général de l’Etat. Cet argent étant sous la responsabi- lité exclusive du couple Accrombessi-BOA.

Au lieu de justifier devant l’opinion l’usage qu’il en a fait comme le lui a demandé Idriss Ngari devant les dépu- tés, BOA a plutôt choisi de mentir en voulant présenter des faits fictifs en guise d’actifs de son bilan.
En se faisant procla- mer président du Gabon par sa belle-mère, Marie Madeleine Mborantsuo, BOA a pris comme pre- mière décision l’arrêt de l’exportation des bois en grumes. Il avait annoncé des mesures d’accompagnement notamment la mise en place d’un fonds forêt doté de 20 milliards de FCFA pour aider à l’industrialisation du secteur localement.

Aperçu des logements archaïques qui prévaut encore dans la capitale (Montagne sainte Marie)
Aperçu des logements archaïques qui prévaut encore dans la capitale (Montagne sainte Marie)

Ce fonds n’a jamais existé et l’indus- trie locale du bois est restée à ses balbutie- ments. Le résultat négatif de cette stratégie a sinistré l’économie forestière du Gabon. Le secteur était le premier employeur privé du Gabon, il a perdu quasiment la totalité de ses emplois. Près de 10.000 Gabonais se sont ainsi retrouvés du jour au lendemain sur le carreau. Aujourd’hui encore, sep- tans après, ils continuent à broyer du noir sans espoir de voir le bout du tunnel.

Ce désastre social a impacté plusieurs autres secteurs économiques au regard de l’effet de levier que le secteur bois a sur plusieurs autres secteurs d’activités. Un chef d’Etat sérieux, auteur d’une telle bévue, aurait dû avoir l’honnê- teté de le reconnaitre etfaire marche arrière au nom du bien-être de ses concitoyens dont il est garant. BOA n’a rien fait de tel. Les appels suc- cessifs de la Banque mondiale pour un tel infléchissement sont restés vains.
Face à ce chômage de masse qu’il a contribué à créer, BOA veut mystifier son monde en mettant en avant « la réalisation des infrastructures ». Oubliant de met- tre ces chiffres face aux engagements prix. BOA avait promis la construc- tion de 35 000 logements sociaux durant son man- dat. Ce sera moins de 1000 dans tout le Gabon. Soit un taux de réalisa- tion de 2,8%. Pas vrai- ment le type de note dont on peu se glorifier. Ces maisons sont d’ailleurs inachevées, sans aucune commodité et ressem- blent plus à des cages à poules qu’à des habita- tions. BOA avait promis la construction de 1000 km de routes supplémen- taire chaque année. Cela voudrait dire qu’au bout de son mandat, le Gabon devait se trouver doté de 7000 km de routes bitu- mées supplémentaires. Au final, même en lui concédant les projets ini- tiés par Rose Francine Rogombé et Omar Bongo Ondimba, BOA dit dans sa campagne d’affichage avoir réalisé 627 km de route. Un taux de réalisation de 8,8%.

Sur le plan de l’éducation comme l’a indiqué Guy Nzouba Ndama pour justifier sa démission du PDG, BOA avait promis la construction d’un lycée dans chaque arrondissement de Libreville. Un nouveau lycée dans chaque chef- lieu de province. Sept ans après, le taux de réa- lisation est de 0%. Même les quatre mille salles de classes promises à la veille d’un 17 août, n’ont pas été réalisées en totalité. Un initié parle d’un taux de 10% de réalisation. BOA a promis la construction de quatre universités à Ntoum, Port-Gentil, Mouila et Oyem. Rien de tout cela n’a vu le jour. Il a plutôt entrepris de détruire les deux universités qu’il a trouvées en arrivant. Sept ans durant, le campus universitaire Omar Bongo est devenu une caserne de la gendarmerie nationale. Pas vraiment de quoi se glorifier.

les problèmes d'adduction en eau encore criards dans plusieurs quartiers de Libreville
les problèmes d’adduction en eau encore criards dans plusieurs quartiers de Libreville

Au plan de la santé,BOA se targue d’avoir construit quatre hôpitaux de stature internationale. Sauf que ces unités sani- taires ne sont guère dotées d’un personnel qualifié. Un ancien médecin chirurgien de l’hôpital Paul Igamba de Port-Gentil assure que « la construction d’une structure sanitaire est toujours précédée par la formation des spécia- listes qui doivent l’ani- mer. C’est ce qu’ont totalement oublié de faire les pouvoirs publics actuels. Aujourd’hui nous avons des hôpitaux, mais dépourvu d’un personnel qualifié pour les faire fonctionner ». Autant dire là aussi les pro- messes sont quasi- nulles. BOA lui-même victime d’un léger malaise en début de campagne a préféré faire un déplacement express à Paris pour se soigner. Pourquoi ne pas confier sa santé « aux hôpitaux de classe mondiale » qu’il dit avoir doté le Gabon ?
BOA avait promis la construction de 35.000 logements sociaux durant son mandat. Ce sera moins de 1000 dans tout le Gabon. Soit un taux de réalisation de 2,8%. Pas vraiment le type de note dont on peu se glorifier. Ces maisons sont d’ailleurs inache- vées, sans aucune commodité et res- semblent plus à des cages à poules qu’à des habitations.

Par Jean Michel Sylvain

Publié le 18 Aout 2016

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