Au Gabon et particulièrement à Libreville, le suspense est perceptible. La capitale politique ressemble à une ville morte : de nombreux petits commerces sont fermés et les taxis, pour la plupart, sont en arrêt. Les gabonais attendent tous le verdict des urnes qui sera connu ce mardi 30 août. En effet, la paix chère aux gabonais est désormais entre les mains de René Aboghé Ella, président de la Commission nationale électorale autonome et permanente, Cénap, qui avait validé l’acte de naissance querellé du président sortant. Il pourrait se rattraper en ne communiquant que les résultats sortis des urnes. Cependant, la question de l’intégrité de sieur René Aboghé Ella nourrit les discussions dans l’opinion nationale. Va-t-il opter de sacrifier à nouveau les Gabonais contre des espèces sonnantes et trébuchantes ? Ou aura-t-il, cette fois, un sursaut de patriotisme dont il semble être dépourvu ? Seulement ce jour, René Aboghé Ella fera un véritable choix entre la « vie » et la « mort », lui qui entretient continuellement des « rapports incestueux » avec la vérité.
Personne à ce jour ne peut véritablement dire comment le Gabon se portera au lendemain de l’annonce officielle des résultats de ce scrutin crucial pour l’alternance politique dans ce pays. La tension est néanmoins perceptible même si la sérénité reste le maitre mot dans chacun des camps. La nuit du lundi 29 août aura été la plus longue pour les gabonais déterminés à définitivement « libérer la liberté ». Pour l’heure, des félicitations anticipées d’acteurs nationaux comme internationaux en faveur du candidat Jean Ping, accusé à tort ou à raison de s’être autoproclamé nouveau président élu de la République Gabonaise, fusent de partout, à savoir Pierre Maganga Moussavou du Parti Socialiste Démocrate, Augustin Moussavou King du Parti Socialiste Gabonais, Helmut Bonnet, premier responsable du parti socialiste à Noisy-le sec en France, etc. Une marche pacifique des militants et sympathisants du camp Ping qui visait à faire respecter la voix des urnes a été étouffée dimanche dernier par des forces de sécurité et de défense au service du pouvoir émergent. Désormais, le peuple gabonais a les yeux rivés sur la Cénap.
Nedjma leMonde
publié le 30 Aout 2016