Processus électoral truqué: Ces anomalies que la mission d’observation de l’UE refuse de voir

Cécile Kashetu Kyenge chef observateur au centre
Cécile Kashetu Kyenge chef observateur au centre
Le bilan à mi-par- cours dressé il y a quelques jours par la Mission d’observation des élections de l’Union euro- péenne (MOE) a de quoi inquiéter. Il laisse clairement indiquer que ces observa- teurs, malgré les propos rassurants au départ, confirmés par des indiscrétions obte- nues auprès de plusieurs chancelleries européennes au Gabon, sont là dans le seul but de conférer au coup d’Etat électoral en marche, une certaine « légitimité » internationale. BOA (Bongo Ondimba Ali), qui a du mal à se faire entendre dans toutes ces capitales depuis qu’il a instauré une dictature de plomb au Gabon, trouve là, pour l’instant « une caution » à son projet.

Il est étonnant pour des responsables européens de ce niveau- le chef de cette mis- sion, madame Mariya Gabriel est député euro- péenne-, puissent s’adresser à la presse sans aucun moment effleurer le refus de la justice du Gabon de dire le droit en matière de conten- tieux pré-électoral évacué de manière cavalière par la belle-mère de BOA, Marie Madeleine Mborantsuo, au nom des intérêts de la famille et de son portefeuille person- nel. Sans oublier que la prési- dente de la Cour constitution- nelle de la république bana- nière qu’elle s’est employée à mettre en place depuis vingt- un ans, non contente de réécrire les lois en faveur de sa belle-famille, et de violer la loi organique de son insti- tution et la Constitution elle- même, exige désormais à un directeur de publication d’un organe de presse privé, de le retirer de la vente. Usurpant ainsi le rôle constitutionnel dévolu au Conseil national de la communication (CNC). Dans l’exercice de refuser aux Gabonais de choisir son président conformément à la Constitution notamment en son article 10, elle a été imi- tée à merveille par la copine de jeu de BOA, Paulette Ayo Mba, premier président de la Cour d’appel de Libreville. Mieux, Ayo Mba condamnera Luc Bengono Nsi et Jean de Dieu Moukagni Iwangou et Léon Paul Ngoulakia qui ont porté cette contestation salu- taire, à rembourser à BOA ses frais d’avocats. On ne s’en prend pas impunément au beau-fils de Mborantsuo sans en payer l’addition. Il en est de même de l’aveu quasi- freudien du très suffisant René Aboghe Ella, président
de la Cenap. Il a reconnu suite à la requête introduite par le candidat Raymond Ndong Sima, ne pas avoir respecté la loi électoral en n’autorisant pas les représen- tants des candidats indépen- dants à prendre part aux tra- vaux de la plénière de la Cenap ayant validé la liste définitive des candidats. Un tel aveu signifie clairement la nullité de la décision qui a été prise à cette occasion. Mais rien de tel ne s’est produit. Lors de son bilan à mi-par- cours, la mission européenne n’a pas pipé mot sur ces agis- sements qui montrent déjà que le processus est biaisé. Elle est pourtant bien pré- sente au Gabon au moment où ces forfaits contre les dis- positions électorales du Gabon ont été commis.

A cette mise au pas de la justice, la mission euro- péenne, qui était aux pre- mières loges lors du meeting de BOA au stade d’Agondjé, ne pouvait pas manquer de constater l’instrumentalisation de l’armée gabonaise à la seule dévotion de BOA. Elle a été utilisée comme du bétail pour faire le nombre. Vêtus de tee-shirts blancs estampillés « Ali », les éléments de forces de sécurité et de défense ont été acheminés au stade d’Agondjé par camions
La mission d’observation de l’UE sait de quel côté cette armée va se ranger le jour J. Elle aurait gagné en crédibilité auprès de l’opinion gabonaise en mettant déjà le pouvoir en garde sur l’usage abusif et illégal des agents de l’État au profit d’un seul can- didat. Mais ces mots attendus par l’opinion gabonaise ne sont pas venus.
militaires. Tout comme les jours précédents, ils ont été à la manœuvre pour coller les affiches de BOA sur les pan- neaux publicitaires qui ont opportunément refait surface à cette occasion dans la ville de Libreville. La mission d’observation de l’UE sait de quel côté cette armée va se ranger le jour J. Elle aurait gagné en crédibilité auprès de l’opinion gabonaise en mettant déjà le pouvoir en garde sur l’usage abusif et illégal des agents de l’État au profit d’un seul candidat. Mais ces mots attendus par l’opinion gabonaise ne sont pas venus.

Pour finir, et c’est cela le plus surprenant, les observa- teurs ne se sont pas aperçus qu’il est impossible d’obser- ver une élection avec un fichier électoral aussi truqué. Sauf si l’on est venu comme complice d’une opération de fraude généralisée. Le blog maysmoussi.com, qui a ana- lysé ce fichier en le compa- rant notamment aux données du dernier récemment de la population du Gabon de 2013, rendu récemment public par le gouvernement, est arrivé à la conclusion que ce processus va déboucher sur « la contestation électorale ». Pour cause, assure le bloggeur « (…) Les résultats de cet audit sont pour le moins surprenants : 59 loca- lités comptent plus d’élec- teurs inscrits sur la liste élec- torale que d’habitants, 18 ont un ratio d’inscriptions com- pris entre 80 et 100%, 34% des localités ont un nombre d’électeurs inscrits atypiques par rapport à leur population officielle (…) »
Les Gabonais sont avertis. Ils ne doivent rien attendre de cette mission qui au final va constater dès le 29 août 2016 que « le processus s’est déroulé globalement de manière satisfaisante. Les quelques manquements constatés n’étant de nature à remettre en cause la sincérité du scrutin ». Ils doivent se mobiliser eux-mêmes quel qu’en soit le prix à payer pour imposer la démocratie aux imposteurs BOA, Mborantsuo, Aboghe Ella et la dernière à s’inviter sur la liste Ayo Mba. Sans quoi ce sera à nouveau le couple Accrombessi BOA pour vingt ou trente ans, suivi de Malika, Bilal et tous les autres enfants….

Par Arthur Page

Publié le 18 Aout 2016