
Le « docteur en droit » BOA et ses conseils ont-ils bien revu leurs classiques ? Il faut croire que non, à la lumière du brillant exposé, mercredi, de la commission juridique de la coordination nationale de campagne de Jean Ping. Dans le document que cette instance a rendu public en rapport avec le recours déposé par le candidat unique de l’opposition, il est expressément indiqué que « les demandes incidentes, qui peuvent être exprimées à titre additionnel par le demandeur, ou à titre recon- ventionnel par le défendeur, ne peuvent porter que sur l’objet exposé par la requête principale ». Cela voudrait dire que BOA, qui n’a pas déposé de recours, voit le rayon d’action de sa demande reconventionnelle limitée au seul cas de la pro- vince du Haut-Ogooué, objet exclusif de la requête de Jean Ping. Libre à lui de demander toutes les annula- tions qu’il veut, à condition que cela ne porte que sur la province du Haut-Ogooué. Ce qui lui permettra, au vu du score stalinien que la Cenap lui a attribué dans cette province, de pouvoir se tirer lui-même une balle dans le pied.
En conséquence, le plan qui a consisté à vouloir étendre à tout le Gabon la procédure en examen ne pourra pas prospérer. Il devient, dès lors, impossible d’envisager l’annulation du vote à Bitam où à Omboué, les deux places fortes pro-Ping visées par les émergents. Car, comme le souligne Jean de Dieu Moukagni Iwangou, le vice-président de la commission juridique de la campagne de Jean Ping, l’un des signataires du document évoqué plus haut, «la requête qui porte l’action en justice, fixe les limites du procès». A moins de vouloir ajouter un autre acte grossier dans ce dossier déjà très épais, Marie-Madeleine Mborantsuo et l’ensemble des juges n’ont pas d’autre choix que de rejeter les demandes de BOA. Jean Ping ayant « saisi la Cour constitutionnelle, aux fins de procéder au recomptage des résultats de la province du Haut-Ogooué, bureau de vote par bureau de vote… monsieur Ali Bongo Ondimba sait qu’il ne sera admis à débattre devant les juges que de la seule question du recomptage des résultats de la province du Haut-Ogooué, du fait des limites de la saisine de la Cour, circonscrite à la requête de Jean Ping ». Reste que, à l’image de la Cenap, Marie-Madeleine Mborantsuo, qui fait partie des faucons, est sans doute prête à franchir elle aussi le Rubicon. D’autant qu’elle aurait « passé un deal de 30 milliards de FCFA » avec BOA pour valider le scrutin, si l’on en croit les déclara- tions de l’avocat français Robert Bourgi au journal « Moutouki » dans sa livraison de jeudi dernier. Une telle somme ferait sans doute per- dre la tête. C’est assurément un tel pactole qui a fait per- dre la raison à René Aboghe Ella, le président de la Cenap, en ne mettant pas à la disposition des commissaires de la Cenap les prétendus procès-verbaux sou- tenant la sincérité du vote dans la province du Haut- Ogooué. Ce, contrairement aux articles 108 et 113 de la loi 7/96 relative aux élections à caractère politique au Gabon. C’est peut-être aussi la même maladie qui s’est emparée de la dame de la Cour en s’empressant d’« exclure » les observateurs internationaux du processus de recomptage des voix, contrairement à la conven- tion d’observation signée par l’Etat gabonais avec l’Union européenne, qui donnait auxdits observateurs le mandat d’observer tout le processus jusqu’au contentieux.
L’intérêt pour le monde entier pour la décision que s’apprête à rendre Marie- Madeleine Mborantsuo est qu’elle devra être couverte de bout en bout par le sceau de l’illégalité. Comme vient de le démontrer la commission juridique de la campagne de Jean Ping. Ainsi, la communauté internationale n’aura guère de choix. Soit elle cautionne la forfaiture, soit elle la condamne vigoureusement. Les émergents ayant pris le soin à chaque étape de laisser derrière eux les traces de leurs différents forfaits. La Cour va peut- être faire de même en éten- dant la demande reconventionnelle de BOA aux localités non concernées par le recours. Contrairement aux principes de base de droit rappelé mercredi avec force par Jean de Dieu Moukagni Iwangou.
SYA
publié le 16 Septembre 2016