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Editorial: Que la communauté internationale reste constante !

Editorial: Que la communauté internationale reste constante !

Par Désiré Ename

De plus en plus de voix s’élèvent, avec une presse occidentale qui s’y embarque pieds et poings liés, pour demander à Jean Ping de suivre la voie dite légale, en introduisant un recours à la Cour constitutionnelle. Laquelle ?

Pour fait. Hier, mardi 6 septembre, un avion a été affrété à l’initiative des faucons du régime de BOA, dont Marie-Madeleine Mborantsuo, la présidente de la Cour, pour transporter en urgence tous les membres de la Cenap affectés lors du scrutin du 27 août dernier dans la province du Haut-Ogooué. Seuls ces derniers devront être amenés à la Cour constitutionnelle en vue du recomptage des voix en présence des chefs d’Etat africains.

Instant par instant, nous avons révélé au monde les manigances de Marie-Madeleine Mborantsuo, qui ont commencé lors du contentieux pré-électoral, en faisant enregistrer une bande qui a été travaillée « à l’américaine », pour faire passer les candidats de l’opposition pour des « rigolos » aux yeux des Gabonais. C’est elle qui s’organisera avec son factotum René Aboghe Ella, le président de la Cenap, pour empêcher les opposants d’avoir accès au dossier du candidat Bongo Ondimba Ali, comme le dispose la loi en cas de contentieux à ce niveau, en vue de meubler leurs plaintes. Mborantsuo ne s’arrêtera pas là. La manigance des chiffres dans le Haut-Ogooué, c’est encore elle. Elle poussera le bouchon jusqu’à susciter la corruption des vice-présidents de l’opposition par un monsieur Nguia interposé, à raison de 100 millions de FCFA la tête. Par dessus tout, Marie-Madeleine Mborantsuo, qui a vendu son ancienne résidence à l’Etat gabonais pour en faire le siège de la Cour constitutionnelle et pour ensuite se faire construire un flambant neuf dont elle se vante d’avoir guidé l’architecture, s’est également organisée pour bidouiller la loi organique de la Cour constitutionnelle, en lieu et place du législateur, afin de se donner une longévité à nulle autre pareille, lorsque la loi fondamentale continue de parler de deux mandats de sept ans au maximum. Belle-mère de Bongo Ondimba Ali (BOA), après avoir attribué des enfants à Omar Bongo Ondimba, se faisant désormais désigner sous le vocable « juge constitutionnel », l’on se demande quelle impartialité cette dame pourrait avoir.

La communauté internationale veut-elle trouver dans cette parade — déporter l’affaire à la Cour — une astucieuse sortie dans la sanglante affaire du Gabon ? Ce sera trop facile. Car c’est la même communauté internationale, via ses observateurs, qui avait anticipé sur les intentions des faucons du régime, réalisant que ces derniers s’apprêtaient à opérer un passage en force, pour les contraindre à un dépouillement bureau par bureau. Ce recomptage n’a pas été effectué. Mieux, les faucons, sous la houlette de Marie-Madeleine Mborantsuo, se sont arc-boutés sur leur plan et ont fait fi de la posture de la communauté internationale, dont l’Union européenne, les Etats-Unis d’Amérique et l’ONU, en annonçant unilatéralement les résultats en leur possession, après avoir maquillé grossièrement les résultats du Haut-Ogooué. Comment cette communauté internationale pense-t-elle qu’une institution verrouillée, où a circulé de fortes sommes d’argent en vue de museler ses membres, rendrait un verdict objectif ? NON.

Ce non est du peuple qui a porté massivement son choix sur Jean Ping. C’est ce peuple qui ne veut pas que la mascarade électorale, orchestrée par BOA et ses faucons, soit habillée d’une pseudo-légalité. Pas cette fois-ci. Ce n’est plus le fait de Jean Ping. Mais celui d’un peuple qui voit mourir depuis un peu plus d’une semaine, sous les balles des mercenaires sciemment commis à cette besogne, venus du Tchad, du Rwanda, du Burundi, recrutés aux abords des frontières de la Centrafrique, lourdement équipés avec des armes transportées par un Antonov russe. C’est ce peuple qui exige de la communauté internationale de la constance dans ses mots, la constance dans la position ferme qu’elle a adoptée lors de sa conférence de presse du lundi 29 août 2016. Cette communauté internationale a balayé d’un revers de la main la proclamation des élections par le ministre de l’Intérieur.

Cette communauté internationale, de par ses voix les plus autorisées, a clairement dit que Bongo Ondimba Ali devait se plier au strict résultat des urnes. Cette communauté internationale ne peut donc pas se déjuger aujourd’hui. NON ! Jean Ping n’ira pas devant la Cour constitutionnelle. C’est la volonté du peuple. Et il en sera ainsi.

publié le 8 Septembre 2016

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